Accéder au contenu principal

Deepfake, décryptage d’une arnaque

Par Thomas Mannierre, Directeur EMEA Sud de BeyondTrust L’IA a fait entrer les braquages dans une nouvelle dimension. Plus besoin d’une cagoule noire désormais. En améliorant les attaques d'ingénierie sociale modernes, l’IA a donné naissance à un autre type de menaces : les deepfakes. Bienvenue dans ce qui pourrait être un épisode de Black Mirror ! Le faux CFO de Hong Kong En début d’année, une entreprise à Hong Kong s’est vue escroquée de 25,6 millions de dollars par un hacker utilisant l’IA et la technologie deepfake pour usurper l’identité d’un directeur financier. Si l'on en croit les rapports d’enquête, l'attaque a simulé un environnement de vidéoconférence complet et utilisé une fausse identité d'un important directeur financier de Hong Kong et d'autres participants à la réunion. La victime ciblée du département financier s'est d'abord méfiée d'un e-mail de phishing prétendant provenir du directeur financier. Cependant, la victime a rejoint une con

Smart city : les nouveaux défis de la sécurité des villes intelligentes

Barcelone
Barcelone, pionnière dans les technologies de ville intelligente


Par JF Tesseraud / RSSI / Directeur Technique de Systemis

On lit et fantasme beaucoup sur le concept de la Smart city. Les représentations de ces villes dans l'imaginaire collectif sont en partie largement influencées par le cinéma (des Temps modernes à Minority Report). Pour autant, qu'en est-il dans la réalité ?

La Smart City ou ville intelligente consiste globalement en l'optimisation des coûts, de l'organisation, du bien-être des habitants à travers l'utilisation des nouvelles technologies.

En filigrane de ce concept, ce qui va permettre d'inventer la Smart City, ce sont les connexions entre ces réseaux, le croisement et l'exploitation des données (big data).

Prenons l'exemple des déménagements.  En France, 10% de la population déménage chaque année. Soit 3 millions de déménagements par an.
Pour une famille avec 2 enfants scolarisés, un déménagement c'est des dizaines de services différents à contacter pour effectuer les inscriptions, les désinscriptions et les changements d'adresse.
La réalité d'aujourd'hui :  des démarches répétitives et des accès multiples

La smart city de demain : un portail et une authentification uniques et sûres mais aussi un partage de données entre les différents services

Dans notre ville « numérique », ce jeune couple ne perdra pas de temps en démarches, déplacements, files d'attente.
Il ira directement se connecter au portail de la ville pour s'y informer et y effectuer en ligne toutes les démarches nécessaires à son intégration et celles des enfants : il pourra ainsi les inscrire à l'école, contracter ou résilier leurs anciens abonnements, effectuer ses démarches de changement d'adresse pour la carte grise, la Caisse d'Allocation Familiale, la Sécurité Sociale, ou l'accès à l'énergie.

Dans cette toute nouvelle ville numérique, ces inscriptions, réservations, annulations, changements d'adresse, prennent en moyenne une vingtaine de minutes.

Toutes les données privées seront stockées dans un espace personnel dont le propriétaire est l'utilisateur. Il pourra les contrôler, les modifier ou les supprimer le cas échéant. Ces données seront ensuite partagées par les différents services privé ou public. Cela s'appelle l'open data. La diversité des sources, des données, leur volumétrie, les nombreux acteurs, nécessite un pilotage mené par la ville.

Enfin, les réelles conditions de succès résident dans l'interopérabilité des données, à savoir l'accès et le partage de toutes les données via des formats standards (dont les APIs). L'enjeu consiste à rendre les données disponibles dans un format lisible et exploitable par les acteurs.

Il va de soi que l'accès aux informations de cet espace devra être hautement sécurisé par un identifiant unique (nous en possédons tous un !) et un mécanisme d'authentification fort mais simple d'utilisation et une surveillance stricte permettant au propriétaire de savoir qui accède à ces données.

Mais cela ne s'arrête pas là. La ville numérique, c'est aussi un portail personnalisable par l'utilisateur donnant l'accès à l'ensemble des services souhaités quelque soit son terminal.

Un élément fédérateur : l'identifiant unique

Pour créer cet espace numérique personnalisé, l'élément fédérateur est l'identifiant unique. Ce dernier doit permettre d'identifier et d'authentifier la personne qui se connecte, de signer de façon sûre et non répudiable les inscriptions ou tout autres documents administratifs imposant la signature de son dépositaire.  Cet identifiant avec ces composantes sécuritaires existent, il s'agit de la carte d'identité numérique contenant des éléments biométriques.
Plusieurs pays comme la Belgique, le Luxembourg ou l'Estonie ont déjà mis en œuvre ces mécanismes et l'utilisent pour accéder à de nombreux services en ligne.

