
Alors que le Salon du livre s’est ouvert hier à Paris, le livre est en passe de connaître une révolution aussi capitale que l’invention de l’imprimerie par Gutenberg en 1538 : celle du numérique.Certes, il existe depuis déjà longtemps des livres «virtuels», c’est-à-dire des textes – et des images – lisibles sur un écran d’ordinateur, celui d’un organiseur électronique ou encore celui des e-book au succès très mitigé.
Google book
Et les grands projets de bibliothèques numériques, aux États-Unis avec Google Book ou en Europe sous l’impulsion de la Commission européenne ou de grandes bibliothèques nationales, sont bel et bien devenus des réalités désormais incontournables dans le partage du savoir et de la connaissance. Mais il ne s’agissait là que de la première partie de la révolution numérique, consacrée au fond. L’on aborde aujourd’hui la forme et c’est le livre-objet même qui va connaître sa révolution. L’accélérateur : l’écran numérique souple. Longtemps annoncée mais ne dépassant pas le stade de concept ou de prototype, la technologie arrive à maturité. Les constructeurs d’électronique grand public (Philips, Samsung, Plastic Logic, etc.) maîtrisent l’électrophorétique qui permet de construire des écrans souples aussi fins que du papier. Jusqu’à présent minuscules et noir et blanc, ces écrans découvrent la couleur et des tailles plus respectables, jusqu’à 45 cm.
Journal du futur
Dès lors, la première application de ces feuilles électroniques pourrait se trouver dans la presse. En ligne de mire, ce que les spectateurs ont pu voir dans le film Minority Report : un journal dont les pages – statiques ou animées – s’affichent sur l’écran souple et sont mises à jour en temps réel par les ondes (WiFi ou Bluetooth). Aujourd’hui, toutes ces technologies existent déjà ; ne reste plus qu’à les mettre en musique en augmentant concomitamment la taille des écrans, leur définition et l’autonomie de ces appareils. Mais déjà, les premiers tests de feuilles électroniques sont en cours. En Belgique, 200 lecteurs du quotidien De Tijd s’apprêtent à lire leur journal sur le iLiad (ci-contre), une tablette développée par la société hollandaise Irex Technologie. Équipée de connexions WiFi, USB, elle permet aussi de lire des livres, des supports de cours, des plans. Elle utilise la technologie d’encre électronique e-ink. La France n’est pas en reste et ce sont nos confrères Les Échos qui devaient présenter hier une version expérimentale du journal économique sur e-papier.
Sony croit au livre électronique
Le livre électronique n’en est pas à son coup d’essai. À la fin des années 90, la société Cytale proposait le Cybook. Mais cette tablette électronique cumulait les inconvénients : lourde, peu autonome, avec un format de fichier fermé, un mode de commercialisation des e-livres perfectible et, surtout, un prix prohibitif. Ce fut un échec. Le Cybook vient toutefois de renaître grâce à la société Booken avec une version remaniée sans fil. Mais c’est avec l’encre électronique que les livres numériques pourraient décoller. On l’a vu avec la tablette iLiad (ci-dessus) ou encore avec le nouvel e-book que Sony a présenté en janvier au CES de Las Vegas. Capable de lire plusieurs formats informatiques, cette tablette à encre électronique de 250 g, pourra afficher 7500 pages sans être rechargée. Mais son coût – entre 250 et 330 € – reste encore élevé et les consommateurs pourraient préférer d’autres appareils (lecteurs vidéos, PDA, etc.)
Pour en savoir plus
> Les bibliothèques numériques face aux contraintes techniques. Un dossier du Journal du Net.
> Le site de Pastic Logic. La société fabrique des écrans souples.
> L'encre électronique expliqué par la société e-Ink
> Le projet d'IBM primé en 1999