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Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Étudiants, qu'ont-ils à faire sur LinkedIn ?

Les étudiants doivent comprendre que leur profil LinkedIn ne peut être qu’une simple copie de leur CV. PixabayCC BY

Par Géraldine Galindo, ESCP Business School

« Avez-vous un compte LinkedIn ? » À chaque fois qu’on leur pose cette question, au début de cours sur le « Personal Branding » que nous animons à l’ESCP Business School, 100 % des étudiants lèvent la main. Mais lorsqu’on les interroge sur la manière dont ils utilisent ce réseau social, leurs réponses convergent vers ce type de propos : « je sais que je dois y être mais je ne sais pas comment agir et m’en servir réellement ».

Pourquoi ces étudiants, pourtant souvent addicts à Facebook et à Instagram, semblent-ils entretenir une relation circonspecte avec ce réseau social, et ce, alors même que les recherches soulignent les effets positifs de l’usage de LinkedIn sur la carrière ? (Davis et al).

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer leur posture paradoxale.

Apparaître plus que paraître

Force est de constater que de nombreux étudiants se sentent obligés d’être présents sur LinkedIn mais ne savent pas exactement pourquoi. Leur présence sur Facebook, Instagram et plus récemment TikTok, est devenue pour eux « une norme implicite de rigueur » où ils exposent plutôt facilement des « métaphorisations » d’eux (selon les propos de De Rigail, 2013). Ils ont ainsi pris l’habitude de prendre part à des « mondanités numériques » qu’ils ont sélectionnées, pour entretenir ou élargir leurs liens amicaux, ou tout simplement se montrer et être vus.

Loin de ces visées personnelles, LinkedIn correspond plus pour eux à une norme sociale développée par d’autres, à laquelle ils doivent adhérer pour prétendre développer leurs réseaux professionnels, et qu’ils ont souvent du mal à identifier et à choisir.

Si les étudiants ont pris l’habitude de parler d’eux sur les réseaux sociaux, ils ont ainsi souvent plus de facilités à montrer leur identité personnelle que leur identité professionnelle. Leurs photos, leurs participations à des événements et leurs passions sont exposées plus facilement que leurs parcours et leurs réalisations. Le « paraître », parfois assorti d’artifices ou de projections de soi, tend ainsi à être une démarche plus aisée pour ces jeunes adultes, que d’« apparaître » à l’aide de faits et de réalisations aux yeux d’une nouvelle sphère professionnelle.

L’enjeu de LinkedIn est d’élargir leur réseau au-delà de leur cercle rapproché de connaissances. Mais les jeunes s’arrêtent parfois à cette étape, n’osant pas solliciter des personnes plus expérimentées. Ils peinent à dynamiser leur profil, par leurs activités, par des réactions ou des posts. Beaucoup s’estiment peu légitimes à relayer de l’information, à réagir aux activités des autres et à créer de l’information.

LinkedIn offre quatre types de potentialités à ses membres :

  • la visibilité

  • la persistance (en récupérant les posts)

  • l’édition de contenu

  • l’association entre les personnes.

Beaucoup d’étudiants se contentent d’exploiter le potentiel de visibilité, a minima, en renseignant les rubriques avec des copier-coller de leurs CV, et donc en restant une ombre sur LinkedIn avec le sentiment du devoir accompli. Ils passent alors à côté des opportunités offertes par ce réseau social qui compte 700 millions d’inscrits dans le monde et 20 millions de membres en France (soit 64 % de la population active).

Les étudiants ont dès lors à (re)penser leur présence sur LinkedIn, et ce, en suivant trois objectifs.

Se différencier

Le premier objectif est d’inciter les jeunes à enrichir leur identité déclarative pour se différencier. Les étudiants doivent comprendre que leur profil LinkedIn ne peut être qu’une simple copie de leur CV. Ils doivent sortir d’une logique de substitution pour aller vers une vision de complémentarité entre ces deux outils. Il s’agit d’en dire plus et de donner envie d’en savoir plus encore.

Cela passe en premier lieu par des actions assez simples. La partie « infos » n’est souvent pas ou trop peu renseignée et n’attire pas l’attention de potentiels recruteurs. Au cours de formations que l’on pourrait considérer comme génériques, certains choix de spécialisations ou des réalisations (mémoires, projets…) permettent de différencier un étudiant d’un autre, d’estimer son potentiel et ses centres d’intérêt.

De nombreuses rubriques sont aussi pertinentes et sous-utilisées par les étudiants comme les investissements dans des associations, les réalisations, les appartenances à des groupes et le suivi de personnes ou organisations. C’est donc un travail à mener avec les étudiants, pour les amener d’abord à identifier dans leurs parcours ce qu’ils pourraient mettre en valeur.

Dynamiser son profil

Le challenge est ensuite de ne pas se contenter de ce travail déclaratif. L’enjeu pour les étudiants est d’oser passer à une utilisation active du réseau social : nouer de nouveaux contacts, poster des informations sur leurs sujets d’intérêts professionnels et participer à des groupes.

Cette mise en action a un préalable incontournable pour eux : savoir pourquoi et pour quoi initier et développer ces démarches, afin d’aller vers une posture active. La cohérence de ces activités doit donc être pensée pour asseoir leur crédibilité numérique. Cela signifie donc sortir de leur spontanéité habituelle sur les réseaux sociaux pour penser son activité et ses finalités.

Gérer sa réputation

Le nombre de personnes dans le réseau est un indicateur certes, mais insuffisant si l’on aspire à être repéré. La diversité des membres de son réseau (organisations, postes, formations) indique aussi le capital social que peut et pourrait avoir un étudiant, futur salarié demain. Plus encore, le nombre de personnes ayant lu, réagi et commenté les posts représente un outil clef pour mesurer l’audience de leur marque personnelle et surtout son évolution.

Il existe des outils, comme Shield ou Social Selling Index, qui permettent de mesurer les effets de l’activité sur LinkedIn. Ces outils inscrivent la démarche, au-delà des mesures quantitatives, dans une perspective dynamique et non statique.

En définitive, LinkedIn permet de donner et de dépasser la première impression que l’on peut avoir sur un individu. Il donne une épaisseur numérique à une personne à travers les trois facettes de sa personnalité : déclarative, agissante et calculée.

Comme le disait le philosophe Alain, « le secret de l’action, c’est de s’y mettre ». Concernant LinkedIn, cette étape d’activation du profil, que tout étudiant a souvent bien consciencieusement construite, est donc cruciale pour leur insertion professionnelle. Leur reste cependant le choix de penser leurs particularités, d’inventer leurs propres manières d’utiliser les fonctionnalités du réseau social et de s’adapter aux contextes professionnels auxquels ils aspirent.

LinkedIn n’agrège donc pas que des contraintes mais peut aussi être vu comme un espace de liberté pour permettre à ces jeunes de montrer qui ils sont, ou pourraient être, dans une sphère professionnelle. À condition de les y accompagner.The Conversation

Géraldine Galindo, Professeur, ESCP Business School Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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