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Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

La révolution des objets connectés



Dans les années 80, la domotique, c’est-à-dire l’informatique implantée au cœur de la maison, devait révolutionner notre façon de vivre, entre piloter le chauffage depuis son fauteuil, surveiller son habitation à distance avec des caméras, déclencher l’arrosage en fonction de l’humidité du jardin, etc. Le concept, prometteur, avait fait long feu ; en l’absence de standards internationaux fiables et en raison de coûts de déploiement très élevés. Le voilà qui revient puissance dix avec les objets connectés, qui apparaissent comme la nouvelle révolution à même de bouleverser notre quotidien.

En vedette à Las Vegas

Ces objets connectés vont ainsi être au cœur du prochain salon de l’électronique grand public CES, qui s’ouvre la semaine prochaine aux États-Unis, à Las Vegas.

Mais un objet connecté, c’est quoi ? Il s’agit d’un dispositif contenant un circuit informatique embarqué et connecté à internet ou à un serveur informatique. Contrairement à la domotique du début qui ne s’intéressait qu’à la maison, les objets connectés, très divers, couvrent de nouveaux domaines.

Les objets connectés sont bien sûr en premier lieu les outils informatiques traditionnels que l’on connaît bien : smartphones, tablettes, ordinateurs portables, voire téléviseurs, tous branchés sur internet.

Une nouvelle catégorie d’objets se connecte désormais de plus en plus au Net : du GPS multifonctions de la voiture jusqu’au pèse-personnes à domicile en passant par les caméras de surveillance, les distributeurs de café dans les entreprises, les détecteurs de fumée, les thermostats de chauffage ou les réfrigérateurs «intelligents», etc.

Enfin troisième catégorie en plein boom, ce qu’on appelle l’informatique personnelle embarquée. Il s’agit là de podomètres, de montres, de vêtements, etc. Mais aussi d’objets disposant d’une simple puce RFID qui sera activée lors du passage à la caisse d’un supermarché. Tous ces objets connectés ont pour point commun de collecter des données qui sont ensuite analysées pour fournir à leur utilisateur un service appréciable (lire ci-dessous). Des données très personnelles, intimes même lorsqu’elles touchent à la santé, et dont le contrôle et la protection seront au cœur de débats éthiques et politiques dans les années à venir.

Car le phénomène des objets connectés n’en est qu’à ses débuts : on en compte 15 milliards actuellement, il devrait y en avoir 80 milliards en 2020 selon l’Institut Idate, qui tient chaque année son colloque Digiworld à Montpellier et suit les grandes tendances high-tech.

Toulouse en première ligne

C’est que si les objets connectés auront, d’évidence, un impact sociétal énorme sur notre quotidien, ils constituent, avec un taux annuel moyen de 41 % entre 2010 et 2020, un véritable eldorado industriel et économique que ni l’Europe, ni la France n’entendent négliger. D’ailleurs, dans son étude «La dynamique d’Internet : prospective 2030», le Commissariat général à la stratégie et à la prospective identifie les objets connectés comme un secteur prioritaire que les pouvoirs publics doivent aider.

La France, dans ce secteur, a une vraie carte à jouer et pourrait voir émerger de vrais champions des objets connectés. Deux sociétés en sont le parfait exemple.

Withings, créée en 2009, et qui a développé des pèse-personnes et toute une gamme d’objets de santé connectés, a levé en juillet dernier 23,5 millions d’euros dont 11 venant de la Banque publique d’investissement.



Autre champion en devenir, le Toulousain Sigfox, qui est le premier opérateur de réseau cellulaire à offrir un service de transmission de données de machine à machine. Autant dire que Sigfox est au cœur des réseaux de demain. Les Américains ne s’y sont pas trompés : en septembre dernier, le Telecom Council a élu la société, start-up telecom la plus innovante de l’année.

Interview : «Une vraie colonisation numérique»

Christophe Alcantara est enseignant-chercheur en sciences de l'information et communication à l'Idetcom (université Toulouse I-Capitole)

Des milliers d’objets connectés donc des milliers de nouvelles données personnelles. Quels sont les enjeux pour les citoyens ?

La problématique de fond reste la même : derrière un discours et des pratiques avérées qui facilitent la vie des gens, il y a un phénomène de colonisation numérique. C’est-à-dire que le big data (la masse de données) sera à la fois alimenté par internet, par les données de géolocalisation des smartphones et, à l’avenir d’ici 5 ans, par les objets connectés. Derrière ces objets, derrière la domotique qui va connecter le réfrigérateur au supermarché par exemple, il va y avoir des données comportementales très personnelles qui seront autant de données marchandes. Rappelons que les données personnelles vaudront 1 000 milliards d’euros à l’horizon 2020 en Europe.

Garder le contrôle sur ses données sera très compliqué.

Absolument. C’est une vraie question, car si vous refusez à votre objet de communiquer, vous levez l’essence même du fonctionnement de celui-ci. Ce sera donc d’autant plus difficile de renoncer à cette colonisation numérique.

Pour protéger les consommateurs, les pouvoirs publics, la CNIL devront-ils agir ?

Attendons de voir le fameux règlement européen sur les données personnelles qui doit arriver et doit donner des garde-fous. Normalement, un cadre européen devrait suffire mais je suis pessimiste. Autant sur les données de géolocalisation, on est sur une valorisation de grande masse, autant sur la domotique, ce sont les données très personnelles qui importent. Il faudra donc être vigilant.


Comment ils vont changer notre vie




Les objets connectés, qui sont autant de capteurs, vont peu à peu envahir notre quotidien pour nous le faciliter.

À la maison. Au domicile, les appareils électroménagers et audiovisuels vont intégrer un vrai réseau personnel. Le géant Samsung a ainsi théorisé ce que pourrait être cette maison du futur en concevant un vaste espace qu’il présente partout dans le monde. Dès le réveil, dans la salle de bain, des capteurs vont nous prendre la tension artérielle, le poids, faire des analyses d’urine, de cholestérol etc. ; et surtout suivre au jour le jour l’évolution de ces paramètres qui peuvent être transmis le cas échéant au médecin traitant. Dans la cuisine, le réfrigérateur sera en mesure de constater l’absence de lait et de passer lui-même commande au supermarché. Dans le salon, la télévision et la tablette deviennent un véritable centre de contrôle pour piloter chauffage, climatisation, lancer un film ou surveiller bébé.

L'exemple de Samsung et sa maison connectée qui date déjà d'il y a trois ans



En voiture. Déjà truffées d’électronique, les automobiles seront de plus en plus connectées. Via de multiples capteurs, toute panne de moteur ou un pneu sous-gonflé sera signalé au conducteur voire directement au dépanneur. En cas d’accident, ces services autonomes seront très utiles.

La voiture connectée expliquée par Orange



Sur soi. C’est là le domaine le plus spectaculaire et le plus abordable aussi. Sous forme de bracelet, de montre ou de petit boîtier à conserver sur soi, ces objets high-tech peuvent nous surveiller 24 heures sur 24 : observer nos cycles de sommeil, compter nos pas, nos heures de sport, répertorier ce que l’on mange et traduire tout cela en courbes et graphiques sur le site internet du fabricant qui propose moult conseils pour mieux prendre soin de soi. Pour les uns ce sera un Jiminy Cricket bienveillant, pour d’autres un Big Brother de poche.

Jawbone, un des pionniers des bracelets connectés



L'exemple des Google glass, les lunettes connectées

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