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L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Vahé Torossian, président de Microsoft France : Le numérique, une chance pour la France



Corporate vice-president chargé des Segments PME et des Partenaires à l’échelle mondiale jusqu’en juillet 2016, Vahé Torossian, a pris depuis cette date la présidence de Microsoft France. Le PDG du géant de Seattle était hier à Toulouse pour rencontrer ses équipes installées dans la Ville rose depuis 25 ans. Interview exclusive réalisée pour La Dépêche.

Quel est le sens de votre visite?
Vahé Torossian : Depuis mon arrivée, je rencontre l’ensemble de notre écosystème, qu’il s’agisse des équipes Microsoft, de partenaires ou de clients, à Paris et sur tout le territoire pour mieux comprendre les enjeux, les problématiques, ce qui est spécifique. J’ai vécu en Asie et aux Etats-Unis, cela me permet de voir les tendances du marché dont on sait qu’elles vont arriver rapidement en France et voir ce que signifie la transformation numérique.

Y a-t-il des spécificités en Occitanie ?
Il y a quatre grands domaines de prédilection. Le premier, c’est en quoi la transformation numérique permet d’améliorer la collaboration entre les employés. Comment la transformation numérique permet d’accélérer mon innovation (mes produits, mes services, mes business models). En quoi la transformation permet de revoir les processus métiers. Enfin, en quoi on améliore la relation clients ou l’expérience des citoyens.

Le 15 juin, Microsoft sort une nouvelle tablette Surface, un ordinateur portable. On ne vous attendait pas fabricant de matériel. C’est nouveau?
Il y a quelques années, on a voulu apporter au PC une forme d’innovation autour du design, de l’expérience utilisateur. On s’est dit qu’on pouvait remettre de l’innovation et aider, au travers de notre ligne Surface, l’ensemble de l’écosystème Windows et nos partenaires. Nous avons lancé le 2 en 1 Surface Pro et Surface Studio avec un grand écran innovant, ce qui nous rapproche des designers industriels, des créateurs, de la presse. Surface Studio a été très bien accueillie à l’étranger et arrive bientôt en France.





Maîtriser le logiciel et le matériel... comme Apple ?
Pas tout à fait. On a une stratégie historique partenariale avec les fabricants de PC. On veut favoriser l’innovation pour le matériel mais on reste complémentaire avec eux.

Dans votre écosystème numérique, il manque finalement la brique smartphone sur laquelle Microsoft a connu un échec. Est-ce un handicap?
C’est une question intéressante ! Microsoft est une société de plateforme et d’applicatif avant tout. Et quand on regarde le nombre d’utilisateurs sur iOS-iPhone ou Android, c’est un marché pour Office ou les applications Microsoft. Depuis l’arrivée de Satya Nadella, il y a eu une ouverture de nos applications sur toutes les plateformes et un investissement dans le cloud qui est l’un des fers de lance de Microsoft.

Amazon Echo, Google Home, Apple HomePod présenté lundi : Microsoft a-t-il aussi en projet une enceinte avec assistant intelligent obéissant à voix ?
L’année 2017 de Microsoft, dans le monde et en France, sera celle où le cloud et l’intelligence artificielle seront au cœur de notre stratégie. Premièrement, nous disposons déjà d’un assistant personnel avec Cortana. Cortana, c’est 144 millions d’utilisateurs sous Windows 10 ; c’est un assistant qui va continuer à évoluer et qui va s’intégrer de plus en plus dans des applications comme Outlook. La seconde partie, c’est l’intégration de Skype translator dans votre environnement de travail Office. Vous pourrez par exemple avoir une vidéoconversation avec un Chinois tout en parlant français et avoir une traduction immédiate. Il est possible dès aujourd’hui d’avoir des conversations avancées en neuf langues. Ensuite, il y a une partie services : reconnaissance vocale et reconnaissance faciale que l’on met à disposition de start-ups et de développeurs. Par exemple aux Etats-Unis, nous avons travaillé avec Uber pour créer une application permettant aux chauffeurs de s’identifier par reconnaissance faciale. Enfin le 4e axe est la démocratisation de l’intelligence artificielle pour le plus grand nombre.

