Accéder au contenu principal

Sur Internet, des adolescents confrontés de plus en plus jeunes à des images pornographiques

Par  Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Radio : les petites stations menacées par le numérique


La radio numérique, c'est pas fantastique. Telle est l'analyse que font de plus en plus de petites stations de radios locales ou associatives, confrontées au très coûteux passage au tout numérique, programmé d'ici la fin de l'année après plus d'un an de retard sur le calendrier initial.

Jusqu'à présent, ces stations - nées pour certaines d'entre elles il y a 25 ans avec le mouvement des radios libres - diffusaient elles-mêmes leurs programmes sur la bandes FM ; une bande de plus en plus encombrée au fil des ans. Avec la radio numérique terrestre, les stations vont devoir abandonner cette autodiffusion pour adopter un nouveau schéma d'émission. Celui-ci fait appel à un prestataire technique, le multiplexeur, qui va coordonner le flux de neuf radios sur une même fréquence numérique.

Une petite station qui voudra émettre en numérique devra donc nouer un partenariat avec huit autres consœurs et payer les services fournis par le multiplexeur, dont les tarifs seront variables selon la qualité d'écoute voulue ou les informations à diffuser (lire encadré). Philippe Frézières, président de Radio FMR à Toulouse estime le coût pour émettre en numérique à 15000 € supplémentaires par an… Ailleurs, on parle de 40 à 70 000€. Des sommes colossales pour les petites stations dont certaines ont déjà beaucoup investi dans le passage au numérique non pas pour la diffusion de leurs programmes mais pour leur fabrication.
Les grands groupes impatients

Dès le lancement du projet de radio numérique en octobre 2006 par le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), les radios associatives ont fait part de leurs inquiétudes. En mars 2008, le CSA a lancé un appel à candidature et en octobre dernier 358 dossiers avaient été reçus par l'instance de régulation qui doit affiner d'ici fin mars un calendrier de déploiement zones par zones. Parmi ces dossiers, on trouve ceux de radios existantes et de nouveaux projets de radios déposés par les grands groupes (Radio128 pour RTL, BFM Bourse pour NextRadio par exemple) qui attendent impatiemment la radio numérique.

Reste que sur les 600 radios locales ou associatives (50 à 60 en Midi-Pyrénés), certaines ont déposé un dossier sans savoir si elles pourraient suivre ; d'autres ont renoncé.

Le collectif « Radios en lutte », qui regroupe de nombreuses stations, notamment du Grand Sud, tire le signal d'alarme et voit dans le passage au numérique « une mise en danger des radios associatives non commerciales, une volonté d'uniformisation du paysage radiophonique et la consécration d'une conception technocratique de l'audiovisuel. »

Le collectif dénonce le choix technique de la norme numérique (T-DMB) initialement créée pour la télévision, la « logique de consommation » qui impose aux auditeurs d'acheter de nouveaux postes et, surtout, le risque de voir les multiplexeurs « jouer un rôle dans l'attribution des places des radios », en lieu et place de ce que fait le CSA avec la FM aujourd'hui.

Le collectif a lancé une pétition et veut croire que le gouvernement tiendra la parole de Christine Albanel, la ministre de la Culture et de la Communication, qui promettait en décembre des aides financières à ces petites stations très appréciées des Français.

«Il y a des incertitudes sur notre avenir»

Ancien président de la Confédération nationale des radios associatives (CNRA) et président de la radio locale toulousaine Radio FMR, Philippe Frézières ne cache pas ses inquiétudes sur le dossier du passage au numérique. Un passage selon lui à marche forcée voulu par le gouvernement mais dont les choix technologiques et le calendrier sont contestables.

«On est contre le processus qui est en train de se mettre en place. Comme lorsque la France avait misé, pour la télévision, sur la norme Secam au lieu de la norme Pal, pour la radio numérique, on a choisi une technologie qui risque de nous isoler du reste du monde. Ensuite cette technologie coûte cher, d'autant plus que nous devrons émettre en numérique et en analogique le temps que toute la population soit équipée de nouveaux postes dont aucun n'est pour l'instant commercialisé. Pour nous, la diffusion en numérique représente 15000€ par an contre 1000 à 2000€ pour notre diffusion analogique actuelle, que nous réalisons nous-même ; ce que nous ne pourrons plus faire avec le numérique, du moins dans les premières années», expose Philippe Frézières. «Dans le doute, comme beaucoup de radios associatives, nous avons tout de même fait acte de candidature mais sans savoir comment financer», poursuit l'homme de radio, plus pragmatique que les plus virulents opposants au numérique, qui craignent pour l'indépendance des petites stations. «Le dossier est complexe et l'Etat fait lasourde oreille. La commision Juppé qui a piloté le projet ne nous a jamais reçus et Christine Albanel n'a pas formalisé par écrit les promesses d'aides qu'elle a faites aux radios associatives», analyse Philippe Frézières. «Il y a des incertitudes sur notre avenir et sur la diversité que nous apportons dans le paysage radiophonique», poursuit-il, estimant que le passage au numérique, tel qu'il est enclenché, est davantage calibré pour les grands groupes de radios, àl'assise financière solide. Comme le grand public, peu au fait de la radio numérique, les stations locales estiment qu'on est dans le flou et qu'un lancement en fin d'années reste aléatoire. «Ce projet est mal ficelé et peut capoter», prévient Philippe Frézières.


Radio numérique : qu'est-ce que c'est ?

La radio numérique terrestre (RTN), déjà lancée aux États-Unis, en Asie, en Allemagne, et au Royaume -Uni et qui doit arriver en France d'ici la fin 2009, est l'équivalent de la télévision numérique terrestre (TNT). Elle porte en elle les promesses d'un nouveau confort d'écoute. Par rapport à la radio FM, la radio numérique promet une meilleure qualité sonore, et une meilleure couverture qu'aujourd'hui. L'auditeur peut également mettre en pause puis reprendre une émission (time shifting) et il reçoit des informations supplémentaires. Le RDS que l'on connaît déjà permet d'afficher le nom de la station ; avec la radio numérique, on pourra visualiser en plus le nom des artistes, des pochettes d'albums, des titres d'actualité… et de la publicité. Si le passage au tout numérique est coûteux pour les stations, il le sera aussi pour les auditeurs. Comme pour la TNT, il faudra disposer de nouveaux postes de radios dont les prix démarrent à partir de 90€. Très concurrencée par l'écoute de la radio sur internet, la RNT pourrait toutefois ne pas avoir le même succès que la TNT .

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...