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Données personnelles : rien à cacher, mais beaucoup à perdre

Nos données personnelles sont partout sur internet, et peuvent être utilisées à très mauvais escient. Дмитрий Хрусталев-Григорьев , Unsplash , CC BY Par  Antoine Boutet , INSA Lyon – Université de Lyon Nos données personnelles circulent sur Internet : nom, adresses, coordonnées bancaires ou de sécurité sociale, localisation en temps réel… et les affaires qui y sont liées se font une place pérenne dans le débat public, du scandale Facebook-Cambridge Analytica au vol de données à la Croix-Rouge , en passant par les récents blocages d’hôpitaux par des rançongiciels (ou ransomware ) et l’ interdiction de l’application TikTok pour les fonctionnaires de plusieurs pays . Mais si l’on sait de plus en plus que nos données personnelles sont « précieuses » et offrent des possibilités sans précédent en matière de commercialisation et d’innovation, il est parfois difficile de saisir ou d’expliquer pourquoi il faudrait les protéger. Quels sont les risques

Internet et réseaux sociaux : que deviennent vos comptes à votre mort



Plus de 31 millions d'utilisateurs inscrits sur Facebook en France, 24 millions sur YouTube, 12,8 millions sur Twitter, 10 millions sur Instagram ou Snapchat… et autant de données personnelles qui, au fil des jours, construisent notre vie numérique. Mais que se passe-t-il à notre mort ? Que deviennent nos profils et nos données ? Y a-t-il une mort numérique ou une éternité virtuelle ?

Réflexion de la Cnil dès 2014 sur l'identité post-mortem

À l'heure où les Français rendent hommage à leurs morts – physiquement – dans les cimetières, la question de la mort numérique, encore taboue, est en passe de trouver des solutions après plusieurs années de réflexion. En 2014, la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), «soucieuse d'assurer une protection effective de l'identité individuelle», s'était saisie du sujet. «Le développement de nouveaux modes d'exposition de soi en ligne a conduit à faire vivre son identité après la mort de multiples façons», indiquait la Cnil, donnant plusieurs exemples comme la création d'un avatar qui dialoguera avec les vivants, le dépôt de fleurs ou bougies virtuelles par les héritiers ou les proches dans des cimetières 2.0, etc.

«Comment concilier le droit à l'oubli numérique et les possibilités d'atteindre l'éternité numérique offertes par la vie en ligne ?», s'interrogeait la Cnil. «D'ici quelques années, une majorité des personnes décédées se sera dotée d'une identité numérique post-mortem.»

Et il est vrai que les problèmes de gestion de ces identités ne manquent pas : tel parent qui reçoit sur Facebook une invitation à un événement de son fils décédé ; tel employé qui découvre sur le réseau professionnel LinkedIn une mise en relation d'un collègue pourtant récemment disparu.

Pour faire face à ces problèmes, les réseaux sociaux se sont résolus à proposer des solutions. Ainsi depuis 2015, Facebook offre la possibilité à des proches de transformer le compte d'une personne décédée en un «compte de commémoration». L'expression «En souvenir de» est alors affichée à côté du nom de la personne sur son profil et plus aucun message ne peut être posté en son nom.



Facebook est le plus en avance sur le sujet car il pourrait y avoir plus d'utilisateurs décédés sur ce réseau social en 2065 que d'inscrits vivants !

Les autres réseaux sociaux ont également mis en place des procédures pour permettre aux représentants légaux de défunts de fermer les comptes de ces derniers. Ces procédures sont souvent complexes et longues (de six mois pour Twitter à neuf mois pour Google).

La loi introduit le tiers de confiance

C'est pour réduire ces délais et simplifier les procédures que la récente loi République numérique d'Axelle Lemaire, promulguée le 8 octobre dernier, a introduit un article sur la mort numérique. «Comme pour un testament, une personne aura le droit de faire respecter sa volonté sur le devenir de ses informations personnelles publiées en ligne après son décès, auprès des fournisseurs de service en ligne ou d'un tiers de confiance.»

Des dispositions qui entreront en vigueur au printemps ; le décret organisant notamment le répertoire des directives devant être publié pour mars 2017. Le temps pour les opérateurs de s'organiser.

Toutefois certains d'entre eux ont pris les devants comme Newmanity, un service de messagerie éco-responsable. «Comme on pourrait aborder avec ses proches sa position sur le don d'organes, ses volontés pour l'enterrement, on doit pouvoir évoquer ce que l'on veut faire de nos données sur le web» explique Stéphane Petibon, fondateur et directeur général de Newmanity, qui permet de désigner un légataire, lequel sera chargé de gérer nos comptes à notre mort.

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