Par Dominique Boullier , Sciences Po La puissance des plates-formes américaines telles que X, Amazon, Google ou Meta, désormais capables d’imposer leurs diktats aux États, est inédite à l’échelle de l’histoire. Récit d’une conquête fulgurante fondée sur une prédation généralisée. La remise en cause des grands réseaux sociaux atteint aujourd’hui un niveau jamais rencontré, souligné par les appels massifs à quitter X. Elle fait suite à l’expression par leurs leaders, lors la prise de fonctions de Donald Trump, de positions politiques extrémistes. Mais la confusion règne et il est difficile de comprendre les logiques à l’œuvre dans une telle effervescence, où certaines postures se contredisent elles-mêmes (par exemple, interdire TikTok puis l’autoriser). Essayons d’y voir clair autour de mises en perspective. Un enjeu de corruption du pouvoir politique comme point de départ Les grandes firmes de la tech se sont bousculées pour financer la campagne de Trump pu...
Dans la bataille qui oppose les éditeurs et agences de presse au géant du Net Google sur les droits voisins, les premiers viennent de remporter une victoire : l’Autorité de la concurrence française a ordonné ce jeudi à la firme de Mountain View de négocier « de bonne foi » avec la presse.
Le « chantage » de Google
Pour rappel, une directive européenne avait introduit la notion de droit d’auteur voisin pour permettre aux éditeurs dont des extraits de texte (les snippets) étaient repris sans rémunération par les GAFA, de percevoir une juste rémunération. La France avait été l’un des premiers pays à transcrire dans son droit cette directive. Mais Google - qui possède l’agrégateur Google Actualités - ne l’entendait de cette oreille.
Après avoir bataillé en vain à Bruxelles contre la directive, il a contourné l’esprit de la loi française entrée en vigueur le 24 octobre dernier en exerçant « un chantage » : soit les éditeurs continuaient à lui livrer gratuitement leurs extraits, soit il n’afficherait plus les extraits, privant les éditeurs d’un certain trafic vers leurs sites web et donc des revenus publicitaires afférents. Cette stratégie avait provoqué le courroux de l’Alliance de la Presse d’Information Générale, qui regroupe la quasi-totalité des titres de presse français. Présidée par Jean-Michel Baylet, PDG du Groupe Dépêche, l’Alliance avait alors déposé plainte auprès de l’Autorité de la concurrence, dénoncent l’abus de position dominante du géant d’internet et l’abus de dépendance économique dans laquelle se trouvent les éditeurs.
Après six mois d’enquête, l’Autorité de la concurrence a rendu son verdict ce jeudi, sévère pour Google. « L’Autorité a estimé que les pratiques de Google à l’occasion de l’entrée en vigueur de la loi sur les droits voisins étaient susceptibles de constituer un abus de position dominante, et portaient une atteinte grave et immédiate au secteur de la presse », indique l’instance dans un communiqué.
Elle enjoint ainsi à Google, « dans un délai de trois mois, de conduire des négociations de bonne foi avec les éditeurs et agences de presse sur la rémunération de la reprise de leurs contenus protégés. Cette négociation devra couvrir, de façon rétroactive, les droits dus à compter de l’entrée en vigueur de la loi le 24 octobre 2019. »