Par exemple l'administration estonienne propose à ses citoyens une identité numérique unique pour toutes leurs démarches, exceptés le mariage, le divorce ou les prêts bancaires. Cette identité permet de s'authentifier sur les différents services, de signer des documents administratifs et des contrats ; d'accéder à des données personnelles comme celles de la santé ou de la justice. Afin d'assurer la protection des données de ses habitants, l'Estonie a mis en place un dispositif juridique garantissant la protection des données personnelles, leur accès et leur durée de rétention.
Mais pour que cet élément soit fédérateur, il est nécessaire que l'ensemble des services en ligne puisse partager,  en toute sécurité, ces mécanismes et les données nominatives nécessaires.

Une passerelle personnalisable pour accéder aux services souhaités 

La ville numérique, c'est un ensemble de services publics et privés indépendants les uns des autres, utilisant des mécanismes d'authentification spécifique, ayant leur propre cycle d'évolution. Si cette indépendance est nécessaire et indispensable pour la protection de la vie privée et pour la sécurité de l'ensemble (une faille sur un système n'a pas de conséquence sur le système voisin), elle génère une complexité pour créer cet espace personnalisable et fonctionnellement unifié.
Puisque nous ne pouvons pas créer un système d'information uniforme, il faut mettre un élément permettant de créer cette homogénéité. C'est le rôle du portail captif.
Ses fonctions doivent être multiples. Tout d'abord, il assure les mécanismes d'authentification de l'utilisateur pour accéder aux services de la « smart city ». Il doit proposer au travers d'une bibliothèque la liste des services disponibles et compatibles avec le portail, liste dans laquelle l'utilisateur choisira ses services utiles. Il permet d'accéder aux données nominatives et privées. Pour finir, il assure une redirection vers les différents services voulus en transférant également et de façon transparente les mécanismes d'identification et d'authentification (single sign On).
Pour que cela fonctionne, il faut rendre les services compatibles, c'est l'objet de la bibliothèque d'application. Si un acteur public ou privé veut bénéficier de ce portail, elle doit proposer un service compatible avec son fonctionnement. C'est le principe de toutes les « apps store »

La « smart city » n'est pas un système d'information centralisé mais un moyen d'accès à de multiples systèmes d'information.

En résumé, la ville numérique n'est pas un système centralisé regroupant un certain nombre de services mais un ensemble de services indépendant les uns des autres fédérés autour d'un portail unique et personnalisable par l'utilisateur, garantissant l'identité de l'utilisateur et permettant d'accéder aux différents services quel que soit le moyen de connexion utilisé.

Rêve ou réalité ?

Les différentes solutions décrites ne sont pas le fruit d'une imagination débordante. Elles existent et sont opérationnelles.

Systemis développe et intègre des solutions pour mettre en place ces modèles qui permettent l'intégration des services de voix, données et images, adaptables aux besoins des utilisateurs, sécurisés (protection des données, solution d'authentification forte, protection des communications, portail adaptatif…).

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Des conseils d'administration inquiets et mal préparés face à la menace cyber

Alors que les Assises de la Sécurité ouvrent leurs portes ce mercredi 11 octobre, pour trois jours de réflexion sur l’état de la cybersécurité en France, la société de cybersécurité Proofpoint f ait le point sur le niveau de préparation des organisations face à l’avancée de la menace.  Cette année encore, les résultats montrent que la menace cyber reste omniprésente en France et de plus en plus sophistiquée. Si les organisations en ont bien conscience,  augmentant leur budget et leurs compétences en interne pour y faire face, la grande majorité d’entre elles ne se sont pour autant, pas suffisamment préparées pour l’affronter réellement, estime Proofpoint. En France, 80 % des membres de conseils d’administration interrogés estiment que leur organisation court un risque de cyberattaque d’envergure, contre 78 % en 2022 – 36 % d’entre eux jugent même ce risque très probable. Et si 92 % d’entre eux pensent que leur budget lié à la cybersécurité augmentera au cours des 12 prochains mois, ces

L’Europe veut s’armer contre la cybercriminalité avec le Cyber Resilience Act

  Par  Patricia Mouy , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et Sébastien Bardin , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Assez des cyberattaques  ? La loi sur la cyberrésilience, ou Cyber Resilience Act a été adoptée par les députés européens le 12 mars dernier et arrive en application dans les mois à venir, avec l’ambition de changer la donne en termes de sécurité des systèmes numériques en Europe. Alors que les systèmes numériques sont littéralement au cœur des sociétés modernes, leurs potentielles faiblesses face aux attaques informatiques deviennent des sources de risques majeurs – vol de données privées, espionnage entre états ou encore guerre économique. Citons par exemple le cas de Mirai , attaque à grande échelle en 2016, utilisant le détournement de dispositifs grand public comme des caméras connectées pour surcharger des domaines Internet d’entreprise, attaque de type DDoS (déni de service distribué)