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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

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Facebook, Twitter : l'arme à double tranchant des réseaux sociaux pour les politiques




À cinq mois des élections municipales, le ton politique semble s’être durci : invectives, insultes, propos sexistes ou racistes se multiplient et se diffusent à la fulgurante vitesse des réseaux sociaux. Un phénomène qui touche les hommes et femmes politiques de tous bords, à droite comme à gauche.

Depuis sa défaite à l’élection présidentielle l’an passé, Nicolas Sarkozy ne communique plus officiellement que par l’intermédiaire de sa page Facebook, suivie hier par 869 650 «fans». De leur côté, les parlementaires bravent de plus en plus le huis clos de rigueur lors des réunions des commissions pour divulguer et commenter sur Twitter les discussions qui s’y déroulent, pourtant réputées confidentielles. Et pas un candidat aux prochaines élections municipales - y compris hors des grands centres urbains - n’imagine mener sa campagne électorale en faisant l’impasse sur les réseaux sociaux.

«Un nouvel espace politique»

Depuis la dernière élection présidentielle, c’est bel et bien toute la classe politique qui s’est prise de passion pour cette communication numérique à grande vitesse. Mais tous n’utilisent pas les réseaux de la même façon. Entre les stratégies mûrement réfléchies par les «spin doctors» dans le secret de cabinets de communication feutrés et les messages impulsifs lâchés en solitaire après un dîner arrosé - ou non - Facebook et Twitter sont une arme à double tranchant pour les politiques

Dans leur livre «Twittus Politicus» paru en janvier aux éditions Fetjaime, Antoine Dubuquoy et Nico Prat ont décrypté l’usage que font les élus de Twitter, le réseau de microblogging où l’on s’exprime par des messages (des «tweets») de moins de 140 signes. «Par son instantanéité, ce nouveau média devance les télévisions et agences de presse, qui sont désormais, pour le meilleur ou pour le pire, obligées de courir derrière l’info. Mais c’est aussi un espace politique différent, où l’humour prend sa place et où la langue de bois n’est pas de mise», expliquent les deux auteurs.

C’est bien cette relation directe, de l’élu à l’internaute-électeur, qui séduit les politiques. Ils abordent toutefois très différemment Twitter. Certains hommes politiques confient ainsi la gestion de leur compte à leur équipe et ne publient guère plus que leur agenda ou des extraits de discours. D’autres ont ouvert un compte… pour ne plus s’en servir comme le maire d’une grande ville, qui n’a posté qu’un tweet depuis le 4 février.

Les plus intéressants sont ceux des hommes et femmes politiques qui font un usage personnel de Twitter. Nathalie Kosciusko-Morizet ou Anne Hidalgo, les deux prétendantes à la mairie de Paris ; le maire de Bordeaux Alain Juppé ; François Fillon qui s’y est vraiment mis depuis la guerre pour la présidence de l’UMP ; le député UMP de Haute-Savoie Lionel Tardy ou celui PS de Haute-Garonne Christophe Borgel ont tous bien compris l’intérêt de Twitter pour commenter l’actualité, expliquer leur action politique.

Loin des discours formatés, ils donnent à voir une partie de leur personnalité, pour ne pas dire de leur vie personnelle. Éric Besson - qui a quitté Twitter - s’était emmêlé les pinceaux en croyant écrire un texto à sa compagne «Quand je rentre je me couche. Trop épuisé. Avec toi ?» Le tweet a été la risée des internautes, qui ont d’ailleurs leurs stars.

Nadine Morano, star de Twitter

Comme Frédéric Lefebvre et ses bourdes ou encore Nadine Morano. L’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy à la parole très libre n’hésite pas, en effet, à aller au clash avec humoristes, politiques ou journalistes pour le plus grand bonheur de ses «followers» (ses abonnés). Mais sur Twitter, l’humour potache et l’invective facile qui échauffe les esprits laissent parfois place à des messages sérieux aux conséquences considérables. Pour preuve le désormais célèbre tweet de Valérie Trierweiler en pleine campagne pour les législatives l’an dernier : «Courage à Olivier Falorni qui n’a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d’années dans un engagement désintéressé.» Ce message de la compagne du chef de l’État a-t-il contribué à la défaite de Ségolène Royal parachutée à La Rochelle ? Pas si sûr car Twitter, observent les auteurs de «Twittus Politicus», est avant tout un outil pour mobiliser plutôt que pour faire changer d’opinion les électeurs.

Mais un outil qui, désormais incontournable, fait pleinement partie du paysage politique.



Quand les politiques dérapent

Elle fait le bonheur des éditorialistes, des matinales des radios, des grands-messes du 20 heures, des colonnes des quotidiens ou des rubriques des sites web : la petite phrase politique est au débat politique - très (trop ?) sérieux et technique - ce que la cerise est au gâteau. Elle peut être savoureuse, piquante et amusante. En ce moment elle est amère et parfois bien rance. A cinq mois des élections municipales puis européennes dont les campagnes s’annoncent tendues, les petites phrases sont devenues des propos sexistes, des invectives sans fin, des insultes gratuites qui se multiplient d’autant plus facilement qu’elles sont désormais relayées à la vitesse de l’éclair par leurs auteurs eux-mêmes sur internet. Comme si chez certains édiles, oubliant la responsabilité que leur confère leur mandat, la parole s’était libérée : dire tout haut et tout cru ce qui se dit au comptoir du café du commerce.

Les propos racistes contre la garde des Sceaux Christiane Taubira (lire ci-dessous) constituent à cet égard l’apogée des dérapages de ces dernières semaines. Par exemple, s’exprimant sur la parité en politique, Bernard Ronsin, élu divers droite du conseil général de l’Aisne, évoque les femmes politiques qui lui «pourrissent la vie» : «On va forcer les femmes à faire de la politique alors qu’elles n’en ont pas forcément envie. [...] Elles seraient mieux avec des casseroles à faire de la confiture». Le 8 octobre, c’est au sein même de l’hémicycle de l’Assemblée nationale que le député du UMP Morbihan, Philippe Le Ray, n’a rien trouvé de plus intelligent à faire que d’imiter les cris d’une poule au moment où sa collègue écologiste, Véronique Massonneau, prenait la parole. Le député, qui sortait visiblement d’un repas bien arrosé, a été sanctionné à l’unanimité de la conférence des présidents de l’Assemblée et sera privé d’un quart de son indemnité parlementaire. Quatre jours plus tard, après le drame de Lampedusa où le naufrage d’un bateau d’immigrés a fait des centaines de morts, le président UMP de la commission des finances du Sénat, Philippe Marini a cru bon d’écrire sur son compte Twitter le 12 octobre : «L’afflux des réfugiés africains à Lampedusa et bientôt chez nous me fait regretter la disparition du régime Kadhafi en Libye !»

Humour potache et idées brunes

Et que dire du terme de «salope» lancé à la députée Marion Marechal-Le Pen par l’assistant parlementaire du sénateur socialiste Jean-Pierre Michel, sinon que le même mot avait été employé par le pourtant très distingué ancien ministre UMP Patrick Devedjian à l’égard d’Anne-Marie Comparini… en 2007, déjà.
Entre l’humour potache revendiqué sur internet ou dans les émissions télé satiriques, par ceux des élus prêts à «mourir pour un bon mot» comme disait Sacha Guitry ; et ceux qui crachent leurs idées brunes nauséabondes, c’est tout le débat démocratique qui s’en trouve abaissé. Et qu’il appartient en conscience à chaque citoyen, désormais, de relever.


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