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Et si on apprenait enfin à bien utiliser son smartphone pour faire des photos ?

  L’appareil photo n’est pas mort, il a changé de forme. Longtemps compagnon de voyage ou de moments familiaux, le boîtier numérique classique s’est effacé sans bruit devant un rival inattendu : le téléphone portable. En une décennie, les usages se sont inversés et selon les dernières données de Photutorial, plus de 92 % des photographies prises en 2025 le sont avec un smartphone, contre à peine 7 % pour les appareils dédiés. Autrefois emblème de la maîtrise technique, l’appareil photo grand public n’est plus que l’ombre de lui-même et les ventes s’effondrent. Mais la photographie, elle, reste. C’est dans ce paysage transformé que s’inscrit l’ouvrage " Smart Photos " de Jo Bradford, publié aux éditions Eyrolles. Photographe de formation, militante de l’image populaire, l’autrice britannique entend répondre à un besoin clair : redonner du sens et de la méthode à ce geste devenu universel — prendre une photo avec son téléphone. La photographe entend expliquer ...

L’IA menace-t-elle l’apprentissage des langues ?


Les téléphones permettent de communiquer avec des personnes qui ne parlent pas notre langue et dont nous ne parlons pas la langue. Maxx-Studio / Shutterstock
Par Pascual Pérez-Paredes, Universidad de Murcia

Est-il encore utile d’apprendre des langues étrangères quand on dispose de smartphones équipés de traducteurs automatiques ? Si cette hypothèse inquiète, il semblerait que l’intelligence artificielle ouvre aussi de nouvelles pistes pour s’initier à différentes langues.


En 2024, la société Open AI, spécialisée dans l’intelligence artificielle, a présenté GPT4-o, un nouveau grand modèle de langage capable de « raisonner » et d’interagir avec du texte, des images et des sons.

Dans l’une des vidéos diffusées après ce lancement, on voit deux personnes sur leur téléphone portable qui demandent à GPT4-o de les écouter et de traduire leurs échanges de l’anglais à l’espagnol ou de l’espagnol à l’anglais, de sorte que chacun puisse communiquer au moyen de ce que la linguistique appliquée appelle sa L1, c’est-à-dire sa langue maternelle.

Dans une autre vidéo, deux personnes ont une conversation avec GPT4-o, qui se montre capable de changer le timbre de la voix et de s’adapter aux demandes de ses interlocuteurs sur la tournure de la conversation.

Des téléphones qui « parlent » toutes les langues ?

Pour ceux qui, comme nous, avaient dans leur chambre une affiche de C-3PO, le droïde de La Guerre des Étoiles, capable de comprendre et parler des millions de langues, le contenu de ces deux vidéos pourrait sembler insignifiant. C’est pourtant loin d’être le cas.

La facilité avec laquelle les interlocuteurs utilisent leur propre appareil en communiquant de manière naturelle suppose un avant et un après dans notre manière d’interagir avec les nouvelles technologies. On prend son téléphone, on parle dans sa langue natale (L1) et on arrive à communiquer avec une personne qui ne parle pas notre langue et dont nous ne parlons pas la langue.

Deux questions se posent alors : quel est l’intérêt d’apprendre une langue étrangère si notre téléphone peut toutes les « parler » et les « comprendre » ? Quel est le rôle de l’enseignement des langues dans ce contexte ?

Sur l’usage de l’intelligence artificielle dans l’apprentissage des langues, il y a deux écoles : la première, volontiers catastrophiste, perçoit l’IA comme une menace qui finira par anéantir l’apprentissage des langues tel qu’on le pratique aujourd’hui ; la seconde voit dans l’IA l’occasion de promouvoir une alphabétisation numérique tout en développant l’esprit critique des élèves vis-à-vis de ses usages.

Les hypothèses catastrophistes : la fin de l’apprentissage des langues

Les hypothèses catastrophistes attribuent aux nouvelles technologies un pouvoir absolu sur les comportements humains et la société. L’apprentissage des langues n’y a plus aucun intérêt ; il est réservé à des spécialistes et des érudits, comme dans la série de romans d’Isaac Asimov Fondation, où tout le savoir humain, dont l’ensemble des langues parlées dans les différentes galaxies, est conservé par une sorte de fondation universitaire.

Dès les années 1970, l’apprentissage des langues assisté par ordinateur a été déterminé par les théories comportementalistes qui encourageaient l’enseignement programmé, les exercices de répétition, et soulignaient l’importance du renforcement. En la matière, un ordinateur est infatigable ; il peut corriger l’élève des milliers de fois. Dans ce paradigme, l’élément superflu est le professeur, supplanté par l’ordinateur.

Les hypothèses inclusives : un enseignement des langues renouvelé

D’autres hypothèses proposent un avenir où l’intelligence artificielle contribuerait à l’apprentissage et à l’usage des langues étrangères, en intégrant nos ordinateurs et appareils mobiles pour nous aider à écrire des courriers électroniques, extraire et résumer des informations plus rapidement, établir des listes lexicales spécialisées, obtenir des conseils sur des usages lexicaux et grammaticaux précis ou, entre autres fonctions, améliorer des textes en fonction de nos indications.

Tout cela s’accompagnera de nouveaux défis. Premièrement, l’apprentissage des langues est jusqu’ici défini par un ensemble de pratiques réglementées par des institutions officielles, comme le ministère de l’Éducation, les établissements scolaires et les universités.

L’apprentissage formel se méfie de l’IA générative, car celle-ci remet en question le modèle actuel qui veut que l’élève produise des textes oraux ou écrits destinés à être évalués par l’enseignant.

Deuxièmement, l’apprentissage informel des langues est en plein essor, un phénomène que l’IA contribuera à entretenir. L’accès libre à des millions de ressources libres et des applications mobiles comme Duolingo entretient une concurrence avec l’apprentissage formel depuis la pandémie de Covid-19. Selon les données fournies par Duolingo, l’espagnol est la deuxième langue la plus étudiée au monde et concentre 17 % des utilisateurs de l’application. Ces apprentissages se font, je le rappelle, hors du cadre du système éducatif.

Enfin, si nous ne savons pas encore comment l’IA modifiera notre relation à la lecture et l’écriture, on peut néanmoins affirmer qu’elle bouleversera notre conception des pratiques d’enseignement et d’apprentissage, et entraînera des changements aussi radicaux que ceux qui ont suivi l’apparition d’Internet à la fin du XXe siècle. Dans cette hypothèse, la capacité critique des élèves dans l’évaluation des produits de l’IA générative jouera un rôle essentiel.

Une connaissance des langues importante pour la formation personnelle

Même s’il n’est pas impossible que les nouvelles technologies éliminent les barrières linguistiques entre les êtres humains dans un avenir lointain, l’apprentissage des langues demeurera une activité centrale de l’éducation formelle dans les prochaines décennies.

Professionnellement, la connaissance et l’usage de plusieurs langues restera une compétence clé dans des cultures très variées, y compris des cultures d’entreprise. En outre, la linguistique appliquée a démontré qu’apprendre des langues améliore nos capacités analytiques, notamment notre aptitude à extraire des règles et des usages, de même que nos capacités innées à l’abstraction et la généralisation.

Une chose est sûre : utilisée de manière critique, l’IA générative offrira maintes possibilités d’approfondir l’apprentissage et l’utilisation des langues étrangères, en classe comme ailleurs.


Traduit de l’espagnol par Métissa André for Fast ForWord.The Conversation

Pascual Pérez-Paredes, Catedrático de Universidad en lingüística aplicada y lingüística inglesa, Universidad de Murcia

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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