Par Paul Mougel, CTO chez 365Talents
C’est une certitude, l’IA est une nécessité pour les RH ; selon Gartner, 80% des responsables RH déclarent que l’IA a amélioré la qualité de leurs décisions. Un succès qui ne doit pas faire oublier pour autant les nombreuses interrogations éthiques et sécuritaires consécutives à son implémentation. Aux entreprises de ne pas les éluder pour l’intégrer au mieux à leurs processus RH.
Des interrogations légitimes
Passé le temps de l’émulation autour des perspectives révolutionnaires de l’IA, nous ne pouvons aveuglément l’intégrer à nos structures sans considérer les défis sécuritaires et éthiques qu’elle pose. Son utilisation dans les processus RH comporte des risques en matière de confidentialité et de sécurité des données pouvant avoir des conséquences importantes pour les entreprises. Un nombre considérable de données, plus ou moins sensibles sur les employés sont collectées et manipulées, tels que le genre, l’âge, le salaire, l’expérience, les compétences, le niveau d’études, les métiers, les missions ou les offres de formation.
Alors, comment garantir la confidentialité de ces données ? Si l’on scrute le cadre légal européen entourant l’IA et ses usages, le législateur a décidé d’agir et de réglementer l’utilisation de cette technologie. Avec l’AI Act, entré en vigueur en août 2024, l’IA est désormais soumise à des règles harmonisées et oblige les fournisseurs à suivre des obligations claires en ce qui concerne ses utilisations spécifiques. L’objectif ? Promouvoir un usage, certes plus réglementé mais surtout plus éthique pour les entreprises et ses utilisateurs.
Les clés du succès d’une intégration réussie
Une intégration éthique et sécurisée de l’IA dans les RH passe par l’adoption d’une approche rigoureuse à tous les niveaux de l’organisation. Le choix de l’outil intégrant de l’IA doit être basé non seulement sur sa pertinence quant aux besoins de l’entreprise, mais aussi sur sa conformité avec l’AI Act. Autre inquiétude, les biais ; on le sait l’IA n’est pas parfaite et ces derniers peuvent entraîner des discriminations basées sur le genre, l’âge, l’origine ethnique ou d’autres facteurs. Si les processus d'entraînement et d'évaluation les plus rigoureux ne peuvent garantir une absence de biais, il faut donc être vigilant et rigoureux quant à la manière dont elle est configurée et utilisée par l’humain. Concrètement, cela signifie qu’il est impératif de concevoir et d’entraîner les algorithmes, les applications et processus d'entreprise afin qu’ils suivent une approche éthique et reflètent véritablement la diversité des candidats potentiels et des collaborateurs.
Néanmoins, l’arrivée de l’intelligence artificielle dans un secteur où la dimension humaine est particulièrement prégnante peut être difficilement acceptée par les équipes. L’intégration de l’IA doit faire l’objet de dialogues entre les différentes parties prenantes. Aussi, l’adhésion des équipes passe-t-elle par une communication efficace et transparente. Les collaborateurs doivent en effet comprendre les raisons qui nécessitent l’implémentation d’une IA dans les processus RH, mais aussi cibler les bénéfices indéniables apportés par cette technologie dans leurs missions au quotidien.
Dans cette optique, une approche centrée sur l’utilisateur peut être particulièrement bénéfique. Cela consiste à développer des solutions qui répondent aux attentes de l’ensemble des parties prenantes : direction, managers, RH et collaborateurs. Placer l’utilisateur au cœur de la conception et de la mise en œuvre des solutions garantit une expérience intuitive, transparente et fluide pour tous. De plus, en adoptant un développement et une intégration éthiques de l’IA, les entreprises s’assurent de créer de la valeur pour toutes les parties prenantes, tout en respectant les besoins humains et organisationnels.
Cette vigilance vis-à-vis de l’éthique ne remet pas en question la pertinence de l’IA appliquée aux problématiques RH. Au contraire, elle légitime son utilisation et permet de l’adapter aux spécificités de chaque organisation. L’IA fait désormais partie intégrante des processus RH, et les entreprises n’auront d’autre choix que de l’adopter pour mieux valoriser les expertises internes. En intégrant l’éthique au cœur de cette démarche, elles amorcent un cercle vertueux où innovation, transparence et respect des collaborateurs coexistent harmonieusement.