Dans son dernier livre « Voyages en mers françaises » (Editions Place des Victoires), son auteur Olivier Poivre d’Arvor nous expliquait combien il était important de davantage connaître nos océans pour mieux les protéger. Explorer les abysses pour mesurer la fragilité et la beauté des écosystèmes, c’est justement la mission du petit robot BathyBot qui ambitionne de percer les mystères des abysses en Méditerranée. Car ce qu’il se passe au-delà de 1 000 mètres de profondeur, là où l’obscurité devient totale, reste peu connu et peu étudié.
« C’est là que le carbone organique se transforme en carbone inorganique, mettant en œuvre des processus qui impactent sur le changement climatique et dont nous ne connaissons pas encore toutes les finesses », explique l’Institut Méditerranéen d’Océanologie qui a mis au point ce rover blanc et jaune qui n’a rien à envier à ceux que l’on a envoyés sur Mars.
À 2 400 mètres de profondeur
BathyBot dispose de chenilles qui lui permettent de se déplacer sur le fond sédimentaire. Le robot « embarque des sondes permettant d’effectuer des mesures en temps réel et est muni de deux caméras dont l’une scrutera la bioluminescence avec une telle sensibilité qu’elle n’aura pour seul éclairage qu’une lumière rouge connue pour ne pas effrayer les organismes des profondeurs », précise l’Institut. BathyBot dispose aussi d’une base d’accueil, BathyReef, une rampe ajourée de béton de 4 mètres de long pour 2,5 de large, qui lui sert de point d’observation et, en tant que récif artificiel, pourra accueillir en son sein de petits organismes vivants.
🎉C’est le grand jour pour moi! Je suis enfin parti rejoindre le fond de la méditerranée à 2400m et je suis bien arrivé ! J’ai hâte de vous donner des nouvelles de la bioluminescence🤩! J’espère que le #Nautile pourra me rendre visite demain !@INSU_CNRS @MIOceanologie pic.twitter.com/Eg1RV02fO6
— BathyBot - Deep Sea crawler to see the unseen (@bathybot) February 3, 2022
🎉C’est le grand jour pour moi! Je suis enfin parti rejoindre le fond de la méditerranée à 2400m et je suis bien arrivé ! J’ai hâte de vous donner des nouvelles de la bioluminescence🤩! J’espère que le #Nautile pourra me rendre visite demain !@INSU_CNRS @MIOceanologie pic.twitter.com/Eg1RV02fO6
— BathyBot - Deep Sea crawler to see the unseen (@bathybot) February 3, 2022Le robot est relié par un câble de 50 mètres au BathyDock, la nacelle qui permet de le faire descendre sous l’eau. Celle-ci est elle-même reliée à la surface où les ingénieurs et scientifiques pilotent le robot. Ce rayon d’action devrait être augmenté à l’avenir avec la perspective de rendre un jour le robot autonome.
Suivre le robot en direct sur Twitter
La première mission de BathyBot a commencé ce 3 février au large de Toulon, à 2 400 mètres de profondeur. EMSO-LO permettra d’étudier les communautés biologiques vivant au fond de la Méditerranée et les paramètres physico-chimiques océanographiques (oxygénation, température, salinité…). On pourra suivre les avancées du robot sur son propre compte Twitter (@bathybot).
BathyBot sera remonté tous les deux ans et pourra recevoir de nouveaux outils, par exemple pour permettre des « micro-carottages » dans le sol de sédiments sur lequel il évoluera. Sa durée de vie prévue est d’au moins cinq à dix ans.
(Article publié dans La Dépêche du 6 février 2022)