En matière de cloud et d'intelligence artificielle (IA), la régulation n’est pas un frein : tel est le message que Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, le gendarme français des Télécoms, est allée porter fin juin à Bruxelles devant les parlementaires européens. Alors que la Commission mène une consultation publique sur l’avenir des politiques en matière de cloud et d’IA, le régulateur français des télécoms défend l'idée de doter l’Europe d’un cadre économique pro-investissement, stable et ambitieux, au service de sa souveraineté technologique. Forte de son expérience dans le secteur des télécoms — où la régulation a permis à la France de devenir le premier pays européen en matière d’abonnements très haut débit —, l’Arcep plaide pour une approche transposable aux infrastructures numériques du futur. Car l’enjeu dépasse de loin le simple déploiement de serveurs ou d’algorithmes car il s’agit d’assurer l’autonomie stratégique de l’Union européenne dans un contexte de dépen...
A l'occasion du 10e concours d'éloquence de la Fondation Groupe La Dépêche dont elle était la marraine, j'ai interrogé Nicole Belloubet, ministre de la Justice sur le futur projet de loi de lutte contre les fake news. La journée pour un internet sans crainte (Safer Internet Day), visant à promouvoir un usage plus sûr du Web pour les enfants et les jeunes aura d'ailleurs pour thème mardi 6 février les fausses informations et les "fake news" pour lesquelles le gouvernement s'oriente vers une procédure de référé judiciaire pour suspendre rapidement la diffusion des "fausses nouvelles."
Vous préparez, à la demande du président Macron, un projet de loi pour lutter contre les fake news en période électorale. Ces fake news, qui sont amplifiées par les réseaux sociaux, menacent-elles réellement notre démocratie ?
Le gouvernement prépare effectivement un texte sur cette question. La Chancellerie y travaille avec le ministère de la Culture. Ces fake news peuvent réellement menacer notre démocratie. On a pu mesurer leur effet sur la campagne présidentielle américaine. Les citoyens doivent faire des choix politiques éclairés. C'est l'idéal des Lumières et finalement l'idéal français. Ils doivent être mis en situation de ne pouvoir être ni influencés, ni manipulés.
Comprenez-vous ceux qui sont inquiets de savoir à qui reviendra la responsabilité d'établir ce qui est une information valable et ce qui relève de la fake news ?
Le gouvernement prend naturellement en considération ces préoccupations. Il s'agit pour nous de construire une loi sur la fiabilité de l'info en adaptant la loi de 1881 à la situation actuelle, de lutter contre la viralité des fausses infos notamment en prenant appui sur le juge. Nous travaillons à un texte équilibré qui apportera toutes les garanties nécessaires. Le Parlement en sera saisi et le débat sur ce texte sera tenu publiquement.
Vous qui avez été professeure des universités, rectrice de l'Académie de Toulouse, mais aussi maire-adjointe et vice-présidente de région, l'école doit-elle aussi évoluer pour mieux former les élèves, citoyens de demain, à détecter les fake news et exercer leur esprit critique ?
Vous avez raison. L'enjeu est bien l'esprit critique. Pour reprendre votre première interrogation l'esprit critique, est une des conditions de réalisation de la République. Mon collègue, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, partage naturellement cette préoccupation. La construction de l'esprit critique passe par la capacité à maîtriser les techniques modernes – ce qui est le cas aujourd'hui pour tous les enfants –, mais aussi à en décrypter les enjeux, les pièges et les opportunités. Les humanités ont évidemment un rôle crucial à jouer.