Accéder au contenu principal

Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Etude : l’insouciance numérique met les entreprises en danger selon Dashlane

L’étude Dashlane a été conduite en septembre 2015 via un questionnaire en ligne auprès de 3000 employés utilisant un ordinateur quotidiennement dans leur travail aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en France. Le sondage a été mené par Opinion Matters. Le rapport complet est disponible via ce lien : http://bit.ly/1GqDMdy

Les mots de passe occupent une place centrale dans notre vie numérique et notre vie professionnelle. Dans le travail, ils sont utilisés quotidiennement pour accéder non seulement à l’ordinateur mais aussi à des quantités d’outils en ligne spécifiques à chaque profession. Alors que les entreprises rivalisent pour s’équiper en outils de sécurité à la pointe de la technologie, la question de la gestion des mots de passe au travail semble toujours être un tabou. C’est d’autant plus inquiétant qu’une grande partie des récents piratages ayant défrayé la chronique sont partis d’un vol de mot de passe…

Dashlane, spécialiste de la gestion des mots de passe et de l’identité en ligne pour les particuliers et les entreprises, a donc souhaité brosser un panorama de la manière dont les mots de passe sont gérés dans les entreprises. 3 000 employés en France, au Royaume Uni et aux Etats-Unis ont été interrogés. Voici une présentation des principaux résultats :

Le laxisme concernant les politiques de gestion des mots de passe
55% des employés français interrogés n’ont pas connaissance de l’existence d’une politique de partage de mots de passe, 41% étant sûr qu’une telle politique n’existe pas au sein de leur entreprise. La conséquence logique est que 69% reconnaissent qu’ils pourraient, s’ils le souhaitaient, accéder aux outils en ligne de leur précédent employeur. On imagine aisément les conséquences pour l’entreprise si un ancien employé mécontent décide de nuire à son ancien employeur via ces accès. Et cela n’est pas une idée farfelue. Dans les piratages médiatiques de Sony Pictures et de la société de sécurité Hacking team, d’anciens employés sont suspectés d’avoir participés à ces attaques.
Par ailleurs, 58% des répondants considèrent que la gestion des mots de passe telle qu’elle est pratiquée actuellement réduit leur productivité.

Partage des mots de passe, le grand bazar
Avec l’essor du travail collaboratif au sein des entreprises, le partage des mots de passe se généralise : 78% des employés français interrogés reconnaissent avoir déjà partagé un mot de passe avec un collègue. Bien qu’il soit préférable d’avoir des identifiants uniques pour chacun, parfois ça n’est pas possible. Là où le bât blesse, c’est la façon dont, en l’absence de politique de partage des mots de passe, les employés s’organisent. Si 55% font confiance à leur mémoire, 30% les note sur un bout de papier, 22% les enregistre dans un fichier informatique. L’utilisation d’un gestionnaire de mots de passe arrive en 4ème position avec 19%. 7% reconnaissent se les envoyer par email, chat ou SMS. Pire presque 6% déclarent utiliser le même mot de passe partout.
Dashlane rappelle que si l’on doit partager un mot de passe, il faut le faire de manière sécurisée, c’est-à-dire de s’assurer que seules les personnes autorisées y auront accès. Le partage via du papier, un fichier informatique non sécurisé ou par email/SMS/chat est donc à proscrire. On se souvient du post-it de TV5 monde visible à la télévision et indiquant le mot de passe du compte Youtube de la chaîne.

Génération Y : le péril jeune
Autre tendance relevée par cette étude, la génération Y fait preuve d’insouciance. Les moins de 34 ans sont 84% à partager des mots de passe et mais un tiers déclare le faire via un bout de papier ou un post-it alors que cela ne concerne que 23% des 45-54ans et 16% des plus de 55 ans. Même constat en ce qui concerne l’utilisation d’un seul et même mot de passe pour tout. 8% des moins de 34 ans reconnaissent avoir cette pratique à risque alors que ce chiffre tombe à 3% pour les 35-44ans.
Les entreprises devraient prendre en compte ce clivage générationnel et mettre en place des outils pour sensibiliser les employés de la génération Y, ultra connectés et insouciants, vis-à-vis des comportements à risques.

La France championne du partage de mots de passe au travail
Parmi les trois pays sur lesquels l’étude porte (USA-UK-France), les employés français partagent bien plus les mots de passe au travail. Ils sont 78% alors que leurs collègues américains ne sont que 53% et les britanniques 52%. Conséquence logique, les entreprises françaises sont plus avancées sur la mise en place de politique de partage de mots de passe puisque 45% des personnes interrogées en France indiquent que leur employeur en a une, contre respectivement 36% et 39% des personnes interrogées au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, même si ces chiffres restent alarmants.
Moins glorieusement, la France partage avec les Etats-Unis le leadership sur les méthodes peu sécurisées de partage des mots de passe. 31% des français et 30% des américains partagent des mots de passe sur papier alors que cela concerne moins de 20% des anglais.
La France figure également dernière de ce classement des politiques de sécurité des mots de passe de leurs employés. Alors que 69% des employés français reconnaissent qu’ils pourraient, s’ils le souhaitaient, accéder aux outils en ligne de leur précédent employeur, ils ne sont que 44% à le penser au Royaume-Uni et 42% aux USA.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl