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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Numérique : le Digiworld summit décrypte atouts et handicaps de l'Europe



La 39e édition du Digiworld summit s’est achevée ce jeudi soir à Montpellier après trois jours de conférences, de débats, d’ateliers, de rencontres qui ont vu défiler quelque 120 experts venus du monde entier et plus d’un millier de participants. Organisée par l’Idate, un think tank basé à Montpellier spécialisé dans l’analyse de la transformation numérique qui fêtait ses 40 ans, cette édition – pour la première fois parrainée par le président de la République, Emmanuel Macron – a été consacrée aux investissements du futur dans le secteur numérique et a décrypté les atouts et les faiblesses de l’Europe.

Des atouts : un savoir-faire incontestable et historique, une capacité de création et d’innovation que l’on retrouve d’ailleurs en France dans le label French Tech. Les handicaps : l’incapacité à faire émerger un poids lourd d’internet face aux géants du net (les Gafa américains comme les Batx chinois) et de s’imposer face aux Etats-Unis ou à la Chine dans plusieurs secteurs clés comme l’intelligence artificielle.

Il y a pourtant urgence à investir, notamment dans les réseaux à haut débit, que ce soit la fibre, la 4G ou la 5G. Cette dernière sera bientôt là d’ici fin 2018, début 2019 avec un fort développement en Asie, qui va entraîner un bouleversement des usages. Et notamment ceux avancés dans le nouveau rapport de prospective 2020-2025 de l’Idate, qui détaille  trois technologies clés : l’internet des objets, l’intelligence artificielle et les robots .

Olivier Huart, PDG de TDF a joliment résumé combien les réseaux et les contenus qui circulent dans les tuyaux sont liés, en utilisant la métaphore… du sandwich. « Il faut de plus en plus de pain, de toutes sortes » a-t-il expliqué. Mais comment inciter les opérateurs à investir des sommes si importantes en Europe où le morcellement du secteur et la réglementation peuvent être des freins ?

Régulation pro-investissements

Des pistes existent comme l’a indiqué Sébastien Soriano, patron de l’ARCEP, le gendarme des télécoms (qui présidait cette année le BEREC, l’organisme regroupant tous les régulateurs d’Europe). « Il faut une grande opération de réconciliation entre opérateurs et régulateurs », estime-t-il en évoquant les bienfaits d’une « régulation pro-investissements ». Celle-ci ne sacrifie en rien l’intérêt général, mais ménage des facilités pour les opérateurs. Sébastien Soriano a ainsi indiqué qu’il y aurait bientôt la création de « bacs à sable réglementaires pour libérer l’innovation. »

L’innovation des telcos, Pierre Louette, directeur général adjoint d’Orange, y croit dur comme fer, au point d’intituler sa présentation « Making telcos great again », clin œil à Emmanuel Macron. L’opérateur historique français veut se mesurer aux Gafa dont la valorisation boursière représente deux fois celle du CAC 40 ! Pour cela il mise sur la diversification, par exemple dans la banque avec Orange Bank ou dans les enceintes connectées.

Le big bang des données

Au fil des conférences et des tables rondes, le Digiworld a aussi montré combien le trait d’union entre réseaux et contenus reste les données.   « 90% des données dans le monde ont été produites ces deux dernières années », expliquait Carlos Lopez-Blanco, PDG de Telefonica. « Ceux qui contrôlent les données seront les maîtres du monde » a renchéri de son côté Jacques Attali, président de Positiv Planet. Mais l’ancien sherpa de François Mitterrand, qui a depuis longtemps théorisé l’homme nomade, reste confiant sur le domaine clé du numérique pour les années à venir  « la bataille de l’intelligence artificielle n’est pas perdue » pour les Européens, estime-t-il, soulignant combien l’éducation, et particulièrement l’éducation des filles, est capitale.

Fracture numérique

A la capacité d’innovation des telcos et d’une régulation pro-investissement doit aussi répondre une volonté politique tant à l’échelle européenne que nationale. Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au numérique, était là pour la formaliser.

Après avoir rendu visite à la French Tech Montpellier et rencontré les start-up qui exposaient leurs produits, le ministre a conclu le Digiworld summit en livrant les pistes d’action d’un gouvernement dont l’action est majoritairement appréciée par les acteurs du secteur. Mounir Mahjoubi, qui a annoncé « un plan de simplification administrative pour les start-up »,  a assuré que « le numérique, c’est autant les start-up, la transformation numérique de l’Etat que l’inclusion de ceux qui n’y ont pas accès ».  Connecter la France et tous les Français, sans laisser personne au bord du chemin de la 4G et de l’usage des nouvelles technologies, voilà bien une ambition de lutte contre la fracture numérique que pourrait porter tout au long de son quinquennat Emmanuel Macron, président-geek s’il en est.

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