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Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

Le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans l’entreprise va faire évoluer le QI de l’homme

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Par Stéphane Roder, CEO AI Builders

Concernant l’intelligence artificielle, seuls les discours anxiogènes ont eu voix au chapitre ces deux dernières années. Il est pourtant un sujet qui n’a pas du tout été abordé : les bienfaits de l’intelligence artificielle dans l’entreprise, pour l’entreprise mais surtout pour ses collaborateurs. Loin de vouloir reprendre ici tous les poncifs, il en est un que nous ne soupçonnions peut-être pas mais qui nous permettra sans aucun doute de dépasser nos préjugés et de massivement déployer cette technologie. En s’adaptant à un nouveau cadre de travail dans lequel l’intelligence artificielle aura pris en charge des tâches rébarbatives, répétitives, pénibles, l’humain va voir ses capacités d’abstraction encore se développer favorisant ainsi la progression de son QI (quotient intellectuel).

Nous sommes semblables à quelques mutations près à l’Homo Sapiens né il y a 300.000 ans. En effet, dans une étude publiée en 2008 dans la revue Science, la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus appartenant à 51 ethnies a montré que les génomes étaient identiques à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se retrouve que rarement chez les mammifères. Elle est explicable par l'extrême jeunesse de l'Homme moderne car 300.000 ans ne sont pas suffisants pour produire une grande variabilité génétique. Il en est bien sûr de même pour notre cerveau, nous avons le même cerveau que les premiers Homo Sapiens.

Or il n’a échappé à personne que nos premiers ancêtres Homo Sapiens ne prenaient pas d’avion, n’avaient pas d’ordinateur, pas d’internet et ne connaissaient pas la mécanique quantique. Mais alors qu’a-t-il pu arriver à l’Homo Sapiens pour que son intelligence évolue jusqu’à s’accélérer ces 200 dernières années ? L’éducation et la nutrition me direz-vous ? Oui mais cela ne suffit pas à expliquer ce phénomène car pendant la première partie du 20éme siècle, alors que nos sociétés développées bénéficiaient toutes d’une même éducation, le QI progressait encore.

C’est ce que l’on appelle « l’effet Flynn » du nom de son génial découvreur. L’« effet Flynn » constitue l’un des phénomènes les plus intrigants et probablement la découverte la plus importante des recherches récentes en psychologie cognitive. En 1984, à la suite d’une analyse de 73 études américaines publiées entre 1932 et 1978, Flynn note une augmentation de 3 à 5 points du QI par décennie aux tests d’intelligence les plus utilisés. Cette progression du QI constatée dans les pays développés au long du XXe siècle a été confirmée par de nombreuses recherches. L’explication est multifactorielle et intègre bien sur l’évolution de l’éducation, de la nourriture et bien d’autres facteurs, mais en analysant les tests, les chercheurs ont remarqué que les gains étaient largement concentrés dans les tests faisant appel aux capacités d’abstraction. Cet élément peut nous éclairer sur la nature du changement ayant eu lieu au cours du siècle dernier.

Il faut reprendre les travaux d’Alexandre Luria (1902-1977), célèbre psychologue Russe, sur des paysans Russes analphabètes pour comprendre le lien entre l’environnement de travail et le niveau d’abstraction. Leurs préoccupations étant uniquement concrètes du fait de la matérialité de leur vie quotidienne, il leur était pratiquement impossible d’avoir un raisonnement faisant appel à une quelconque abstraction. Ancrée dans le concret, leur intelligence était fort bien adaptée à leur réalité quotidienne. En somme, Alexandre Luria a démontré que la notion d’intelligence se rapproche ici de la notion d’adaptation.

Au-delà de l’apport majeur de l’éducation, c’est donc l’environnement de travail de l’Homme qui a aussi forgé son esprit et grâce aux expériences de Luria, il est possible d’interpréter une partie de l’effet Flynn comme une résultante de l’évolution des conditions de travail de l’Homme. Moins l’Homme a été soumis à la matérialité du fait de la mécanisation de son environnement de travail, plus ses capacités d’abstraction ont évolué faisant ainsi flamber son QI à l’origine de l’effet Flynn.
L’intelligence artificielle peut être considérée comme une nouvelle forme de mécanisation de l’environnement de travail de l’homme. En effet, en venant assister, automatiser et optimiser, l’IA va révolutionner tous les métiers, mais surtout faire baisser la pénibilité en venant effectuer les tâches répétitives et faire baisser le niveau de stress tout en augmentant la qualité de la production.

Les tâches manuelles sont encore légion dans l’entreprise et sont une source non seulement de stress du fait du peu d’intérêt de ces tâches mais aussi considérées par les intéressés comme une perte de temps. L’intelligence artificielle prendra en charge quelques une de ces tâches manuelles comme l’affectation comptable ou le contrôle de paye.  Elle viendra aussi assister les métiers dans des tâches pénibles mais absolument nécessaires à la bonne marche de l’entreprise.

Cette prise en charge par l’intelligence artificielle de ces tâches ingrates sans aucun intérêt est aussi une forme de distanciation vis à vis de la matérialité quotidienne du travail actuel dans l’entreprise. Cette libération favorisera donc l’évolution des capacités d’abstraction et l’effet Flynn, une nouvelle fois, permettra à l’homme de faire progresser son intelligence.

Cette vision positive de l’apport de l’intelligence artificielle est loin de celles de ses détracteurs que nous n’avons que trop entendu. L’intelligence artificielle, qui n’est autre qu’une nouvelle façon de programmer et d’amener de la valeur est une étape majeure dans l’évolution de l’entreprise comme a pu l’être l’arrivée de la bureautique en d’autres temps. Au-delà de l’aspect économique qui sera un des moteurs de cette nouvelle transformation, l’intelligence artificielle est donc un fantastique progrès pour nos entreprises comme il le sera pour notre société. Il ne faut pas en avoir peur bien au contraire.

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