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L’Arcep et l’ADEME créent l’observatoire des impacts environnementaux du numérique

Dans un contexte où la société française prend de plus en plus conscience de son empreinte numérique, l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) et l'Agence de la transition écologique (ADEME) viennent de franchir un pas décisif. Ces deux institutions ont annoncé ce jeudi 12 décembre la création d'un observatoire des impacts environnementaux du numérique, une initiative qui promet de révolutionner notre compréhension des enjeux écologiques liés aux technologies de l'information. Cette plateforme, fruit d'une collaboration initiée en 2020 à la demande des ministères de la Transition écologique et de l'Économie, vise à devenir une référence incontournable en matière de données fiables sur l'empreinte environnementale du numérique. "L'observatoire a vocation à constituer une plateforme de référence en matière de données fiables et sourcées sur les impacts environnementaux du numériqu...

L’enquête-choc sur la face sombre de notre monde connecté

  

Goma

Il y a les guerres qui occupent le devant de la scène en Ukraine, à Gaza ou au Sud Liban. Il y a toutes ces guerres, en cours ou dont les braises restent vives, et dont on parle moins : du Yémen à l’Éthiopie, du Myanmar à la Syrie en passant par l’Afghanistan. Et puis il y a les guerres souterraines, méconnues et qui pourtant nous concernent, comme celles pour l’extraction des minerais sans lesquels nos smartphones, nos ordinateurs, nos voitures électriques ne fonctionneraient pas.

C’est à ces guerres-là que s’intéresse le sociologue Fabien Lebrun qui publie aux excellentes éditions L’échappée « Barbarie numérique. Une autre histoire du monde connecté », une enquête-choc qui ébranle nos certitudes sur le progrès numérique en s’intéressant à la guerre des métaux technologique en République démocratique du Congo.

Exit les discours dithyrambiques sur la révolution numérique, l’auteur nous plonge dans les entrailles d’un système dont la violence sociale et environnementale n’a d’égal que notre dépendance collective. Dès les premières pages, le ton est donné. Fabien Lebrun démonte méthodiquement le mythe d’une technologie « propre » et « dématérialisée ». Derrière nos écrans rutilants se cache une réalité brutale : exploitation minière (cobalt, coltan…), pollution massive, conditions de travail déshumanisantes. Le constat est implacable : notre soif insatiable de connexion numérique engendre une nouvelle forme de barbarie moderne.

« Esclaves numériques »

L’originalité de l’analyse dans cette enquête fouillée qui s’étale sur presque 400 pages, réside dans sa dimension systémique. Fabien Lebrun tisse habilement les liens entre consumérisme numérique, destruction environnementale et inégalités sociales croissantes. Il inscrit également cette « barbarie » dans le temps long, comme le prolongement de l’exploitation des ressources des pays des Grands Lacs africains. Ce que souligne le Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2008, qui signe l’avant-propos du livre, et qui évoque « le continuum macabre qui réifie les Congolais depuis l’esclavage jusqu’aujourd’hui, en passant par les crimes du roi Léopold II et les affres de la colonisation. »

Barbarie numérique

Particulièrement saisissant est le chapitre consacré aux « esclaves numériques » du XXIe siècle. Des mines de cobalt congolaises aux usines d’assemblage asiatiques, Fabien Lebrun dévoile l’envers du décor. Une plongée glaçante dans un système où l’innovation technologique se nourrit de l’exploitation humaine.

Enfin, l’ouvrage ne se contente pas de dresser un réquisitoire. Il interroge notre rapport collectif à la technologie et propose des pistes de réflexion pour une utilisation plus éthique et raisonnée du numérique. Sans tomber dans un discours technophobe, l’auteur plaide pour une prise de conscience urgente des enjeux sociaux et environnementaux, à l’heure où les besoins de l’industrie numérique et particulièrement les acteurs de l’intelligence artificielle sont colossaux.

« Chaque citoyenne et chaque citoyen de notre monde a la responsabilité de préserver notre humanité, en commençant par défendre l’intégrité et les droits de tous les humains. Cet acte de foi n’est pas une douce utopie », estime le Dr Mukwege qui appelle chacun à « faire sa part de révolution humaniste » pour changer le monde et en finir avec les nouvelles barbaries.

 

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