Accéder au contenu principal

Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

La data science, un outil au service des usages de la collectivité

data

Par Jean-Baptiste Vieren, Directeur Data Science chez Birdz

En matière de préservation de l’environnement ou de sobriété́ de consommation, il existe une véritable urgence pour les collectivités, qui doivent se confronter à des enjeux majeurs et à des besoins en constante évolution. Les appels à réduire la consommation d’eau durant l’été 2022 et les restrictions recommandées en matière de consommation énergétique cet hiver n’en sont que quelques exemples. Dans un tel contexte, les collectivités ont tout intérêt à utiliser les stratégies et outils technologiques déjà̀ bien éprouvés par le monde de l’entreprise, et en innovation constante, pour optimiser la prise de décisions avisées.

Analyser pour agir efficacement sur les enjeux réels

Nous nous trouvons, depuis maintenant de longues années, dans une ère où le changement climatique et ses conséquences inquiètent grandement les experts et dirigeants de la planète. La combinaison de l’IoT, pour produire et restituer les données, et de la data science, pour les transformer en information utile, a un rôle décisif à jouer tant dans les prises de conscience que dans la limitation des impacts défavorables et la prévention des risques.

Cette combinaison fructueuse offre des opportunités inouïes pour les collectivités, en permettant aux experts d’adapter leur regard pour concevoir de nouveaux produits et services répondant aux problématiques actuelles. Grâce à son rôle d’incubateur, la data science est une véritable pépinière à expériences, facilitant le prototypage et la conception de solutions adaptées à chaque besoin dans les collectivités, qu’il s’agisse de créer de nouveaux services innovants, de résoudre des problèmes existants ou encore d’améliorer la performance des services en place.

Nous observons par exemple des demandes fréquentes liées aux problématiques d'îlots de chaleur urbaine. La collecte de données aide à identifier les changements climatiques et environnementaux afin de prioriser une intervention adaptée dans les quartiers les plus touchés. Par exemple, en insistant sur le développement de la végétation, avec des plantations d’arbres, pour optimiser la qualité́ de l’air ou l’ombrage dans les endroits nécessaires. La data science, dans ce cas précis, permet d'orienter les choix d'adaptation des infrastructures et des aménagements afin de réduire les sources de nuisances, plutôt que de se limiter à lutter contre les effets néfastes telles que les pollutions ou les canicules.

La sobriété́, de la récolte des données à leur traitement

D’un point de vue technique, les réseaux télécoms, interopérables, permettent la collecte de multiples données pertinentes par les villes pour répondre à des besoins définis et se lancer sur de nouveaux projets.

L’idée n’est pas d’exploiter les données de manière frénétique, dans une logique de “toujours plus”, mais au contraire d’imaginer le traitement adapté aux préoccupations environnementales et citoyennes. Il serait bien maladroit de prôner la sobriété́ d’un côté, mais de développer des traitements excessifs de l’autre ! La valorisation de ces données n’est un véritable succès que si elle aboutit à des actions concrètes et des prises de décisions utiles. Une partie importante du travail consiste donc à accompagner la compréhension des informations produites et à s’assurer de leur juste valorisation.

Le rôle des data scientists est ainsi d’utiliser les données pour éclairer et outiller les décideurs et les acteurs de la collectivité́. La compréhension de la donnée est primordiale pour agir efficacement. Comprendre et analyser la donnée, c’est avant tout comprendre les usages des citoyens pour mieux les servir et anticiper leurs besoins. Mais c’est également disposer d’informations cruciales pour aider l’ensemble des parties prenantes à mieux comprendre l’impact de leurs activités et de leurs consommations.

En parallèle, la data science permet également de devancer les pannes afin d’éviter toute interruption de service pour les citoyens. Grâce à l’analyse des données, il est possible de dépasser la maintenance préventive pour privilégier la maintenance prédictive. Ainsi, l’analyse des données collectées permet de déterminer les causes d’un possible dysfonctionnement afin d’instaurer des mesures de prévention et des conseils utiles pour une meilleure durabilité́. C’est l’état réel de l’actif et non un calendrier théorique qui déclenche une intervention. Là aussi, ceci permet plus de sobriété́ dans la gestion et la maintenance des équipements, en évitant des interventions systématiques ou désordonnées.

Une vision à long terme pour une sobriété́ réussie

De la preuve de concept au déploiement puis à la valorisation des données, les développements de projets liés à l’IoT et à la data science sont des processus assez longs pour les collectivités. Mais il s’agit ici d’un véritable investissement sur le long terme, car l’objectif est de réussir à alimenter plusieurs usages à partir d’un même projet en raffinant la donnée et en l’exploitant à plusieurs fins.

Par exemple, en mettant en place un dispositif visant à mesurer la température d’un certain environnement, il est possible de détecter des anomalies locales laissant à penser qu’une perte de chaleur dans un équipement voisin est en cours. Un œil averti y verra alors l’opportunité de comprendre cette perte d’énergie, de réduire les coûts associés, voire d’éviter une panne future.

Tous les ingrédients sont réunis pour agir dès maintenant

Les collectivités et les citoyens sont confrontés à de véritables challenges environnementaux et climatiques, mais aussi sociaux avec une volonté́ forte d’améliorer la qualité́ de vie en ville.

Avoir un accès privilégié́ aux informations pertinentes, grâce à la data science et à l’IoT, est essentiel, mais la clé́ réside dans la compréhension et le traitement même de ces données. Comme en cuisine, de bons ingrédients - ici les données récoltées par l’IoT - sont une base essentielle, mais la magie opère grâce à l’expertise et aux outils des cuisiniers, leur permettant de définir le bon dosage et d’y ajouter une touche personnelle afin de créer des plats utiles, nutritifs et durables. Nous disposons aujourd’hui de tous les ingrédients et de l’expertise nécessaire. En se concentrant sur les données et en imaginant, avec les partenaires adaptés, des “recettes” adaptées aux besoins sociétaux et aux enjeux environnementaux, les collectivités s’assurent un avenir plus durable.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...

Écrans et santé oculaire : comment protéger nos yeux à l’ère du numérique ?

Par le Dr Camille Rambaud, co-fondateur de l’Institut Voltaire L’omniprésence des écrans dans nos vies transforme notre manière de travailler, de communiquer et même de nous divertir. Mais ce mode de vie connecté à un coût pour notre santé visuelle. Fatigue oculaire, sécheresse, maux de tête, troubles du sommeil : les symptômes de ce que l’on appelle désormais le syndrome de vision artificielle touchent de plus en plus de personnes, et ce, dès le plus jeune âge. Alors, comment protéger nos yeux sans renoncer aux technologies numériques ? Comprendre les risques : l’impact des écrans sur nos yeux La lumière bleue émise par les écrans numériques est l’un des principaux facteurs incriminés. Bien qu’elle soit essentielle pour réguler notre rythme circadien, une surexposition peut perturber le sommeil et provoquer des lésions oculaires à long terme. De plus, le clignement naturel des yeux diminue significativement devant un écran, ce qui entraîne une sécheresse oculaire accrue. Enfin, la pos...