Accéder au contenu principal

L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Les réseaux sociaux face à la cyberviolence

reseauxsociaux


La diffusion en direct d'un viol sur Snapchat ou d'une prise d'otages sur Facebook. Des menaces de mort, des insultes racistes ou homophobes sur Twitter. Des activités illicites conduites via ces plateformes. Les réseaux sociaux sont sous le feu des critiques, accusés de ne pas réagir assez vite face aux contenus violents.

La diffusion en direct sur Facebook – pendant 17 minutes – de la vidéo du massacre de Christchurch, perpétré le 15 mars par un militant d'extrême droite dans deux mosquées de cette ville de Nouvelle-Zélande, semble avoir constitué la goutte d'eau faisant déborder le vase. De fait, ce drame a provoqué, au-delà de l'émotion internationale, une prise de conscience au niveau des Etats avec la rédaction de l'Appel de Christchurch pour agir contre le terrorisme et l'extrémisme violent en ligne, porté par Emmanuel Macron et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern. Le 15 mai dernier, les deux responsables ont réuni à Paris dix chefs d'État et de gouvernement ainsi que des dirigeants d'entreprises et d'organisations du numérique, tous prêts à agir.

Un appel international boudé par les Etats-Unis

«Cet attentat a montré qu'internet était devenu un terrain d'action et de propagande privilégié pour les terroristes. Accepter qu'internet leur serve d'outil de propagation de la terreur, c'est menacer la sécurité de nos citoyens. Un sursaut de l'ensemble des acteurs – États, gouvernements et entreprises du numérique – était nécessaire pour ne plus simplement réagir aux attaques, mais pour agir et anticiper les menaces sur internet», détaille l'Elysée.

Afin d'obtenir l'adhésion du maximum de pays, l'Appel de trois pages n'est pas contraignant et ne désigne aucune idéologie en particulier. «Le soutien des participants à la rencontre du 15 mai à Paris à l'Appel de Christchurch est une première étape. D'autres pays, entreprises du numérique, ONG, universitaires et parties prenantes sont maintenant appelés à le rejoindre», espère l'Elysée.

Facebook, Amazon, Microsoft, Google et Twitter – qui ont déjà mis en place des procédures pour lutter contre la cyberviolence – ont signé l'appel. «Il est juste que nous nous rassemblions, résolus dans notre engagement de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre la haine et l'extrémisme qui mènent à la violence terroriste», ont déclaré dans un communiqué conjoint Amazon, Facebook, Google et Microsoft. Outre la France et la Nouvelle-Zélande, plusieurs pays ont signé l'Appel dont le Royaume-Uni, l'Irlande, le Canada ou le Sénégal… mais pas les Etats-Unis.

Donald Trump a fait savoir dans un communiqué qu'il était en phase avec l'objectif du texte, mais ne le soutiendrait pas formellement, invoquant le premier amendement de la constitution américaine sur la liberté d'expression. Quelques heures après avoir refusé de signer le document, la Maison Blanche a intensifié sa lutte contre les médias sociaux en annonçant une campagne sans précédent demandant aux internautes de partager… leurs expériences de censure par Facebook, Google et Twitter, entreprises que Trump accuse de mener une censure contre sa politique…

reseauxsociaux

Une charte présentée au sommet du G7 de Biarritz

Dès lors il semble difficile de rallier les Etats-Unis à la charte sur les contenus haineux, actuellement en discussion, et qui doit être présentée lors du prochain sommet du G7 à Biarritz du 24 au 26 août. La France, qui assure la présidence du G7, veut définir collectivement un cadre d'action plus efficace avec les plateformes en ligne. Mais la tâche s'annonce ardue car, comme l'explique Cédric O, secrétaire d'Etat en charge du Numérique, «tous les pays n'ont pas la même approche dans la régulation. Il y a la liberté de parole qui s'oppose à cette idée de régulation».


Meurtres, violences, haine :
les modérateurs en première ligne

Les réseaux sociaux ne restent évidemment pas insensibles face aux cyberviolences. Tous ont mis en place des procédures de signalement et des technologies de détection. «Facebook a massivement investi dans la sécurité et la sûreté au cours des derniers mois. Aujourd'hui 30 000 personnes travaillent pour Facebook sur les problématiques de sécurité et de sûreté, dont 15 000 en charge de la modération de contenus. Ils étaient respectivement 20 000 et 7 500 en juillet 2018», précise le réseau social aux 2,3 milliards de membres dans le monde dont 35 milions en France. «Nos modérateurs travaillent dans un peu plus de vingt centres de modération répartis à travers le monde, notamment en Irlande, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne, au Portugal, au Maroc, en Lettonie, en Bulgarie, au Kenya, ou encore aux Philippines», rajoute Facebook.

Ces derniers mois, plusieurs enquêtes de presse ont montré toute la dureté du travail des modérateurs, sous couvert d'anonymat car ils sont soumis à des clauses de confidentialité. Embauchés, notamment par des sociétés sous-traitantes des grands réseaux, sans être forcément préparés, les modérateurs sont en première ligne face à des contenus haineux, violents, terroristes qui changent au gré de l'actualité.

Ce sont bien sûr les vidéos qui sont les contenus les plus difficiles à traiter et peut-être les plus marquants. «En règle générale, elles sont plus dures à traiter, car plus violentes, et s'avèrent aussi plus dures à classifier : parfois, dans les premières minutes du film, quelqu'un est juste en train de réparer son vélo et il faut attendre les dernières secondes pour l'entendre crier « Fuck Americans » ou un truc du genre et il faut alors que je supprime», a raconté à Slate Nicolas, un jeune modérateur embauché à 1 300 € mensuels à Berlin chez Arvato, filiale du groupe Bertelsmann, sous contrat avec Facebook. Le jeune homme a entre 20 secondes et deux minutes pour analyser un contenu…

Ils voient «le pire d'internet»

«Sans parler d'amateurisme, on avait parfois l'impression de devoir prendre une décision à l'instant T, sans être préparé à tous les cas de figure pouvant se présenter», témoigne-t-il en se souvenant de la diffusion en direct d'un assassinat. «Un homme tue un homme plus âgé dans la rue. C'était inédit. Il fallait réagir. Bien entendu, ça allait être supprimé. Mais dans ces moments-là, ça devient viral, c'est facile à repérer, mais il faut faire vite. Il a fallu qu'on mobilise une petite équipe spéciale de 6 ou 7 personnes sur cette vidéo». Nicolas assure qu'il n'a pas été atteint psychologiquement par la vue de tous ces contenus violents, au contraire de certains de ces collègues.

Début avril dans Le Monde, d'autres modérateurs ont fait part de toute la difficulté de leur travail. «Tu passes une journée à être immergé de merde, du pire d'internet. Ce sont les sept péchés capitaux que tu es forcé à regarder toute la journée», raconte Arthur, un français qui a été modérateur pour Facebook à Barcelone. Le jeune homme explique aussi que les contenus violents sont de nature différente selon les «marchés» ; le marché hispanophone traite ainsi des contenus plus violents que le marché français.

Face à ces contenus, les modérateurs essaient de prendre leur distance, de dédramatiser mais certains craquent. Une modératrice ayant travaillé sur le campus de Facebook à Menlo Park en Californie a porté plainte contre l'entreprise, affirmant souffrir de stress post-traumatique… Facebook est bien sûr conscient de ces problèmes, chaque centre de modération dispose d'une équipe de psychologues. Est-ce suffisant ?

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...