Accéder au contenu principal

Approches, acteurs, enjeux, secrets, guerre hybride : plongée au coeur des services de renseignement dans le monde

On leur devait déjà le remarquable « Opération d’influences chinoises : un moment machiavélien » (Ed. Les Equateurs) qui, en septembre 2021, détaillait minutieusement comment la Chine entendait « vaincre sans combattre, en façonnant un environnement favorable » à ses intérêts, en enrôlant, entre autres, des personnalités de premier plan en France. Aujourd’hui le duo formé par Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Institut de recherche stratégique de l’école minimaire (IRSEM) et Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, docteur en science politique et en philosophie, ancien directeur de l’IRSEM et aujourd’hui ambassadeur de France au Vanuatu, publient aux Presses universitaires de France (PUF) un colossal « Les mondes du renseignement. Approches, acteurs, enjeux. ». Cette somme de 584 pages constitue une véritable encyclopédie sur le renseignement et une mine d’informations pour comprendre le rôle crucial qu’il a aujourd’hui dans un monde mul

Start-up, le Cloud vous tue !



Par Saad Zniber, co-fondateur de Yatedo

La disruption digitale telle qu'on la connaît aujourd'hui touche tous les secteurs d'activités et est devenue une usine à opportunités pour qui saura prendre son courage à deux mains pour se lancer dans les abîmes de l'aventure entrepreneuriale. Bien que cette aventure soit pleine de complexités, tout nouvel entrepreneur a aujourd'hui la chance de pouvoir choisir des outils innovants pour l'aider et accompagner son développement. Une multitude de solutions automatisent et accompagnent les jeunes créateurs d'entreprise dans les tâches les plus complexes, allant du juridique jusqu'au traitement des paiements en ligne, les libérant ainsi complètement pour se concentrer pleinement sur leurs produits ou solutions. Cette automatisation est devenue une nécessité pour augmenter la compétitivité et la rapidité d'exécution à la création de ces toutes jeunes entreprises. Il n'en demeure pas moins qu'elle cache dans certaines situations des surprises de bien mauvais goût. Parmi ces solutions prisées par les jeunes entrepreneurs, une dont on ne cesse d'entendre parler : le Cloud.

Toute startup qui se crée et se lance dans n'importe quelle forme de disruption digitale aujourd'hui se doit d‘utiliser le Cloud.  Simple à mettre en place, rapide et surtout offrant des opportunités de scalabilité n'existants nulle part ailleurs. C'est le choix par défaut pour mettre en place une infrastructure robuste et créer le futur Uber, Airbnb ou Spotify.

En réalité, les apparences peuvent s'avérer trompeuses.


Une « Cloud dépendance »

En choisissant le Cloud, la startup délègue la gestion d'une partie cruciale de son activité. Elle ne se met donc pas en capacité d'acquérir les compétences nécessaires pour la mise en place d'une infrastructure solide qui saura l'accompagner dans le développement de ses différents produits/services mais également dans sa faculté à les délivrer à ses clients dans des conditions d'utilisations optimales. Pourtant, la combinaison de ces compétences est la raison d'être d'une entreprise, et donc de son aspect vital.
Cette dépendance pose également problème lorsque, pour reprendre le contrôle des coûts en basculant sur un type d'infrastructure basé sur des serveurs physiques, elle n'a pas la latitude de le faire seul.
Snapchat, qui souhaitait sortir de cette Cloud dépendance, a finalement renoncé en signant un nouveau bail de 5 ans, pour 2 milliards de dollars, avec le nuage de Google. Snapchat admet, dans un rapport transmis à la SEC, que cette dépendance est un facteur de risque : «toute perturbation importante lors de notre utilisation de Google Cloud aurait un impact négatif sur nos activités et l'entreprise serait sérieusement impactée. Nous risquons de perdre des utilisateurs, des annonceurs, des partenaires et nuire à notre réputation». Les questions financières n'arrangent pas la situation : «Les coûts d'hébergement augmentent au fur et à mesure que notre base clients s'accroît, un problème sur Google Cloud pourrait nuire gravement à nos activités en n'augmentant pas plus rapidement nos revenus que le coût d'utilisation des services de Google».
Le contrat annuel de Snapchat au Cloud de Google équivaut au chiffre d'affaire 2016 de la marque au fantôme, soit 405 millions de dollars. Si Snapchat ne met pas en place sa propre plateforme, c'est justement parce qu'elle n'a pas la capacité de le faire d'elle-même. Débaucher un spécialiste engagerait des dépenses conséquentes et la migration prendrait énormément de temps. C'est pourquoi aujourd'hui Snapchat, comme de nombreuses startups, se résout finalement à assumer les conséquences de cette dépendance, quitte à stagner dans son évolution.


