L’Occitanie est connue pour son industrie aéronautique et spatiale ; elle pourrait rapidement le devenir pour le numérique. Avec 131 000 emplois recensés en 2022, l’Occitanie s’impose, en effet, comme la première région de France (hors Île-de-France) en part d’emplois numériques dans l’économie marchande (7,3 %, contre 5,9 % en moyenne), selon une étude de l’Insee réalisée en partenariat avec la DREETS Occitanie et publiée ce jeudi 12 juin.
La région se distingue tant par la densité de son tissu entrepreneurial dans le numérique que par la diversité des activités couvertes, concentrées autour des technologies de l’information et de la communication (TIC), de la programmation, du conseil et de la communication digitale, souligne l’Insee.
Les effectifs se composent de 116 000 salariés et de 15 000 non-salariés, principalement micro-entrepreneurs. Parmi les salariés, 42 % exercent un métier du numérique dans une entreprise du secteur, 22 % sont des professionnels du numérique employés hors secteur numérique, et 36 % relèvent de fonctions non-numériques (ressources humaines, gestion, etc.) dans des entreprises numériques. La richesse dégagée par ces activités représente 7,7 % de la valeur ajoutée régionale, soit 8,1 milliards d’euros.
Toulouse et Montpellier concentrent à eux seuls plus des trois quarts des emplois numériques
Cette dynamique repose sur les deux grands bassins métropolitains : Toulouse et Montpellier concentrent à eux seuls plus des trois quarts des emplois numériques régionaux. Toulouse, avec 74 000 postes (56 % du total régional), constitue le deuxième pôle numérique de province derrière Lyon. Sa spécificité tient à la forte présence des services informatiques et à l’ancrage de groupes comme Capgemini, Sopra Steria ou Thales, souvent liés à la filière aéronautique. Montpellier, avec 28 000 emplois, offre un tissu plus diversifié, marqué par Dell, Ubisoft, Orange ou Horiba. Les activités de conseil, de développement logiciel ou d’édition y sont bien représentées.
En dehors de ces métropoles, le numérique est moins présent et orienté vers des activités à plus faible valeur ajoutée, notamment la publicité et la communication. Ces territoires proposent des postes davantage tournés vers les fonctions techniques ou de support, avec une moindre proportion de cadres (43 %, contre 72 % dans les métropoles), et des salaires moyens inférieurs (26 500 € nets annuels contre 29 000 €).
Une trop faible présence de femmes
Entre 2018 et 2022, l’emploi numérique en Occitanie a progressé de 5,4 % par an en moyenne, portée par la transformation digitale post-Covid, notamment dans les services liés aux TIC (+ 6,1 %), et les contenus numériques (+ 7,6 %). Toutefois, depuis 2023, la dynamique s’essouffle. La croissance s’est interrompue (-0,3 % en 2023) puis inversée (-3 % en 2024), conséquence du ralentissement des investissements dans les services informatiques, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’incertitudes économiques.
Le secteur reste néanmoins structurant. Les postes sont en majorité en CDI (90 %) et à temps complet (95 %), et les salaires sont supérieurs de 41 % à la moyenne de l’économie marchande régionale. Les professions numériques restent cependant inégalement réparties selon le genre : seulement 24 % des salariés dans ces métiers sont des femmes, avec un écart de rémunération moyen de 13 %, partiellement lié au temps partiel. Seule exception : les techniciennes des réseaux de télécommunications, dont la rémunération dépasse légèrement celle de leurs homologues masculins.
Un écosystème public et privé d’excellence en intelligence artificielle (IA)
La formation par alternance joue un rôle croissant dans l’accès aux métiers du numérique. En 2024, plus de 4 000 contrats d’apprentissage ou de professionnalisation sont enregistrés dans les secteurs numériques, principalement dans les services informatiques (42 %). Les alternants sont dans leur grande majorité titulaires du baccalauréat ou diplômés de l’enseignement supérieur (69 %). Toutefois, la part des femmes reste limitée (40 %).
Portée par un écosystème structuré – laboratoires comme ANITI ou IA Montpellier Méditerranée, supercalculateurs, incubateurs, pôles de compétitivité –, l’Occitanie a également capté 180 millions d’euros de France 2030 pour soutenir sa filière IA. À cela s’ajoute un plan régional de 60 millions d’euros adopté en 2024. Au total, plus de 300 entreprises « cœur IA » y sont implantées, représentant 5 000 emplois à fin 2024.