Accéder au contenu principal

Deepfake, décryptage d’une arnaque

Par Thomas Mannierre, Directeur EMEA Sud de BeyondTrust L’IA a fait entrer les braquages dans une nouvelle dimension. Plus besoin d’une cagoule noire désormais. En améliorant les attaques d'ingénierie sociale modernes, l’IA a donné naissance à un autre type de menaces : les deepfakes. Bienvenue dans ce qui pourrait être un épisode de Black Mirror ! Le faux CFO de Hong Kong En début d’année, une entreprise à Hong Kong s’est vue escroquée de 25,6 millions de dollars par un hacker utilisant l’IA et la technologie deepfake pour usurper l’identité d’un directeur financier. Si l'on en croit les rapports d’enquête, l'attaque a simulé un environnement de vidéoconférence complet et utilisé une fausse identité d'un important directeur financier de Hong Kong et d'autres participants à la réunion. La victime ciblée du département financier s'est d'abord méfiée d'un e-mail de phishing prétendant provenir du directeur financier. Cependant, la victime a rejoint une con

La ville numérique se dessine


Quel est l'impact des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans l'activité des villes ? Contribuent-elles à leur développement ? Quels usages nouveaux induisent-elles ?

C'est pour répondre à toutes ces questions que "La Mêlée numérique", "Petit Deviendra Grand" et SFR, avec le soutien de la mairie de Toulouse et de la Caisse des Dépôts, ont invité ce vendredi à Toulouse Daniel Kaplan, délégué de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) pour évoquer la Ville 2.0, en référence au web 2.0.

La montée en puissance de la cartographie

La ville et le numérique ? Voilà bien deux sujets qui semblent aux antipodes. Une ville n'étant pas par essence numérique. Et pourtant... "L'un des phénomènes majeurs est la montée en puissance de la carte. Elle ne sert plus seulement à se repérer mais à y projeter des informations", explique l'expert. Un engouement notamment permis par Google et son service GoogleMaps. La possibilité d'utiliser les fonds de carte de Google et de les combiner avec d'autres données (ce que l'on appelle le mashup) donne lieu d'une part à des cartes personnalisées (avec les restaurants que l'on préfère, des photos des lieux, la position de tel ou tel membre d'une communauté, etc.) et d'autres part à de nombreuses applications, comme celles réalisées par des utilisateurs des Vélib' parisiens qui voulaient savoir si des vélos ou des places étaient disponibles sur telle ou telle station.

"Aujourd'hui, la ville se dessine, s'organise, se contrôle numériquement. En collectant des données, on pense des aménagements qui ne pouvaient pas se penser en travaillant avec une planche et un crayon", explique Daniel Kaplan.

Des projets innovants reliant monde virtuel et réel

Mais si la population s'est appropriée les outils du web 2.0, et notamment les applications cartographiques, les cités en ont-elles fait autant ? "Tous les élus ne n'ont pas vu ce phénomène", concède Daniel Kaplan. D'où le travail pédagogique et d'éveil remarquable effectué par la FING et ses partenaires pour imaginer les passerelles entre le monde cybernétique du web 2.0 et le monde bien réel de la ville.

Aux points de jonction de ces deux mondes, de nombreux projets innovants sont conçus par des collectivités, des entreprises, des opérateurs, des citoyens. Comme le City wall. Ce mur électronique est en fait un écran tactile multipoint interactif qui constitue un média urbain et un nouveau mode de création.

Autre projet innovant, le City scan, qui consiste en la collecte d'un maximum de données possibles de la ville. Capteurs de pollution, de bruit, de trafic routier, de caméras de vidéosurveillance, etc. sont rassemblés pour donner des applications cartographiques à forte valeurs ajoutées.

Un autre projet, que porte avec beaucoup de force la FING, est celui intitulé City pulse, qui consiste en une montre un peu spéciale. Il s'agit de "multiplier par 1000 le nombre de capteurs environnementaux dans la ville et, en faisant participer les citoyens à la mesure environnementale, les associer d'une manière directe à la construction d'une ville durable", explique Daniel Kaplan. Cette montre en cours de conception est ainsi dotée de capteur de pollution et de bruit, d'un GPS et d'une carte SIM.

