Accéder au contenu principal

Approches, acteurs, enjeux, secrets, guerre hybride : plongée au coeur des services de renseignement dans le monde

On leur devait déjà le remarquable « Opération d’influences chinoises : un moment machiavélien » (Ed. Les Equateurs) qui, en septembre 2021, détaillait minutieusement comment la Chine entendait « vaincre sans combattre, en façonnant un environnement favorable » à ses intérêts, en enrôlant, entre autres, des personnalités de premier plan en France. Aujourd’hui le duo formé par Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Institut de recherche stratégique de l’école minimaire (IRSEM) et Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, docteur en science politique et en philosophie, ancien directeur de l’IRSEM et aujourd’hui ambassadeur de France au Vanuatu, publient aux Presses universitaires de France (PUF) un colossal « Les mondes du renseignement. Approches, acteurs, enjeux. ». Cette somme de 584 pages constitue une véritable encyclopédie sur le renseignement et une mine d’informations pour comprendre le rôle crucial qu’il a aujourd’hui dans un monde mul

Comment l’intelligence artificielle révolutionne le processus de commande

ai


Par Arnaud Malardé, Senior Marketing Product Manager chez Ivalua

Quel responsable achats n’a jamais rêvé de standardiser son cycle de commande, de la demande d’achat au paiement final de la facture, aussi appelé processus procure-to-pay ou P2P, de sorte à n’avoir qu’une seule procédure qui s’applique à toutes ses catégories achats, toutes les organisations et tous les pays ?

Pendant plusieurs années, les départements achats se sont évertués à unifier, standardiser et optimiser leurs processus tout en centralisant leurs activités. Le mot d’ordre était alors de réduire le nombre de processus, de spécificités et de fournisseurs dans des entreprises où ils s’étaient naturellement multipliés au gré de la croissance, des acquisitions ou réorganisations.

En poursuivant cet objectif d’optimisation, plusieurs d’entre eux ont drastiquement réduit le nombre de processus existants pour n’en garder qu’un ou deux et ainsi augmenter l’efficacité opérationnelle. Du moins, c’est ce qu’ils croyaient. Bien sûr, le coût de mise en œuvre d’un processus unique est bien moindre que celui d’un processus qui souffre de multiples exceptions. De plus, les employés peuvent plus facilement mémoriser un processus de commande unique.


Néanmoins, la standardisation et la centralisation ont leurs limites


Après la crise de 2008, le cadre juridique international a eu tendance à converger du fait d’une coopération renforcée entre les états. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La multiplication des besoins règlementaires locaux et des exigences juridiques propres à des pays ou régions a rendu le processus de commande plus complexe qu’il ne devrait l’être. Pensons seulement à l’impact du Règlement Général sur la Protection des Données (RGDP) en Europe ou à celui des nombreuses mesures nationales de lutte contre la fraude fiscale sur l’ensemble du globe. Notre monde se complexifie. Cela rend souvent difficile l’atteinte des objectifs de simplification.

Par ailleurs, ne pas prendre en compte les besoins spécifiques locaux crée beaucoup d’insatisfaction parmi les utilisateurs du processus de commande. Si cet état de fait perdure, les utilisateurs finiront par chercher une façon de contourner un processus devenu trop rigide. L’application de la politique achats sera de nouveau mise en péril.

Doit-on alors accepter des exceptions au processus de commande standard pour chaque besoin spécifique ?


Cela multiplierait, bien évidemment, les processus et sous-processus au point que personne ne saurait lequel appliquer, pas même les experts de la direction achat. Les exceptions sont coûteuses en temps et en ressources. Ainsi, les responsables achats cherchent un compromis entre un nombre réduit de processus standards et le besoin d’avoir des exceptions. A quel nombre doit s’arrêter ce compromis ? Avoir plus de trois façons de faire est déjà trop pour la plupart des utilisateurs dont la fonction principale n’est pas de passer des commandes. Mais pour un département achats avec un périmètre mondial, les exceptions se compteront en dizaines.

Le compromis que les responsables font tend trop souvent à sacrifier la simplicité et l’expérience des utilisateurs qui se voient obliger de mémoriser des dizaines de processus de commande différents. L’application de la politique achats sera cette fois-ci mise à mal par sa trop grande complexité et l’impossibilité pour ses utilisateurs de s’orienter entre les différentes exceptions au processus de commande standard.

Les directions achats ont bien pensé à des solutions


La première solution que les départements achats ont trouvée a été d’informer massivement leurs clients internes. Les newsletters, blogs, bannières, brochures et bases de connaissances se sont donc multipliés. Les Achats se sont frénétiquement mis au marketing ! Souvent avec des résultats mitigés : seuls les utilisateurs les plus curieux lisent leurs contenus et seuls les plus fréquemment exposés au processus de commande s’en souviennent le moment venu.

