Et si nos toilettes devenaient les alliées de notre santé ? Cette question, qui aurait paru incongrue il y a encore quelques années, est en train de devenir plus pertinente que jamais avec de nouvelles innovations. Depuis plusieurs décennies, le Japon a déjà fait des toilettes un objet technologique à part entière. Chauffage de la lunette, jets d’eau réglables, désodorisation automatique : ces WC high-tech font partie du quotidien. Avec les prototypes récents de la société Toto , une nouvelle étape est désormais franchie : la cuvette devient un instrument d’observation du corps. Le fabricant japonais a présenté un système capable d’analyser les selles grâce à des capteurs optiques et des algorithmes, en évaluant leur forme, leur couleur ou leur consistance afin d’en tirer des indicateurs digestifs transmis à une application dédiée sur son smartphone. Longtemps cantonnée au confort et à l’hygiène, la « smart toilet » (toilette intelligente) s’ouvre ain...
La parole «décomplexée», violente, insultante, raciste, homophobe ou antisémite qui semble s’être libérée dans la rue et plus généralement dans l’espace public - notamment depuis les débats sur le mariage pour tous - l’a d’abord été, et continue de l’être, sur internet et les réseaux sociaux au sein de ce que l’on appelle la «fachosphère». Dans cette nébuleuse de sites web ou de pages Facebook aux contours flous s’exprime une haine quotidienne. Au centre de cette constellation, des sites ou des blogs d’extrême droite très actifs - comme Français de souche ou Novapresse - et dont certains sont clairement racistes et xénophobes. S’ils relaient souvent les thèses du Front national, ils savent aussi s’en éloigner pour exprimer des opinions bien plus radicales. Tous explorent souvent, sur fond conspirationniste, les mêmes thèmes jusqu’à la caricature, relayant rumeurs et fausses informations : l’immigré responsable du chômage, les francs-maçons et l’establishment qui cachent des choses, l’islam qui veut imposer la charia, etc.
Cette nébuleuse numérique se développe d’autant plus facilement qu’elle profite à plein de deux éléments au fondement du web. Le premier, ce sont les liens hypertextes qui permettent de relier entre eux tous ces sites vecteurs de haine. De clics en clics, on navigue ainsi sur les sites identitaires, traditionalistes, réactionnaires, fondamentalistes, etc. En 2011, les étudiants de l’École supérieure de journalisme de Lille avaient répertorié, dans le cadre du projet Trans Europe Extrême, pas moins de 377 blogs et sites liés à la fachosphère. Un nombre qui n’est pas allé en diminuant.
L'anonymat désinhibe la parole
Le second élément qui pousse à la multiplication de ces sites est bien sûr l’anonymat des auteurs des commentaires qui rédigent leurs textes sous pseudonyme. Un anonymat certes illusoire puisque la justice a les moyens de retrouver l’auteur de textes tombant sous le coup de la loi, mais un anonymat qui désinhibe la parole extrême comme le constate Christophe Alcantara, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’université Toulouse I-Capitole. «Il y a deux composantes : le fait de se cacher participe à désinhiber les gens, mais ce qui désinhibe aussi c’est la mise à distance. Il est beaucoup plus facile d’insulter quand on n’a pas la personne en face», explique le chercheur. «Quand on prend de la hauteur sur la fachosphère, comme d’ailleurs sur l’islamosphère djihadiste, on voit des mouvements identitaires, des sentiments communautaires dont la dynamique est développée par les réseaux sociaux. On a des gens qui pensent les mêmes choses, se rassurent entre eux et créent un phénomène qui s’auto-entretient par des itérations successives. Il y a alors un vrai sentiment de toute-puissance.» Et trop souvent d’impunité...