Une solution coûteuse

Cette solution, qui à première vue semble idéale et facile, est en réalité très coûteuse. Sur le Cloud, les frais de stockage sont relativement bas. C'est trompeur, puisqu'il faut aussi tenir compte des frais de transferts qui gonflent de façon exponentielle, en même temps que le nombre d'utilisateurs. C'est un cercle vicieux dont il faut rapidement sortir. Début 2016, Dennis Woodside, COO de Dropbox, a fait ce choix. Il a développé ses propres infrastructures pour reprendre le contrôle des opérations de stockage des données. Cette initiative permet à Dropbox de réaliser des économies considérables.
La gestion de la trésorerie est un facteur clé de succès pour le développement d'une startup. Les liquidités des startups sont limitées et leur gestion délicate en période de croissance. Elles doivent être réparties judicieusement surtout quand on sait que l'insuffisance de fonds est synonyme d'échec pour 29% des startups.
Les fonds nécessaires pour soutenir l'activité de l'entreprise augmentent plus rapidement que le chiffre d'affaires. À cela s'ajoute la nécessité de recruter plus de collaborateurs pour assumer la transformation de l'activité en phase de croissance. C'est une réalité à intégrer dans la stratégie de départ pour avoir une vision sur le long terme. Un bon recrutement coûte cher, mais beaucoup moins qu'une erreur de casting souvent due à un manque de vision.


L'entreprise innovante a besoin de collaborateurs et d'infrastructures qui s'adaptent à son évolution et à son rythme

La réussite d'une startup dépend de plusieurs facteurs mais particulièrement de l'équipe et de la capacité du chef d'entreprise à identifier en amont ses besoins en recrutement. Cela se vérifie puisqu'on constate aujourd'hui que l'un des postes les plus pénurique du secteur des startups technologiques est le dévops. Véritable magicien des infrastructures, il transforme les étapes du développement produit et s'assure de la robustesse de l'infrastructure qui le supporte en toutes circonstances. Ce talent est capable de monter en compétences au rythme de la croissance de l'entreprise ; il garantit la livraison des produits dans les conditions optimales d'utilisation sans pour autant engendrer des coûts faramineux. Il est également en mesure de suggérer le choix du Cloud ou d'une infrastructure de stockage propre à l'entreprise en créant des simulations et des projections financières permettant de faire un choix avisé. Toutefois, qui dit poste pénurique dit forcément salaire élevé. C'est un problème auquel se heurte les jeunes entreprises qui ne se battent pas à armes égales avec les grands groupes pour attirer ces jeunes talents (CE, divers avantages, plus grande capacité d'offrir de meilleurs salaires). Heureusement, aujourd'hui le monde du recrutement est en pleine mutation technologique.
Les algorithmes détectent les profils en devenir, ceux prêts à bouger mais aussi les postes similaires (les appellations de certains postent variant selon les entreprises), ce qui permet de cibler les talents capables d'aider une entreprise à atteindre ses objectifs. Grâce aux nouveaux outils de recrutement et à l'intelligence artificielle, elle est en mesure de cibler des talents qui l'accompagneront dans ses projets d'innovation et des personnalités autodidactes qui développeront leurs compétences à son rythme. L'entreprise innovante a besoin de collaborateurs et d'infrastructures qui s'adaptent à son évolution et à son rythme.

La mise en place de son infrastructure physique permet à l'entreprise de pouvoir anticiper son budget, les frais de transferts étant fixes quelque soit le trafic. Ce qui n'est pas le cas du Cloud puisque les coûts augmentent très vite et qu'il est impossible de chiffrer précisément leur augmentation, en particulier durant la phase cruciale de croissance.
Suite à la migration vers ses propres infrastructures de stockage par ses développeurs, Dropbox a accentué sa croissance, son chiffre d'affaires récurrent 2016 atteignant pour la première fois le milliard de dollars. Selon Robert Mahowald, Vice Président en charge des programmes de recherche sur les applications et les logiciels cloud chez IDC, Dropbox est l'entreprise SaaS à avoir dépassé ce chiffre d'affaires le plus rapidement, soit en 8 ans.