La seconde solution des départements achats a été de former les utilisateurs. Le catalogue de formations a donc vu fleurir les sessions. Mais les salles de classe restent largement vides ! Ou alors, les mêmes personnes reviennent années après années se former. Un tel format d’apprentissage fonctionne pour des utilisateurs fréquents mais pas pour les autres qui continueront à se poser la question suivante : « Pourquoi dois-je être formé pour acheter quelque chose dans mon entreprise alors que n’importe qui peut acheter en deux clics sur internet ? ».

Alors, est-ce une guerre perdue d’avance ?


La réponse à cette question a longtemps été affirmative. Depuis peu, des solutions plus efficaces s’esquissent. Lesquelles ? C’est là qu’intervient la puissance de l’Intelligence Artificielle (AI). « Que peut faire l’IA dans tout cela ? » me demanderez-vous ? Et bien, un certain nombre de choses.

Tout d’abord, la mémoire de l’IA est bien supérieure à la nôtre. Elle peut mémoriser un très grand nombre de processus différents. Mais, on pourrait rétorquer que c’est déjà le cas des technologies actuelles de nos ordinateurs qui stockent des données. C’est là que le deuxième avantage de l’IA entre en jeu : l’IA est capable de retrouver de l’information dans un plus large choix de formats et de supports qu’auparavant. Mais, le plus grand atout de l’IA, c’est son incomparable capacité à interagir avec l’utilisateur. Elle est capable de traduire à la fois le langage humain en actions machine et le langage de la machine en information pertinente pour nous.

Imaginons ensemble le futur de l’acte d’achat avec l’intelligence artificielle. Dans cet avenir, un simple utilisateur se préoccupera du produit ou du service qu’il veut acheter. Il n’aura pas à penser au processus de commande pour l’obtenir. Il adressera ce besoin directement à l’assistant virtuel de sa solution achats basée sur les technologies d’intelligence artificielle. Il pourra soit écrire sur son clavier, soit parler dans un microphone. L’IA interagira ensuite avec lui par des questions pour qualifier le besoin (volumes, spécifications techniques, budget, délai) afin d’élaborer la réponse qui lui sera apportée. Cette réponse pourra prendre la forme d’une commande directement adressée à un fournisseur préférentiel si le besoin n’est qu’une simple commodité. Elle pourra aussi prendre la forme d’une demande de sourcing adressée au Sourcing Category Manager en charge de la catégorie parce qu’aucun fournisseur préférentiel n’aura été trouvé et qu’un certain montant aura été dépassé, le tout en conformité avec la politique achats de l’entreprise. Déterminer le bon processus de commande sera le travail de l’IA. Conseiller sur la marche à suivre, les produits ou les services les plus adaptés, les fournisseurs préférentiels aussi. En fin de compte, un utilisateur n’aura plus besoin de connaître la procédure. Il ne pensera plus qu’en termes de besoin, de délai et de budget, ce qui est sa façon naturelle d’acheter.

Bien sûr, l’intelligence artificielle ne fera pas tout


D’abord, les départements achats devront cartographier l’ensemble de leurs processus et les traduire en règles intelligibles pour l’IA. La machine a besoin d’être alimentée au départ pour ensuite pouvoir fonctionner de façon autonome. D’autre part, il y aura un besoin de maintenance pour s’assurer que les règles sont toujours en accord avec les différentes évolutions organisationnelles ou métier. Sur ce dernier point, on peut espérer que les capacités de machine-learning, ou auto-apprentissage par la machine, faciliteront la tâche.

L’intelligence artificielle permettra enfin véritablement un acte d’achat guidé. Les achats hors procédure, ou non conformes, et le mécontentement des clients internes ne seront alors plus qu’un souvenir.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

La fin des cookies tiers ne répond pas au besoin de contrôle des internautes sur leurs données

Pour le moment, la plupart des solutions alternatives aux cookies privilégient l’objectif commercial aux dépens des attentes des internautes. Piqsels , CC BY-SA Par  Carlos Raúl Sánchez Sánchez , Montpellier Business School – UGEI ; Audrey Portes , Montpellier Business School – UGEI et Steffie Gallin , Montpellier Business School – UGEI Les révélations du Wall Street Journal contenues dans les « Facebook Files » , publiés en septembre dernier, ont une nouvelle fois montré que les utilisateurs s’exposaient à des risques liés à la divulgation des informations personnelles. Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls en cause : les nombreux data breach (incidents de sécurité en termes de données confidentielles) rendus publics, illustrent régulièrement la vulnérabilité des individus face à une navigation quotidienne sur les moteurs de recherche, sites de e-commerce et autres ayant recours à des « cookies tiers » , ces fichiers de données envoyés par