Microsoft est très en avance avec HoloLens, un casque de réalité mixte très prometteur.
C’est l’alliance entre ce que permettent le big data et les algorithmes d’intelligence artificielle. Par exemple, avec HoloLens, on peut imaginer qu’un médecin puisse mieux identifier des tumeurs ; qu’un chirurgien ait une assistance lors d’une opération. Le processus est maintenant très avancé et nous sommes très proches des premières expérimentations dans le domaine de la santé. Mais c’est principalement dans les domaines industriels et de la formation qu’HoloLens prend tout son sens. Nous visons en priorité les professionnels. Nous aurons des opportunités d’aller vers le grand public dans un second temps.



Microsoft est connu pour Windows, sa suite Office. Mais vous avez aussi enrichi votre offre avec une refonde récente de Skype, vous avez lancé Teams un concurrent de Slack, etc. Vous rattrapez votre retard ?
On n'a jamais été en retard et plutôt en avance sur la partie collaborative, mais il est vrai qu'il y a un enrichissement de notre suite Office pour s’inscrire dans les modes d'utilisations les plus modernes. Teams est une application qui facilite le travail en équipe et permet d'avoir une interaction instantanée sans transiger sur la sécurité. Nous favorisons les nouveaux modes de travail collaboratifs recherchés par les jeunes générations dans le cadre de leurs études, dans un contexte privilégié et protégé sans brider la créativité.

Vos logiciels sont beaucoup utilisés en entreprise mais aussi dans l'Education nationale. En 2015, vous avez signé une convention avec le ministère de l'Education nationale qui est critiquée. Des associations, des professeurs estiment que le ministère aurait dû privilégier des logiciels libres plutôt que des logiciels propriétaires. Que répondez-vous à ces critiques ?
Les marchés sont ouverts, libres, tout le monde a le droit de répondre à ces appels d'offres. Au final, on achète Microsoft parce que notre offre répond aux besoins d'une population donnée. Aujourd'hui, quand vous êtes sur le marché de l'emploi, sur un CV, on sait très bien qu'une personne qui maîtrise la suite Office, qui a une certification, a plus de chances de trouver un emploi que quelqu'un qui n'a pas cela. Il n'y a aucun autre but que de répondre à une demande et proposer les meilleurs outils.

Un autre point de critique concerne le contrat open bar que vous aviez avec le ministère de la Défense et qui est arrivé à échéance le 25 mai dernier. Certains estiment qu'au nom de la souveraineté numérique de la France, on ne devrait pas contractualiser avec une entreprise américaine et préférer des logiciels libres. Que répondez-vous à ces critiques ?
Nous répondons à un cahier des charges. Je n’ai pas d’autres commentaires à faire sur ce sujet.

Là où Microsoft est moins critiquée que les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) c'est sur l'optimisation fiscale ou encre la protection des données personnelles.
C’est justement parce que nous avons toujours défendu un positionnement clair en matière de transparence, de sécurité et de protection des données que nous avons annoncé des data centers en France. Nous n’accédons aux données de nos clients que pour délivrer le service attendu par eux. D'autres veulent monétiser les données, ce n'est pas notre cas. Nous avons toujours été clairs sur ce point. D'ailleurs, nous défendons ce point de vue, y compris quand des gouvernements nous demandent d’accéder à des données, et jusque devant la Cour suprême des Etats-Unis. Il n'y a aucune ambiguïté et c'est un élément fort. Cela fait la différence en notre faveur.

Emmanuel Macron a lancé un appel aux start-up américaines pour venir s’installer en France. Qu’en pensez-vous ?
Je trouve qu’il y a vraiment un terreau de créativité en France. Il y a un changement très profond qui est arrivé ces dernières années, avec des jeunes qui sortent d’école d’ingénieurs, de l’université et qui ont plus de projets de création d’entreprise que dans le passé. Les ingénieurs et les start-ups françaises ont pignon sur rue sur la côte ouest des Etats-Unis. Il y a des initiatives à Paris, mais aussi dans votre région, où nous accompagnons 20 start-ups au sein d’IoT Valley. Nous avons mis en orbite 3 500 start-ups en France ces sept dernières années. Une nouvelle dynamique est en train de se créer en France : il faut valoriser nos acquis réels, mais parfois méconnus, pour en profiter pleinement.


Propos recueillis par Philippe Rioux

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