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Le fact-checking suffit-il à garantir une objectivité journalistique ?

Vérifier les faits est essentiel, car certaines informations sont tout simplement fausses. Mais la manière dont les faits sont sélectionnés et racontés implique un tri, et aucun choix n’est jamais neutre. beast01/Shutterstock Par  Fabrice Flipo , Institut Mines-Télécom Business School Les médias mettent en avant la vérification des faits (« fact checking ») face aux fausses informations (« fake news »). Ils questionnent moins souvent la façon dont les récits sont élaborés (« storytelling »). Quelle pourrait-être la méthode pour construire un discours journalistique objectif et impartial ? Chacun a entendu parler des fake news , qui seraient supposément propagées par les réseaux sociaux. Nombreux sont les médias qui s’équipent de cellules de «  fact checking  » censées les contrer. Mais sont-elles efficaces ? Leur critère est souvent de « revenir aux faits »...

Baromètre Ecolhuma : 7 professeurs sur 10 utilisent l’IA, surtout pour gagner du temps

 

IA


Selon le premier baromètre Ecolhuma, près de 70 % des enseignants français ont déjà recours à l’intelligence artificielle, principalement pour créer des ressources ou préparer des évaluations. Si l’IA séduit par son gain de temps, son impact pédagogique reste limité, tandis que persistent de fortes inquiétudes quant à l’usage non encadré qu’en font les élèves.

Alors que la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne lance en cette rentrée un dispositif de formation des enseignants à l’intelligence artificielle, s’appuyant sur un « Cadre d’usage de l’IA en éducation » publié en juin, le baromètre Ecolhuma sur l’IA dans l’éducation montre que les professeurs se sont déjà largement emparés de ce nouvel outil.

Ce premier baromètre, mené auprès de 1962 enseignants entre le 14 et le 31 mai 2025, révèle, en effet, un double constat. D’un côté, près de sept enseignants sur dix ont déjà testé un outil d’IA dans leur pratique professionnelle, et la moitié déclare l’utiliser chaque semaine. De l’autre, les usages demeurent concentrés sur des tâches périphériques, loin des promesses de transformation pédagogique.

L’IA sert aux enseignants à gagner du temps

62 % des enseignants déclarent recourir à l’IA pour trouver des idées, 53 % pour créer des ressources, et 50 % pour générer des évaluations. En revanche, seuls 24 % l’utilisent pour des tâches administratives et à peine 8 % pour de l’apprentissage adaptatif. Autrement dit, l’IA sert avant tout à gagner du temps – 67 % des répondants citent cet objectif comme bénéfice majeur – bien plus qu’à repenser en profondeur les modalités d’enseignement.

Cette appropriation inégale reflète les profils distincts identifiés par l’étude : « convaincus » (38 %), « pragmatiques » (41 %) et « réticents » (21 %). Si les premiers perçoivent l’IA comme un levier pédagogique puissant, les seconds l’envisagent surtout comme un outil d’efficacité. Les plus réticents, eux, en redoutent les dérives et en minimisent les bénéfices. La régularité des usages illustre ces écarts : seuls 18 % des enseignants réticents utilisent l’IA de manière hebdomadaire, contre 66 % des convaincus.

Inquiète quant à l’usage de l’IA par les élèves

Au-delà des pratiques déclarées, une inquiétude persiste face aux usages autonomes des élèves. Dans le secondaire, 93 % des enseignants affirment que leurs élèves recourent à l’IA pour « aller vite sans comprendre », et 87 % pour réaliser leurs devoirs à leur place. Ces comportements, souvent invisibles ou non déclarés, nourrissent la prudence des enseignants et soulignent l’absence d’encadrement institutionnel.

C’est précisément sur ce terrain que se cristallisent les attentes. Près de 80 % des enseignants réclament une formation technique et pédagogique à l’IA, afin d’en maîtriser les usages sans les subir. Ils demandent également la mise en place d’un cadre clair pour l’usage des outils par les élèves et les enseignants (59 %), et une gouvernance publique garantissant des solutions open source (59 %). Enfin, l’équité d’accès aux outils et la recherche sur leurs impacts sont perçues comme des priorités complémentaires.

Le rôle central de l’humain dans l’acte éducatif

Face aux projections d’une école transformée par l’IA, les enseignants réaffirment le rôle central de l’humain dans l’acte éducatif. Le baromètre met en évidence la hiérarchisation des compétences jugées essentielles à transmettre : l’esprit critique arrive en tête, bien avant les savoir-faire techniques. Plus qu’une adoption naïve des technologies, les enseignants revendiquent une appropriation encadrée, exigeante et alignée avec leur mission fondamentale.

En définitive, l’IA progresse dans l’éducation française, mais elle demeure confinée à des usages de confort. L’absence de politique publique lisible et de dispositifs de formation généralisés limite pour l’heure son potentiel pédagogique. Si l’adhésion croît, elle reste conditionnée à une appropriation collective et institutionnelle. La demande est claire : maîtriser l’outil pour qu’il reste au service de l’école, et non l’inverse.

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