Conférence des Nations unies : l’Europe présente son Jumeau Numérique de l’Océan, piloté depuis Toulouse
À l’occasion de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan à Nice, l’Europe lance ce 9 juin un projet ambitieux : un Jumeau Numérique de l’Océan. Porté par Mercator Ocean International, basé à Toulouse, ce projet incarne une ambition scientifique et politique : modéliser l’océan en temps réel pour mieux le protéger, mieux le comprendre, et mieux en anticiper les mutations.
Conçu sous l’égide de la Commission européenne, ce jumeau numérique constitue l’un des pivots du Pacte européen pour l’océan. « Ce n’est pas qu’une prouesse technologique : c’est notre boussole collective pour l’avenir de nos écosystèmes marins », affirme Alain Arnaud, responsable de l’Océan Digital chez Mercator Ocean. Basé sur l’intelligence artificielle et une architecture collaborative ouverte, il associe les données issues de Copernicus, du réseau EMODnet et de nombreuses sources satellitaires et in situ. L’objectif : simuler en quelques secondes les effets environnementaux, économiques et sociétaux des activités humaines sur les milieux marins.
La révolution opérée par le Jumeau Numérique de l’Océan (JNO) repose sur une rupture : accélérer la prévision sans sacrifier la précision. Les modèles IA conçus dans ce cadre ont déjà permis d’améliorer de plus de 20 % la précision des courants marins, tout en réduisant l’empreinte énergétique des calculs. C’est une véritable modélisation multidimensionnelle de l’océan qui s’esquisse, à des échelles allant de la saison aux décennies futures.
Un véritable outil opérationnel
Mais le JNO n’est pas une simple vitrine scientifique. Il se veut un outil opérationnel. Un bien public numérique. Accessible aux décideurs, chercheurs, agences environnementales, mais aussi aux citoyens, il rend les données marines intelligibles et actionnables.
Pour la première fois, il sera possible de simuler la trajectoire de tortues marines, d’anticiper l’arrivée des sargasses, d’évaluer la durabilité des stocks de thon ou encore de modéliser la dérive des pollutions plastiques. Les services côtiers ne sont pas en reste, avec la projection des risques d’érosion ou l’évaluation des solutions fondées sur la nature.
Cette approche par les données n’est pas neutre car elle participe de notre souveraineté. « Un Pacte européen de l’océan ambitieux s’appuie sur des connaissances solides et des outils de pointe pour relever la complexité de nos défis. Le Jumeau Numérique de l’Océan deviendra l’une des pierres angulaires de ce pacte », insiste Kęstutis Sadauskas, directeur général adjoint à la Commission européenne.
Le projet s’inscrit également dans une trajectoire plus large : celle de la mission « Restore our Ocean and Waters by 2030 », mais aussi celle de la communauté scientifique mobilisée par l’Europe depuis le One Ocean Summit de Brest. À Nice, le Pavillon Européen de l’Océan Digital mettra en lumière cette dynamique, avec des présentations, des simulations, et une conférence rassemblant 2 000 chercheurs internationaux.
Enfin, sous l’impulsion de la France et de la Norvège, 12 pays ont signé la création de Mercator International Centre for the Ocean, qui est aux océans ce que l’OMS est à la santé. Cette nouvelle organisation internationale offrira des services numériques et systèmes d’information pour l’océan – dont le jumeau numérique.
Qu’est-ce que Mercator Ocean ?
Mercator Ocean International, basé à Toulouse et fondé en 1995, est un leader mondial de l’océanographie numérique. L’organisation fournit des analyses et prévisions océaniques fiables pour la science, les politiques publiques et la société, et emploie 120 personnes sous la direction de Pierre Bahurel. Mercator Ocean gère le service Copernicus Marine pour l’Union européenne et développe, avec ses partenaires européens, le Jumeau Numérique de l’Océan. Elle coordonne également le G7 FSOI (Futur des mers et des océans). Mercator Ocean International est en cours de transformation en organisation intergouvernementale, officialisée lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan le 9 juin, avec l’ouverture à la signature de la convention internationale par les États membres de Copernicus