Trente-cinq ans après leur expédition mythique, l’appel des héros de la Transantarctica pour les pôles
C’était il y a trente-cinq ans. Six hommes de six nationalités différentes réalisaient l’impensable : traverser l’Antarctique. Cette expédition hors normes, la Transantarctica, a été réalisée en sept mois du 25 juillet 1989 au 3 mars 1990 par l’Américain Will Steger, le Japonais Keizo Funatsu, le Britannique Geoff Somers, le Russe Viktor Boyarsky, le Chinois Dahe Qin, et le Français Jean-Louis Etienne. Le médecin tarnais, surnommé Papy Pôle, fut le premier homme à atteindre le pôle Nord en solitaire le 14 mai 1986 et eut l’idée de cette nouvelle expédition avec Will Steger.
Pendant sept mois, les explorateurs vont parcourir 6 300 km sur la plus grande diagonale du Continent blanc, tractés par trois attelages de douze chiens de traîneau. Les conditions sont dantesques – des vents jusqu’à 125 km/h, des températures descendant jusqu’à – 40 °C – mais tous tiennent bon.
Dans le contexte géopolitique particulier de la fin des années 80 où les tensions internationales s’exacerbent, notamment entre États-Unis et URSS, la Transantarctica démontre qu’une collaboration internationale est possible et, surtout, elle permet de sensibiliser et de mobiliser l’opinion publique autour du Traité sur l’Antarctique, signé en 1959 et qui arrivait à expiration. Le succès de la Transantarctica a conduit à la prolongation du moratoire sur l’Antarctique avec la signature du protocole de Madrid, le 4 octobre 1991. Entré en vigueur en 1998, il prolonge de 50 ans le moratoire : l’Antarctique est ainsi protégée de toute exploitation jusqu’en 2048.
![]() |
Jean-Louis Etienne |
Des solutions pour les générations futures
Trente-cinq ans plus tard, et alors que les conséquences du réchauffement climatique bouleversent les pôles, trois des six héros de la Transantarctica (Jean-Louis Etienne, Keizo Funatsu et Viktor Boyarsky) se sont retrouvés vendredi à la Maison de l’océan à Paris, pour faire un état des lieux des mondes polaires et pour lancer un appel afin de mettre en œuvre des solutions pour les générations futures.
La rencontre a permis de mettre en avant les programmes pédagogiques de Will Steger et Cathy Demoll, de Keizo Funatsu et Miyuki Sato, ainsi que ceux d’Elsa Peny Etienne et Jean-Louis Etienne. Les Français préparent activement leur prochaine expédition Polar Pod, du nom de l’incroyable navire vertical qui dérivera autour de l’Antarctique pour mieux comprendre l’importance des courants et du Continent blanc.
En 1989, Jean-Louis Etienne avait choisi comme devise pour la Transantarctica « L’Antarctique n’est pas un continent pour l’Homme, c’est un continent pour la Terre ». Trente-cinq ans plus tard, elle est plus que jamais d’actualité et doit tous nous mobiliser pour préserver les pôles, indispensables à la vie de l’humanité.