En 2025, l’intelligence artificielle franchit un seuil inédit. Capable de rivaliser avec les meilleurs programmeurs, elle bouleverse déjà les organisations et place de nombreux métiers sous la menace de l’automatisation. Un rapport de Zety identifie les professions les plus exposées et avance des pistes de reconversion, dans un paysage où l’humain doit redéfinir sa valeur ajoutée.
L’année 2025 marque un tournant. OpenAI (qui a lancé ChatGPT) affirme que son intelligence artificielle (IA) atteint déjà le niveau du cinquantième meilleur programmeur mondial et devrait dépasser les humains d’ici la fin de l’année. Comme ce fut le cas dans les échecs, les machines évoluent désormais dans une sphère inaccessible au cerveau humain. Cette bascule technologique modifie en profondeur le marché du travail, en France comme ailleurs. L’IA ne se contente plus d’assister mais elle peut agir seule et initie des processus et transforme la nature des métiers.
Selon l’OCDE, 27 % des emplois sont menacés d’automatisation complète. En France, cela équivaut à plus de 4 millions de postes directement concernés, et près du double en profonde mutation. La question n’est donc plus de savoir si l’IA remplacera certains métiers, mais lesquels et à quelle vitesse. C’est ce à quoi s’est intéressé Zety, qui identifie dans un rapport les professions les plus exposées et avance des pistes de reconversion
Les secteurs en première ligne
Les emplois les plus fragiles sont ceux dominés par des tâches répétitives et standardisées. Dans les services administratifs, l’automatisation du traitement de courriels, du tri documentaire et de la saisie rend les secrétaires et opérateurs de back-office particulièrement vulnérables.
Dans le transport et la logistique, les entrepôts robotisés et la perspective des véhicules autonomes menacent chauffeurs routiers, livreurs et magasiniers. Le commerce vit une mutation similaire : caisses automatiques, magasins sans personnel et assistants virtuels redessinent la distribution, fragilisant caissiers et vendeurs.
La banque et l’assurance suivent la même trajectoire. Les guichetiers et agents de back-office voient leurs tâches absorbées par des logiciels capables d’analyser un dossier client en quelques secondes. L’industrie enfin, où robots collaboratifs et vision par ordinateur remplacent ouvriers d’assemblage et contrôleurs visuels, connaît une réorganisation profonde. Même la santé n’est pas épargnée : radiologues, anatomopathologistes et secrétaires médicaux voient l’IA interpréter des images ou automatiser des examens de routine.
Le top 10 des professions les plus exposées
Le rapport de Zety, croisant les projections de France Stratégie, de l’OCDE, de l’INSEE et du Forum économique mondial, dresse une liste des dix professions les plus exposées à l’automatisation :
- Opérateurs de saisie et employés de back-office.
- Caissiers et hôtes de caisse.
- Employés administratifs et secrétaires.
- Guichetiers bancaires.
- Comptables et aides-comptables.
- Téléconseillers et standardistes.
- Ouvriers d’assemblage.
- Chauffeurs et livreurs.
- Rédacteurs et traducteurs.
- Graphistes et maquettistes.
Toutes partagent des caractéristiques communes : volume important de tâches standardisées, procédures claires, numérisables et peu dépendantes d’un jugement humain. Chatbots, RPA (automatisation robotisée), reconnaissance optique ou IA générative accélèrent cette substitution.
Les métiers qui résistent
À l’inverse, certains métiers conservent une solide résistance. Ils mobilisent créativité, empathie, discernement ou nécessitent une intervention physique dans des contextes variables. C’est le cas des professions du soin et de l’accompagnement, des artisans du bâtiment, des métiers du conseil et de la gestion humaine, des créateurs artistiques et des techniciens de maintenance. Dans ces domaines, l’IA agit comme un outil d’assistance mais ne peut remplacer la richesse des interactions humaines.
Cette distinction souligne une réalité : ce ne sont pas les métiers dans leur ensemble qui disparaissent, mais les tâches qui les composent. Là où les procédures sont claires et répétitives, l’automatisation progresse. Là où l’imprévu, la subjectivité ou l’expérience priment, l’humain reste incontournable.
Anticiper et rebondir
Rester immobile face à ces mutations serait risqué. Le rapport de Zety souligne l’importance de l’adaptation et de la reconversion. Les dispositifs existants – CPF, CEP, Projets de transition professionnelle – offrent des leviers pour se former. Les pistes sont multiples comme intégrer l’IA dans son métier, se spécialiser dans des fonctions humaines à forte valeur ajoutée (coordination, conseil, encadrement), ou explorer les secteurs porteurs que sont l’intelligence artificielle elle-même, la transition écologique, le médico-social ou la formation.
Les compétences relationnelles – communication, créativité, adaptabilité, esprit critique – deviennent centrales. L’IA gère la routine ; l’humain conserve ce qui échappe à la logique mécanique c’est-à-dire juger, ressentir, inventer.
Une transition à organiser
La transformation n’est toutefois pas qu’individuelle ; elle interpelle aussi pouvoirs publics et entreprises. Sans politique de formation et de reconversion ambitieuse, le risque social est majeur. L’accompagnement collectif est donc une condition indispensable pour transformer cette menace en opportunité.