La multiplication des réseaux de télécommunication, la démocratisation - certes encore bien insuffisante - de l'accès à internet et des appareils le permettant, le dynamisme du web 2.0, la prise de conscience progressive des élus font que le concept de Ville 2.0 est peu à peu en train de prendre corps. Reste que sa mise en place devra s'accompagner d'un long travail d'explication et de concertation car les enjeux ne sont pas qu'urbanistiques ou techniques ; ils posent aussi de nombreuses questions éthiques relatives à la protection de la vie privée, aux règles qu'il convient de fixer pour limiter les abus, etc. La Ville 2.0 sera aussi celle que feront les citoyens.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Comment les machines succombent à la chaleur, des voitures aux ordinateurs

  La chaleur extrême peut affecter le fonctionnement des machines, et le fait que de nombreuses machines dégagent de la chaleur n’arrange pas les choses. Afif Ramdhasuma/Unsplash , CC BY-SA Par  Srinivas Garimella , Georgia Institute of Technology et Matthew T. Hughes , Massachusetts Institute of Technology (MIT) Les humains ne sont pas les seuls à devoir rester au frais, en cette fin d’été marquée par les records de chaleur . De nombreuses machines, allant des téléphones portables aux voitures et avions, en passant par les serveurs et ordinateurs des data center , perdent ainsi en efficacité et se dégradent plus rapidement en cas de chaleur extrême . Les machines génèrent de plus leur propre chaleur, ce qui augmente encore la température ambiante autour d’elles. Nous sommes chercheurs en ingénierie et nous étudions comment les dispositifs mécaniques, électriques et électroniques sont affectés par la chaleur, et s’il est possible de r

De quoi l’inclusion numérique est-elle le nom ?

Les professionnels de l'inclusion numérique ont pour leitmotiv la transmission de savoirs, de savoir-faire et de compétences en lien avec la culture numérique. Pexels , CC BY-NC Par  Matthieu Demory , Aix-Marseille Université (AMU) Dans le cadre du Conseil National de la Refondation , le gouvernement français a proposé au printemps 2023 une feuille de route pour l’inclusion numérique intitulée « France Numérique Ensemble » . Ce programme, structuré autour de 15 engagements se veut opérationnel jusqu’en 2027. Il conduit les acteurs de terrain de l’inclusion numérique, notamment les Hubs territoriaux pour un numérique inclusif (les structures intermédiaires ayant pour objectif la mise en relation de l’État avec les structures locales), à se rapprocher des préfectures, des conseils départementaux et régionaux, afin de mettre en place des feuilles de route territoriales. Ces documents permettront d’organiser une gouvernance locale et dé

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl

Des conseils d'administration inquiets et mal préparés face à la menace cyber

Alors que les Assises de la Sécurité ouvrent leurs portes ce mercredi 11 octobre, pour trois jours de réflexion sur l’état de la cybersécurité en France, la société de cybersécurité Proofpoint f ait le point sur le niveau de préparation des organisations face à l’avancée de la menace.  Cette année encore, les résultats montrent que la menace cyber reste omniprésente en France et de plus en plus sophistiquée. Si les organisations en ont bien conscience,  augmentant leur budget et leurs compétences en interne pour y faire face, la grande majorité d’entre elles ne se sont pour autant, pas suffisamment préparées pour l’affronter réellement, estime Proofpoint. En France, 80 % des membres de conseils d’administration interrogés estiment que leur organisation court un risque de cyberattaque d’envergure, contre 78 % en 2022 – 36 % d’entre eux jugent même ce risque très probable. Et si 92 % d’entre eux pensent que leur budget lié à la cybersécurité augmentera au cours des 12 prochains mois, ces

L’Europe veut s’armer contre la cybercriminalité avec le Cyber Resilience Act

  Par  Patricia Mouy , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et Sébastien Bardin , Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Assez des cyberattaques  ? La loi sur la cyberrésilience, ou Cyber Resilience Act a été adoptée par les députés européens le 12 mars dernier et arrive en application dans les mois à venir, avec l’ambition de changer la donne en termes de sécurité des systèmes numériques en Europe. Alors que les systèmes numériques sont littéralement au cœur des sociétés modernes, leurs potentielles faiblesses face aux attaques informatiques deviennent des sources de risques majeurs – vol de données privées, espionnage entre états ou encore guerre économique. Citons par exemple le cas de Mirai , attaque à grande échelle en 2016, utilisant le détournement de dispositifs grand public comme des caméras connectées pour surcharger des domaines Internet d’entreprise, attaque de type DDoS (déni de service distribué)