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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

  Par  Sibylle Turo , Université de Montpellier et Anne-Sophie Cases , Université de Montpellier Aujourd’hui, les écrans et les notifications dominent notre quotidien. Nous sommes tous familiers de ces distractions numériques qui nous tirent hors de nos pensées ou de notre activité. Entre le mail important d’un supérieur et l’appel de l’école qui oblige à partir du travail, remettant à plus tard la tâche en cours, les interruptions font partie intégrante de nos vies – et semblent destinées à s’imposer encore davantage avec la multiplication des objets connectés dans les futures « maisons intelligentes ». Cependant, elles ne sont pas sans conséquences sur notre capacité à mener à bien des tâches, sur notre confiance en nous, ou sur notre santé. Par exemple, les interruptions engendreraient une augmentation de 27 % du temps d’exécution de l’activité en cours. En tant que chercheuse en psychologie cognitive, j’étudie les coûts cognitifs de ces interruptions numériques : au

Au Cebit, les puces se mettent au vert

Le plus grand salon mondial des hautes technologies, le Cebit, se tient jusqu'à demain à Hanovre, en Allemagne, avec pour la première fois une réelle prise en compte des questions écologiques. Rendre l'économie numérique plus verte est, en effet, devenu un défi majeur pour une industrie qui, sous couvert d'apporter le progrès, s'est longtemps désintéressée de l'impact environnemental de ce qu'elle fabrique. Cartes mères d'ordinateurs, boîtiers, écrans, imprimantes, téléphones portables, etc. Ces produits contiennent encore de nombreuses substances toxiques et leur recyclage reste bien aléatoire.

À côté de cette pollution « physique », le secteur électronique est également l'un de ceux qui consomment le plus d'énergie, et il dégage presque autant d'émissions de CO2 que le transport aérien. « Les ordinateurs et l'informatique sont peut-être l'industrie dont la consommation d'énergie augmente le plus vite au monde », concédait Steve Ballmer, le PDG de Microsoft, invité d'honneur du salon. Car derrière les mondes virtuels d'internet se trouvent des infrastructures techniques bien réelles : les fameux centres de données (data centers) dont certains occupent une surface égale à sept terrains de football. Ces « fermes informatiques » qui stockent et transmettent les données dont nous avons besoin 24 heures sur 24 toute l'année sont extrêmement voraces en énergie.

Pour faire prendre conscience de l'énergie consommée, rien de mieux que d'édifiantes comparaisons. Faire une simple recherche sur Google est équivalent à consommer une heure de lumière d'une ampoule à économie d'énergie ! Télécharger la version électronique d'un journal revient à consommer autant d'électricité que pour faire une lessive. Et un personnage virtuel du site Second Life consomme autant d'électricité... qu'un habitant du Brésil, bien réel lui.

Selon l'université de Stanford, les plus grandes fermes informatiques du monde font tourner chaque année 14 centrales électriques ; leurs besoins ayant doublé entre 2000 et 2005. « Dans moins d'un quart de siècle, l'internet à lui seul consommera autant d'énergie que toute l'humanité aujourd'hui », alerte Gerhard Fettweis de l'université de Dresde.

Dès lors l'avènement de « technologies vertes » est plus que jamais d'actualité et les constructeurs, petit à petit, commencent à s'y mettre.

un effet marketing pour Greenpeace

Cela passe bien sûr par une conception différente des fermes informatiques mais aussi, et c'est plus visible pour le grand public, par des matériels plus écologiques. Microsoft a ainsi présenté un logiciel permettant aux particuliers de réguler leur consommation électrique ; Fujitsu-Siemens a dévoilé un appareil ne consommant rien à l'état de veille et offre à ses clients des « bons » auprès d'un fournisseur d'électricité à base d'énergies renouvelables, etc. Mais ces efforts restent insuffisants pour Greenpeace, qui dénonce un « effet marketing. » Sur 37 produits testés par l'association écologiste, 3 seulement obtiennent la moyenne. « Les fabricants prennent de plus en plus au sérieux les impacts sur l'environnement de leurs produits, mais ils ont encore un long chemin à faire », conclut Yannick Vicaire, chargé de la campagne Toxiques de Greenpeace.

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