Si l'utilisation du Cloud, pour lancer sa startup, semble la situation la plus simple et la moins coûteuse, le nuage peut rapidement se transformer en brouillard. Lorsque la situation financière se dégrade, et il est difficile de se libérer de cette Cloud dépendance et de ses conséquences. Le choix du Cloud fait partie d'une stratégie sur le moyen/long terme. Si pour certaines activités le Cloud est la solution idéale, pour d'autres c'est un piège dont il faut se sortir avant qu'il ne soit trop tard. Il est crucial de faire des choix stratégiques en matière de recrutement dès le lancement de la startup pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation en recrutant la personne qui sera capable de faire évoluer l'entreprise au bon moment. Cette dépense, qui au départ peut sembler futile, se révèlera capitale dans le succès et la rentabilité pérenne de l'entreprise.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

Midi-Pyrénées l’eldorado des start-up

Le mouvement était diffus, parfois désorganisé, en tout cas en ordre dispersé et avec une visibilité et une lisibilité insuffisantes. Nombreux sont ceux pourtant qui, depuis plusieurs années maintenant, ont pressenti le développement d’une économie numérique innovante et ambitieuse dans la région. Mais cette année 2014 pourrait bien être la bonne et consacrer Toulouse et sa région comme un eldorado pour les start-up. S’il fallait une preuve de ce décollage, deux actualités récentes viennent de l’apporter. La première est l’arrivée à la tête du conseil de surveillance de la start-up toulousaine Sigfox , spécialisée dans le secteur en plein boom de l’internet des objets, d’Anne Lauvergeon, l’ancien sherpa du Président Mitterrand. Que l’ex-patronne du géant Areva qui aurait pu prétendre à la direction de grandes entreprises bien installées, choisisse de soutenir l’entreprise prometteuse de Ludovic Le Moan , en dit long sur le changement d’état d’esprit des élites économiques du pay

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Ce que les enfants comprennent du monde numérique

  Par  Cédric Fluckiger , Université de Lille et Isabelle Vandevelde , Université de Lille Depuis la rentrée 2016 , il est prévu que l’école primaire et le collège assurent un enseignement de l’informatique. Cela peut sembler paradoxal : tous les enfants ne sont-ils pas déjà confrontés à des outils numériques, dans leurs loisirs, des jeux vidéos aux tablettes, et, dans une moindre mesure, dans leur vie d’élève, depuis le développement des tableaux numériques interactifs et espaces numériques de travail ? Le paradoxe n’est en réalité qu’apparent. Si perdure l’image de « natifs numériques », nés dans un monde connecté et donc particulièrement à l’aise avec ces technologies, les chercheurs ont montré depuis longtemps que le simple usage d’outils informatisés n’entraîne pas nécessairement une compréhension de ce qui se passe derrière l’écran. Cela est d’autant plus vrai que l’évolution des outils numériques, rendant leur utilisation intuitive, a conduit à masquer les processus in

La fin des cookies tiers ne répond pas au besoin de contrôle des internautes sur leurs données

Pour le moment, la plupart des solutions alternatives aux cookies privilégient l’objectif commercial aux dépens des attentes des internautes. Piqsels , CC BY-SA Par  Carlos Raúl Sánchez Sánchez , Montpellier Business School – UGEI ; Audrey Portes , Montpellier Business School – UGEI et Steffie Gallin , Montpellier Business School – UGEI Les révélations du Wall Street Journal contenues dans les « Facebook Files » , publiés en septembre dernier, ont une nouvelle fois montré que les utilisateurs s’exposaient à des risques liés à la divulgation des informations personnelles. Les réseaux sociaux ne sont pas les seuls en cause : les nombreux data breach (incidents de sécurité en termes de données confidentielles) rendus publics, illustrent régulièrement la vulnérabilité des individus face à une navigation quotidienne sur les moteurs de recherche, sites de e-commerce et autres ayant recours à des « cookies tiers » , ces fichiers de données envoyés par