À deux mois aujourd’hui du premier tour de l’élection présidentielle, les risques numériques qui pèsent sur la campagne sont sources de préoccupation. Chacun se souvient des MacronLeaks, la fuite de plus de 20 000 courriers électroniques de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron à deux jours du second tour en 2017. Des cybermenaces ou des opérations d’influence et de manipulation avaient également eu lieu lors des Européennes de 2019.
Le gouvernement a pris le sujet très au sérieux en amont de la présidentielle. En septembre, le Premier ministre a réuni tous ses ministres en marge du Forum international de la cybersécurité de Lille (Fic) ; l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) a réuni les responsables cybersécurité des états-majors de campagne des candidats pour leur prodiguer ses recommandations ; et un service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (Viginum) a été créé le 15 octobre.
Désinformation et intelligence artificielle
Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a réuni à cette époque tous les partis représentés au Parlement pour les sensibiliser aux questions de cybersécurité. LREM, qui avait été prise pour cible en 2017, a recruté en septembre l’ancien directeur des Services et produits d’Orange Christian Bombrun pour piloter la stratégie numérique et donc la sécurité de celle-ci.
Le mois dernier, le groupe Onepoint, spécialisé dans la cybersécurité, a organisé une table ronde « Les élections présidentielles de 2022 face aux risques numériques » et présenté une étude sur le sujet détaillant notamment trois scénarios : ingérence étrangère et désinformation ; hacktivisme et intelligence artificielle (deepfake) ; et hameçonnage et biais cognitifs.
« Pour faire face à l’essor de ces risques numériques et permettre le bon déroulement de la campagne présidentielle de 2022 nous sommes convaincus qu’il faut renforcer la coordination et le contrôle des plateformes numériques par des organisations indépendantes et certifiées et renforcer la sensibilisation et la pédagogie auprès de tous les publics votants pour les équiper, les aider à identifier les tentatives de manipulation », expliquent les experts.