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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Saint-Valentin : première étude sur l’accessibilité numérique des applications de rencontre

saintvalentin

A l'occasion de la Saint-Valentin, Access First – acteur majeur sur le marché de l’accessibilité numérique – s’est intéressé, non pas à ceux qui ont déjà trouvé l’amour, mais plutôt à ceux qui le cherchent encore, en particulier via les principales applications mobiles de rencontre.(Adopte, Bumble, Fruitz, Happn, Meetic, Tinder). Pour ce faire, l’entreprise s’est attachée à quatre critères essentiels à l’accessibilité de ces plateformes : la présence d’une section d’aide/accessibilité, l’utilisabilité au clavier, l’utilisabilité au lecteur d’écran et la gestion des contrastes et des tailles de texte. Access First publie ainsi une étude sectorielle, dont voici les principaux enseignements : 

Présence d’une section d’aide/accessibilité – Aucune des 6 applications de rencontre étudiées ne dispose d’information utilisable sur son accessibilité.

Access First a dans un premier temps analysé la présence d’une section d’aide/accessibilité sur les applications mobiles de rencontre. Cette section accessibilité doit permettre de connaître les dispositions prises pour rendre l’application accessible, les éventuels manquements, indiquer les voies de recours et un canal d’échanges dédié à l’accessibilité. En France, selon la réglementation, elle est obligatoire pour les applications mobiles depuis juin 2021. Une fonctionnalité d’aide, ou un moyen de contact dédié, peut également être utile aux personnes en situation de handicap qui ont besoin de renseignements, ou d’assistance en lien avec un problème d’accessibilité.

Ainsi, parmi les 6 applications de rencontre étudiées, aucune n’a de page d’aide ou d’information sur son accessibilité, ni de moyen de contact dédié et utilisable par une personne en situation de handicap visuel. Cela caractérise généralement une absence totale de prise en compte du sujet de l’accessibilité.

Utilisabilité au clavier – Une seule application de rencontre peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités les plus essentielles.

Access First s’est ensuite intéressé à l’utilisabilité au clavier. En effet, certains handicaps physiques, visuels, et cognitifs, rendent l’utilisation des dispositifs tactiles difficiles, voire impossibles. Le clavier est alors un moyen utilisable pour contourner cette limitation. De plus, les applications fonctionnant au clavier sont généralement également utilisables via des dispositifs alternatifs, tels que les tiges, les contacteurs, les systèmes de contrôle vocal, l’eye-tracking, etc.

Parmi les 6 applications étudiées, une seule (Adopte) peut être utilisée au clavier pour les fonctionnalités essentielles, quoiqu’avec des limitations malgré tout. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles bloquants pour ce mode d’utilisation.

Utilisabilité au lecteur d’écran - Une seule application de rencontre peut être utilisée au lecteur d’écran pour les fonctionnalités les plus essentielles.

Access First s’est également intéressé à l’utilisabilité au lecteur d’écran. Les lecteurs d’écran sont des logiciels qui permettent de consulter une interface au moyen d’une synthèse vocale ou d’un afficheur braille. Ils sont utilisés principalement par les personnes aveugles et très malvoyantes, mais également par certaines personnes avec des troubles cognitifs pénalisant la lecture visuelle. Tous les appareils mobiles, qu’ils soient sous Android ou iOS, présentent cette fonctionnalité en standard.

Parmi les 6 applications étudiées, une seule (Meetic) peut être utilisée avec un lecteur d’écran pour les fonctionnalités essentielles, bien que la qualité d’usage ne soit pas optimale. Les autres applications du panel présentent toutes des obstacles bloquants pour ce mode d’utilisation.

Gestion des contrastes et tailles des textes – Seuls 4 des 6 applications de rencontre étudiées répercutent les réglages utilisateur de taille des textes et seuls 2 proposent des contrastes suffisants.

Access First s’est enfin intéressé à la gestion des contrastes et de la taille des textes. Les appareils mobiles proposent en effet des fonctionnalités avancées de personnalisation de l’affichage des textes, ce qui peut s’avérer indispensable à certaines personnes pour la consultation sur petit écran. Pour être effectif cependant, ce réglage doit être correctement pris en compte par les applications. Les choix de couleurs des textes sont également déterminants pour une bonne lisibilité, en particulier pour les personnes avec une déficience visuelle.

Parmi les 6 applications étudiées, 4 d’entre elles (Fruitz, Happn, Meetic et Tinder) répercutent les réglages utilisateur concernant la taille des textes, quoique de manière imparfaite. Aucune ne les prend en compte complètement. On constate par ailleurs des contrastes insuffisants sur 4 des applications étudiées (Bumble, Fruitz, Happn et Tinder).

En conclusion 

Sur les 6 applications de rencontre étudiées, force est de constater que l’accessibilité ne semble pas être une préoccupation pour leurs éditeurs : pas d’information sur leur accessibilité, et pratiquement pas de prise en compte des usages alternatifs (clavier et assimilés, lecteur d’écran, aménagements visuels). Une seule application (Meetic) obtient deux évaluations « moyennes », quatre (Adopte, Fruitz, Happn et Tinder) n’en obtiennent qu’une, et Bumble n’en obtient aucune. Ainsi, aucune de ces applications n’est satisfaisante sur au moins l’un des quatre critères retenus.

« Sur le plan technique, les systèmes iOS et Android offrent aux développeurs d’applications tout l’arsenal permettant un accès égalitaire pour tous les utilisateurs et utilisatrices de mobiles. L’obstacle n’est donc pas technologique. On peut en revanche s’interroger sur le fait que les éditeurs de ces services aient pris en considération les personnes en situation de handicap qui utilisent – ou voudraient utiliser – leurs services en toute autonomie. Une personne handicapée est pourtant tout autant susceptible qu’une autre d’utiliser des applications de rencontre. Avoir une vie sentimentale et amoureuse et vivre sa sexualité sont des aspirations communes, et l’inaccessibilité ne devrait pas y être un frein. Les personnes handicapées sont, de fait et malheureusement, confrontées à des préjugés négatifs, sans parler des tabous autour de leur sexualité et de leur vie amoureuse. Dans ce contexte, au lieu d’être un obstacle supplémentaire, les applications de rencontre devraient aider toutes et tous, sans distinction, à participer au grand jeu de la séduction, et pourquoi pas, à trouver l’âme sœur…», explique Olivier NOURRY, Cofondateur de Be Player One et Chief Accessibility Officer Access First.

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