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Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

Exploration polaire : deux projets venus du froid remettent la France au premier plan

poles

Et si, face à l’actualité étouffante et bruyante, nous prenions le large, le très grand large ? Et si, face au retour d’El Niño qui nous promet encore plus de températures caniculaires et de calamités météorologiques, nous allions vers le froid, le très grand froid ? Et si, face à tous les complotistes, les antivax et les climatosceptiques qui inondent nos réseaux sociaux et nous fatiguent, nous choisissions la science, la grande science ? Et si, à notre Vieux continent, nous préférions de nouveaux horizons, des horizons plus grands ? 

Pour faire tout cela, il suffit de braquer notre regard sur les pôles, le pôle Nord et le pôle Sud, cet Antarctique qui rime encore avec fantastique. Et on a d’autant plus de raisons de le faire que deux projets français passionnants font souffler le souffle de l’aventure au service de la science : Tara Polar Station au Nord, Polar Pod au Sud.

tara

Conçue par l’architecte Olivier Petit et la Fondation Tara Océan, la Tara Polar Station une station scientifique polaire dérivante de 26 mètres de long, 13,8 de large et 7,9 de haut, capable d’embarquer un équipage de 20 personnes pour une autonomie de 2 200 miles. 

Bloquée dans la glace 90 % du temps de ces missions de 18 mois, cette incroyable station veut mieux comprendre l’impact du changement climatique en Arctique, découvrir la biodiversité de régions inaccessibles aujourd’hui, analyser les conséquences de la fonte de la glace de mer et la pollution sur ces écosystèmes uniques et fragiles et découvrir de nouvelles molécules, espèces et processus ayant de nouvelles applications potentielles. La fondation Tara Océan travaille sur ce projet depuis 5 ans et a réuni les fonds (18 M€) pour lancer en 2025 la première d’une dizaine d’expéditions étalées sur 20 ans.

polarpod

Au Sud, c’est un projet au long cours, Polar Pod, que porte Jean-Louis Etienne, qui fut le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire en 1986 et mena en Antarctique, notamment, la Transantarctica en 1989-1990. Polar Pod – « ma cathédrale » savoure Jean-Louis Etienne – est un navire révolutionnaire qui va explorer l’océan austral qui entoure l’Antarctique bravant les 50es rugissants si redoutés des marins, pour effectuer des mesures jamais réalisées jusqu’à présent. 

Tracté sur zone, le Polar Pod se redressera à la verticale : 100 mètres de long, un lest de 150 tonnes à 80 mètres sous la surface pour l’équilibrer, une cabine de trois étages à 10 mètres au-dessus de l’eau capable d’accueillir 8 personnes (3 marins, 4 scientifiques et un cuisinier) et des voiles pour dériver autour de ce vaste continent blanc qui fait 28 fois la dimension de la France. Pour avitailler ce vaisseau, Jean-Louis Etienne a fait construire Persévérance, un magnifique voilier qui arrivera à Marseille fin mai. Les croisières qu’il effectuera entre océans indien et austral contribueront à financer les expéditions du Polar Pod.

Polarpod

Soutenues par les plus grandes institutions scientifiques et comprenant de remarquables projets pédagogiques pour les scolaires, Tara Polar Station et Polar Pod s’inscrivent dans les pas de Paul-Émile Victor, du commandant Charcot, de Jean Malaurie ou de Claude Lorius et permettent à la France de retrouver sa place comme acteur majeur de l’histoire polaire.

(Article publié dans La Dépêche du Midi du dimanche 7 mai 2023)

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