Par Laurence Corroy , Université de Lorraine Si les adolescentes et adolescents se retrouvent confrontés de plus en plus précocement à de la pornographie en ligne, il leur est très difficile d’aborder le sujet avec des adultes. Retour sur une enquête de terrain alors que les éditeurs de sites sont sommés d’instaurer un contrôle d’âge pour l’accès à ces contenus sensibles. Dès que l’on parle des adolescents et de leurs relations au numérique, les débats se polarisent, sans qu’il y ait nécessairement le réflexe de recueillir leur témoignage. En recherche, il est pourtant extrêmement important de leur donner la parole, ce qui permet de mieux mesurer leur capacité d’analyse et de distance vis-à-vis des messages médiatiques. Dans le cadre de l’étude Sexteens , menée en Grand Est, nous avons rencontré plus d’une soixantaine d’adolescents pour évoquer avec eux les représentations de la sexualité et de l’amour dans les séries pour ados qu’ils regardent. Ces séries on...

Sauf coup de théâtre de dernière minute, le fournisseur d'accès à internet Free, filiale du groupe Iliad, devrait être le seul candidat à la 4e licence de téléphonie mobile. En déposant son dossier hier matin devant l'Autorité de régulation des communications et des postes (Arcep), Free Mobile, la société créée pour ce projet ambitieux, a indiqué vouloir « accélérer l'essor du multimédia mobile et répondre à la forte attente des consommateurs vis-à-vis d'offres plus simples, moins chères et plus innovantes. »
Le trublion de l'internet, l'inventeur de la box et du forfait tripleplay (internet, haut débit, téléphone, télévision) à 29,90 € par mois va donc s'attaquer à la téléphonie mobile, un bastion détenu par Orange, SFR et Bouygues Télécom. Un bastion et surtout une poule aux œufs d'or - 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2008 - au nom de laquelle, selon l'État et les associations de consommateurs, la concurrence a été étouffée au préjudice des clients. Le conseil de la concurrence avait d'ailleurs sanctionné en 2005 les trois opérateurs d'une amende record de 534 millions d'euros pour entente illicite.
Après un raté en 2007 où la candidature de Free avait été rejetée par l'Arcep car il souhaitait payer le prix de la 4e licence (619 M€) en plusieurs fois, cette fois-ci semble bien être la bonne. Ni les recours des trois opérateurs contre le prix fortement réduit (240 M€) de la 4e licence ; ni le scepticisme et les réserves exprimées mi-septembre par le Président de la République et ami intime de Martin Bouygues, ne devraient repousser l'arrivée du 4e opérateur.
Un milliard d'euros
Une arrivée qui pourrait même intervenir plus tôt que prévu. Le président de l'Arcep, Jean-Luc Silicani, a, en effet, déclaré lundi que s'il n'y avait qu'un candidat, la décision serait prise « avant Noël » ou « sinon début 2010. »
Ne restera plus à Free Mobile, si c'est lui qui est choisi, qu'à réussir là où tous les autres postulants (Kertel, Numéricable-Virgin Mobile, Bolloré et Orascom) ont préféré jeter l'éponge : construire un réseau et proposer des offres révolutionnaires à la hauteur des promesses du PDG, Xavier Niel, qui a récemment proposé de diviser la facture télécom des Français par deux. Free a évalué à un milliard d'euros son investissement total. « Il y a un côté un peu fou » à se lancer dans ce projet, reconnaît-on volontiers chez Free.
Mais disposer d'un réseau mobile est plus que jamais crucial pour les fournisseurs d'accès à internet car l'avenir du net se joue sur les téléphones mobiles de type iPhone. En se lançant dans la téléphonie mobile, Free joue donc aussi sa survie et prend date pour la guerre des tarifs dont les consommateurs attendent beaucoup.
Ce que ça va changer
De nouvelles offres vers 2011. Free assure que, s'il est choisi, il ouvrira son service de téléphonie mobile 18 mois après avoir eu la licence, soit vers l'été 2011. En arrivant si tard sur un marché où plus de 90 % de la population est déjà équipée, Free viserait les clients quittant leur opérateur plutôt que ceux n'ayant pas encore d'abonnement. Selon les analystes de Société Générale, le nombre de clients potentiels serait d'environ 13 millions début 2012.
Des prix en baisse. Selon un rapport réalisé par Bercy en 2008, l'arrivée de ce 4e opérateur ferait baisser les prix de 7 %, soit « un gain de 1,224 milliard d'euros par an pour les consommateurs ». Free promet de diviser par deux la facture de téléphonie mobile des Français (2 000 euros par an pour un foyer avec trois abonnements). Mais, a mis en garde hier le président de l'Arcep Jean-Ludovic Silicani, « si le nouvel entrant engageait une vraie guerre des prix, vu la taille des opérateurs en place, il serait le premier à disparaître ».
De nouvelles antennes. Le nouvel opérateur devra construire son réseau en implantant de nouvelles antennes : 12 000 selon Numericable, qui a jeté l'éponge. Difficile vu le manque de place à côté des réseaux existants et les inquiétudes des riverains sur l'impact sanitaire des ondes. Selon la Société Générale, Free pourrait nouer des accords avec des acteurs comme TDF ou des sociétés immobilières, qui disposent d'un grand nombre d'emplacements.
Un opérateur qui peut être rentable. Bercy estime dans son rapport qu'un 4e acteur « apparaît rentable », à condition notamment d'atteindre une part de marché de 12 % au bout de six ans. Free envisage « un plan d'un milliard d'euros pour couvrir 90 % de la population », en plus du prix de la licence (240 millions). Mais d'après les analystes de la Société Générale, « le financement peut être facilement bouclé » par Free grâce aux « liquidités que génère son activité internet » et aux conditions favorables que devraient lui faire les équipementiers télécoms.
Expert : « Un 4e opérateur pour plus de concurrence »
Pourquoi faut-il un 4e opérateur ?
Édouard Barreiro, porte-parole et chargé de mission TIC et Commerce de l'UFC-Que Choisir : Notre expérience montre qu'il faut un nouvel opérateur. En 2005, suite à une action de l'UFC-Que Choisir, les trois opérateurs ont été condamnés à une amende record pour entente. On aurait pu s'attendre à ce qu'il y ait plus de concurrence. Or les tarifs se ressemblent encore beaucoup ; les opérateurs ne sont d'évidence pas en guerre les uns avec les autres. Les premiers perdants ce sont les consommateurs. Il faut donc un 4e opérateur pour amener plus de concurrence.
Xavier Niel, le PDG d'Iliad, a déclaré vouloir diviser par deux la facture télécom des Français. Est-ce possible ?
Il ne faut pas prendre une facture actuelle chez Orange par exemple et la diviser par deux. En revanche, le 4e opérateur pourrait proposer des modèles différents inspirés de ce qui se fait à l'étranger. Aux États-Unis par exemple, il existe des forfaits Famille dont les minutes de communication sont partagées entre tous les membres. En Angleterre, on trouve des forfaits de 3-4 heures avec la possibilité de communiquer par la voix sur IP avec Skype, ce qui n'est pas possible en France.
Y aura-t-il une explosion du nombre d'antennes pour ce 4e entrant ?
Non car les installations des antennes du 4e opérateur se feront sur des sites déjà équipés. Les « points O » devront être partagés entre tous les opérateurs.