On leur devait déjà le remarquable « Opération d’influences chinoises : un moment machiavélien » (Ed. Les Equateurs) qui, en septembre 2021, détaillait minutieusement comment la Chine entendait « vaincre sans combattre, en façonnant un environnement favorable » à ses intérêts, en enrôlant, entre autres, des personnalités de premier plan en France. Aujourd’hui le duo formé par Paul Charon, directeur du domaine Renseignement, anticipation et stratégies d’influence de l’Institut de recherche stratégique de l’école minimaire (IRSEM) et Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, docteur en science politique et en philosophie, ancien directeur de l’IRSEM et aujourd’hui ambassadeur de France au Vanuatu, publient aux Presses universitaires de France (PUF) un colossal « Les mondes du renseignement. Approches, acteurs, enjeux. ». Cette somme de 584 pages constitue une véritable encyclopédie sur le renseignement et une mine d’informations pour comprendre le rôle crucial qu’il a aujourd’hui dans un monde mul
La lutte contre le terrorisme passe aussi par la recherche scientifique. Cette conviction s'est exprimée dès après les attentats du 13-Novembre lorsqu'Alain Fuchs, président du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), a appelé les scientifiques à faire des propositions pour offrir «sinon des solutions, du moins de nouvelles voies d'analyse et d'action».
Projet «Captodor»
La communauté académique s'est alors massivement mobilisée et a transmis 268 propositions dont 202 projets de recherche. Le CNRS en a d'ores et déjà retenu 53, soit 26,2 % et parmi ces projets, l'un, particulièrement innovant, est porté par un laboratoire de chimie toulousain. Le laboratoire des interactions moléculaires et de la réactivité chimique et photochimique (IMRCP), unité mixte de recherche dépendant de l'Université Toulouse III-Paul-Sabatier, a, en effet, été retenu pour son projet officiellement intitulé «Captodor : développement et mise en perspective dans le champ criminologique d'un nouvel outil biométrique à base d'organogel poreux pour la capture d'odeurs corporelles ou l'analyse de résidus d'explosifs».
Une empreinte olfactive
Concrètement, «le projet vise à développer un outil pour l'analyse des odeurs corporelles ou les résidus d'explosifs ou toute substance volatile pour l'identification d'un suspect», précise la Société chimique de France «A chaque individu correspondrait une empreinte olfactive unique, faite d'un mélange de divers composés volatils comme des alcools, des esters, des cétones, des aldéhydes, etc. Grâce à un spectromètre de masse faisant office de nez électronique, puis à des analyses statistiques, cette signature pourrait être détectée sur le lieu d'un attentat.»
Ainsi, après l'empreinte digitale ou la trace ADN, les enquêteurs pourraient disposer d'un nouveau paramètre. Une vraie révolution.
Le projet toulousain, porté par Émile Pérez, directeur de recherche, et Alexandra Ter-Halle, chargée de recherches au sein de l'équipe SMODD du laboratoire, se construit en collaboration avec les services de police et de gendarmerie afin de valider la faisabilité d'un tel process d'ici la fin de l'année.
Un autre projet toulousain
L'Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées avait déposé 10 dossiers après l'appel «Attentats recherche» . Trois ont été retenus. Outre le projet Captodor, le comité national a retenu «L'action publique antiterroriste (APAT) : organisation, conduite et réflexivité dans un pays exposé». Ce projet conduit par Jérôme Ferret, MSH Toulouse, avec l'école des Ponts et un réseau international, va interroger les réponses des acteurs publics à la menace terroriste pour l'améliorer.