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Intelligence artificielle-PME : le combat inégal

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L’IA : un chemin européen vers la compétitivité durable

IA



Analyse de Céline Delaugère, fondatrice de My Data Machine

Face au déclin de la productivité européenne, l’intelligence artificielle peut devenir un levier stratégique, à condition d’être adoptée avec discernement, humanité et ambition collective.

Il y a trente ans, la productivité des travailleurs européens rivalisait avec celle des Américains. Aujourd’hui, elle n’en représente plus que 76% en moyenne. Ce déclin n’est pas une fatalité, mais il reflète un retard dans l’adoption de technologies à fort impact comme l’intelligence artificielle. Ce qui manque, ce ne sont ni les idées ni les talents. Non, ce qui manque, c’est une façon d’agir cohérente, humaine et ambitieuse.

Plus de la moitié des grandes entreprises européennes n’ont pas déployé l’IA à grande échelle. Pour les PME, qui forment pourtant la colonne vertébrale économique du continent, l’écart est encore plus important. Et pourtant, ces mêmes entreprises, plus agiles, plus proches du terrain, sont aussi les mieux placées pour tirer parti de l’IA si on leur en donne réellement les moyens.

Ce que l’Europe peut faire différemment

La question n’est pas « Faut-il adopter l’IA ? » mais « Comment l’adopter de manière juste, stratégique et durable ? ».

Pour ça, il est d'abord nécessaire de mettre les données au centre. Une IA n’est jamais meilleure que les données sur lesquelles elle repose. Une donnée mal structurée, biaisée ou mal contextualisée entraînera des décisions erronées, coûteuses, voire dangereuses. L'important est de construire des bases de données solides, propres, diversifiées et utiles. L’Europe a là une carte à jouer, car elle sait encadrer, protéger et faire parler la donnée avec sens.

Mais l’adopter correctement, c’est avant tout penser en écosystèmes. L’un des pièges les plus fréquents, c’est d’imaginer l’IA comme un outil réservé à une direction ou à un département. Or, elle ne déploie tout son potentiel que lorsqu'elle irrigue toute la chaîne de valeur. Il faut décloisonner, créer des ponts entre les métiers et les expertises, faire dialoguer les équipes techniques avec les équipes métiers.

Il faut aussi rassurer et accompagner le personnel, pas le remplacer. Trop souvent, l’IA est perçue comme une menace pour l’emploi. Ce qu’il faut, c’est former, expliquer, impliquer. Et surtout montrer que derrière chaque solution technique, il y a une intention humaine.

Sans compter que sans valoriser la diversité, il sera impossible de réduire les biais. Une IA développée par une équipe homogène est une IA biaisée. Il faut des profils venus de disciplines variées, des femmes et des hommes, des parcours atypiques, des personnes issues de cultures différentes. Cette diversité produit des algorithmes plus intelligents, plus justes, plus efficaces. C’est une question de performance, pas seulement d’éthique.

Également, l’europe doit permettre une expérimentation encadrée. Il faut sortir de l’opposition entre innovation et régulation. Mais cela suppose une confiance réciproque entre acteurs publics, entreprises et citoyens. La régulation n’est pas l’ennemi de l’innovation, elle en est le cadre.

Et enfin, il est possible de construire une souveraineté européenne par la tech responsable. L’enjeu de la souveraineté ne peut plus être ignoré. Nos systèmes de santé, d’énergie, de défense ou même de logistique dépendent de technologies dont les composants critiques sont hors de notre contrôle. Cela veut dire soutenir les entreprises locales, investir dans des infrastructures partagées et favoriser une interopérabilité entre les pays et secteurs.

Pour une IA utile, vivante et résiliente

L’Europe a une chance unique : celle de concevoir une IA qui ne soit ni une fin en soi, ni un simple effet de mode. Une IA au service des humains, de la planète et des entreprises. Une IA capable d’augmenter la productivité sans écraser la créativité. Une IA exigeante sur le fond, sobre dans sa forme, inclusive dans son processus.

Cela demande de la patience et de l’exigence. Mais surtout, cela demande des ponts entre la technologie et la réalité du terrain. C’est dans ces ponts que se joue notre compétitivité future.

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