Accéder au contenu principal

Sommes-nous prêts à confier nos décisions d’achat à une IA ?

Par  Patricia Rossi , SKEMA Business School et Mariyani Ahmad Husairi , Neoma Business School Beaucoup de ce que nous faisons semble porter la marque de l’ intelligence artificielle (IA) et des algorithmes . Ils sont censés nous faciliter la vie en prenant en charge certaines tâches . Jusqu’à bientôt nous aider à choisir au moment d’effectuer des achats  ? Le processus de décision peut s’avérer complexe : prendre conscience d’un besoin ou du désir de quelque chose, recueillir des informations sur les différentes possibilités qui s’offrent à nous, les comparer, puis enfin choisir. Ce processus peut aller plus ou moins vite : plus nous sommes impliqués dans le produit, plus nous réfléchissons à chaque étape de ce processus. L’IA peut y intervenir au moins à deux titres. D’abord, lorsqu’elle recommande quelque chose, elle réduit les choix à notre place. Elle prend en charge une partie de la collecte d’informations sur les produits concurrents et la comparaison des alternatives poss

Enceintes connectées intelligentes : l'offensive de Google



Le géant américain de l'internet Google lance aujourd'hui en France la commercialisation de son enceinte connectée intelligente Google Home. Disponible aux États-Unis depuis fin 2016, cet appareil piloté par la voix, vendu 149 €, ouvre ainsi la bataille des constructeurs pour la conquête d'une nouvelle dimension numérique. Avant Google, Amazon a lancé fin 2015 outre-Atlantique son enceinte connectée Echo qui fonctionne avec l'assistant Alexa. Le géant du cybercommerce a déjà écoulé environ cinq millions d'exemplaires de son enceinte qui ne devrait pas arriver en France avant 2018. Apple est aussi sur les rangs avec son Home Pod fonctionnant avec l'assistant vocal Siri. Vendu 349 €, il devrait être commercialisé en fin d'année. Microsoft, Facebook, Samsung : tous réfléchissent à de tels appareils qui constituent à la fois de véritables leviers de croissance mais aussi la possibilité de pénétrer au cœur des foyers. Orange a lui aussi annoncé en avril dernier lors de son Hello Show à Paris qu'il planchait sur sa propre enceinte connectée, Djingo, avec l'opérateur allemand Deutsche Telecom. L'enceinte d'Orange devrait sortir elle aussi en 2018.



Pour apporter un maximum de services aux utilisateurs de son enceinte, Google a signé une quinzaine de partenariats avec des services d'écoute de musique (Deezer, Spotify) des médias (France info), ou encore des industriels comme Philips et ses ampoules connectées Hue. Après la révolution du smartphone, c'est donc bien une nouvelle étape qui se dessine avec, bien sûr, ses enthousiasmes et ses craintes suscitées par ce qui est au cœur de ces enceintes : l'intelligence artificielle. Prouesse technologique qui n'en est qu'à ses débuts, l'IA soulève des questions de sécurité et d'éthique. Permettra-t-elle une amélioration de la vie de l'homme ou représentera-t-elle une menace potentielle à l'image de Hal, l'IA qui allait causer la perte des spationautes du film «2001, l'odyssée de l'espace» ?

Le débat enflamme philosophes, scientifiques… et industriels. Une passe d'armes a ainsi opposé le PDG de Facebook Marck Zuckerberg au patron des voitures électriques Tesla et de Space X, Elon Musk. Le premier voit dans l'IA une formidable opportunité quand le second estime qu'il y a urgence à réglementer une menace potentielle pour l'Homme…

Gilles Drieu"Nous lui avons appris chocolatine"
Parmi tous les projets d'Alphabet, la maison mère de Google, l'enceinte connectée Google Home, commercialisée en France aujourd'hui, représente un produit capital pour le groupe américain. Ce projet a été piloté par un Français né à Tarbes, Gilles Drieu. Pour La Dépêche, ce brillant ingénieur revient sur son parcours et sur les enjeux de Google Home.
Comment passe-t-on des Hautes-Pyrénées à la Silicon Valley ?
J'ai grandi dans le Sud-Ouest, j'ai fait mes études d'ingénieur. Je suis diplômé des Mines de Paris, spécialisé en mathématiques et en 1997, j'ai décidé de déménager vers la Silicon Valley. J'ai commencé à travailler dans une start-up pendant trois ans puis j'ai travaillé avec de plus grosses sociétés comme Adobe pendant six ans puis Apple pendant quatre ans. J'ai rejoint Google en 2014 pour intégrer l'équipe Nest puis l'équipe Google Home. Je me suis occupé de la partie logicielle de ces produits.
Google est le premier à lancer en France une enceinte connectée intelligente. La «francisation» du produit a-t-elle été le plus gros obstacle ?
Google Home est une enceinte connectée, intelligente et activable par la voix grâce à l'assistance Google. Celle-ci est basée sur des technologies d'intelligence artificielle. Les parties les plus difficiles étaient pour nous de rendre l'assistant Google français. Il fallait qu'il comprenne le langage français, qu'il le parle mais aussi qu'il comprenne la culture française. Toutes ces choses que nous tenons pour acquises car nous les avons apprises depuis que nous sommes nés, nous avons dû les apprendre à Google Home. Cet apprentissage sera ensuite continu au fur et à mesure que les utilisateurs interagiront avec Google Home.
Vous avez dû apprendre à Google Home des locutions bien françaises ?
Exactement, il a fallu lui apprendre par exemple les nuances entre pain au chocolat et chocolatine, ou encore des expressions du Nord… Bref, toute la subtilité propre à notre culture.
Quel avenir se dessine avec ce type d'appareil ? La voix sera-t-elle la nouvelle interface entre l'homme et la machine ?
Ce que nous avons observé c'est, après plusieurs années de travail, la convergence de plusieurs technologies : intelligence artificielle, apprentissage automatique, analyse du langage naturel. Nous sommes arrivés à un point de basculement où ces technologies peuvent s'allier pour rendre service aux utilisateurs dans des contextes différents. Par exemple au sein de la maison, lorsque l'on utilise ses mains pour faire la cuisine, il est pratique de pouvoir interagir par la voix avec Google Home et avec les objets connectés compatibles (lumières Philips Hue, thermostat Nest…). L'assistant Google est déjà sur les smartphones, les montres connectées, la télé : on peut imaginer tout un univers d'endroits où il peut apparaître.
Certains s'inquiètent de la protection de la vie privée. L'enceinte écoute-t-elle tout dans la maison ?
La vie privée est un sujet extrêmement important pour Google, que nous traitons avec la plus grande vigilance. Il n'y a qu'un bouton sur l'enceinte qui permet de couper les micros et des voyants lumineux permettent de vérifier cela. Ensuite, toutes les requêtes faites par Google Home sont transcrites seulement après que les mots-clés «OK Google» sont détectés localement. Avant que cette phrase ne soit prononcée, rien n'est enregistré et tout est effacé. Une fois qu'on l'a prononcée, la question est transmise à nos serveurs et toutes les requêtes peuvent ensuite être effacées par l'utilisateur à tout moment.
Google Home constitue un saut technologique, ne faudra-t-il pas un saut culturel pour que les utilisateurs adoptent de tels dispositifs pilotés par la voix ?
Notre objectif est effectivement d'aider les utilisateurs à franchir cette évolution culturelle et pour cela, nous nous focalisons sur l'expérience utilisateur. Google Home est designé pour la maison afin que les gens assimilent cet appareil dans leur vie de tous les jours avec une garantie de sécurité des données personnelles. Nous pensons que qualité et respect de la vie privée sont deux éléments essentiels du succès.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl