Accéder au contenu principal

L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

Télétravail et bureau post-Covid : quelle nouvelle donne ?

teletravail
Avant le premier confinement de mars 2020, seulement 19 % de l’ensemble des répondants avaient l’habitude de faire du télétravail. Shutterstock

Par Ingrid Nappi, ESSEC et Gisele de Campos Ribeiro, ESSEC

De façon générale, l’intensification du télétravail depuis le mois de mars 2020 semble avoir été bien vécue par la majorité des salariés, au point que certaines entreprises envisagent de conserver à l’avenir une partie de leurs salariés à la maison afin de réduire leurs coûts immobiliers, voire certaines à devenir complètement virtuelles. Toutefois, cette décision ne serait pas sans conséquence, et l’on peut se demander à quoi ressemblera le futur du bureau dans un monde post-Covid-19.

Pour tenter d’esquisser une réponse, la Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School, a mené une étude qui évalue d’ores et déjà l’impact de la crise sanitaire et de l’expérience du télétravail sur les attentes de 2 643 employés de bureau par rapport à leur espace de travail.

En voici les principaux enseignements.

Du télétravail subi au télétravail souhaité

En ce qui concerne les pratiques du télétravail de notre population étudiée et sur la période qui précède le premier confinement du printemps, seulement 19 % de l’ensemble de nos répondants avaient l’habitude de faire du télétravail.

graphique
Légende : pourcentage de télétravailleurs. Author provided

En septembre 2020, quatre mois après la fin du premier confinement, 37 % des répondants poursuivaient encore l’expérience de télétravail (Graphique 1), essentiellement à raison de deux fois par semaine (32 % d’entre eux) ; en comparaison, 21 % tous les jours ouvrables, 18 % à un rythme d’une fois par semaine et 17 % de trois fois par semaine (Graphique 2).

graphique
Légende : fréquence du télétravail réelle vs effective. Autrices, Author provided

Tout d’abord subi et imposé, le télétravail fait à présent partie de la vie professionnelle de la plupart des salariés, qui pour près des trois quarts de nos répondants (73 %) souhaitent poursuivre cette expérience à l’avenir dans un monde post-Covid-19, notamment à raison principalement de deux jours par semaine (31 % des répondants) et de trois fois par semaine (23 %).

Ainsi, bien que le télétravail ait été imposé par la crise sanitaire et le premier confinement, le souhait de poursuivre l’expérience du télétravail est partagé par la majorité des répondants participant à notre étude. Cependant, nos analyses montrent des différences statistiquement significatives (Test z différence de proportions) en ce qui concerne les générations d’âge, les catégories socioprofessionnelles et la localisation du lieu de travail.

  • Le télétravail post-Covid-19 est davantage plébiscité par les milléniaux (personnes nées entre 1978 et 1994). Ils sont 79 % à vouloir télétravailler dans l’avenir, contre 68 % pour la génération Z plus jeune (nées après 1995), 67 % pour les baby-boomers (nées entre 1945 et 1964) et 72 % pour ceux de la génération X (entre 1965 et 1977).

  • Le télétravail est également davantage retenu par les cadres et cadres dirigeants. Ainsi, 85 % des cadres et 82 % des cadres dirigeants veulent continuer à télétravailler contre 67 % des employés (alors que la moyenne globale est de 73 % des répondants).

  • Enfin, l’envie de poursuivre le télétravail dans le futur concerne principalement les salariés des entreprises localisées en région Île-de-France (Tableau 1).

graphique
Author provided

Les comparaisons sont statistiquement significatives notamment entre les salariés de la région parisienne et ceux des grandes métropoles, des villes moyennes et des petites villes. En effet, 83 % des salariés franciliens souhaitent télétravailler tandis que cette proportion ne concerne que 70 % des salariés en ville moyenne, et 64 % dans les petites villes.

Le bureau idéal post-confinement

Post-confinement, le télétravail choisi et non plus subi va-t-il transformer l’immeuble de bureau ? Allons-nous continuer à aller au bureau pour y travailler ?

Notre enquête portant sur les types d’espaces de travail les plus adaptés aux besoins post-confinement des salariés montre clairement l’intérêt soutenu pour les espaces traditionnels de bureau, avec postes de travail attribués. Ces espaces représentent 73 % des demandes exprimées : les bureaux fermés (individuels et partagés) sont considérés comme l’espace de travail idéal pour 61 % des individus, devant le bureau en open space qui a 12 % de préférence (Graphique 3).

graphique
Author provided

Le flex office et les espaces de coworking, quant à eux, ne représentent que 6 % des espaces choisis par les salariés. Ici encore des différences statistiques significatives sont observées entre les populations étudiées. Contrairement aux idées largement répandues, ces derniers espaces sans poste de travail attribué sont essentiellement recherchés par les travailleurs indépendants et les cadres dirigeants.

Il est évident que malgré une expérience du télétravail plutôt positive pour la majorité des employés de bureau participant à notre étude – avec une autonomie et une liberté particulièrement appréciée – le bureau reste le lieu de travail privilégié de l’ensemble des répondants.

Lors des analyses qualitatives de notre enquête, nous avons pu constater les mentions récurrentes au lien social du bureau telles que le besoin de se voir et d’interagir les uns avec les autres avec des éléments de communication non verbale, ainsi que la capacité du bureau à stimuler les communications informelles spontanées entre les employés.

Ce type d’interactions face à face non planifiées contribuent largement à l’établissement de relations interpersonnelles, de confiance et de collaboration entre collègues. Enfin, le fait d’aller au bureau permet pour la plupart d’entre eux de matérialiser la frontière entre vie privée et vie professionnelle, qui disparaît dans le cadre du télétravail.

En conséquence, on observe une forte envie de passer la plupart du temps de travail en entreprise. En moyenne, les répondants souhaitent passer 55 % de leurs activités professionnelles au bureau, puis 37 % à domicile (en télétravail), 6 % dans un tiers lieu et 2 % dans d’autres types de lieux (cafés, locaux des clients, etc.).

graphique
Author provided

Incontestablement, le bureau a encore un très bel avenir, une fois les contraintes de confinement terminées. Pour les répondants de l’étude, c’est un lieu qui permet au salarié de participer à la vie de l’entreprise (27 % des mentions), un lieu de rencontre, d’échange et de convivialité (26 % des mentions) et enfin, un lieu de travail régulier (26 % des mentions) (Graphique 4).The Conversation

Ingrid Nappi, Professeur, titulaire de la Chaire « Immobilier & Développement Durable » et de la Chaire « Workplace Management », ESSEC et Gisele de Campos Ribeiro, Ingénieure de recherche, la Chaire « Workplace Management », ESSEC Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

Deepfakes, vidéos truquées, n’en croyez ni vos yeux ni vos oreilles !

Par  Divina Frau-Meigs , Auteurs historiques The Conversation France Les spécialistes en fact-checking et en éducation aux médias pensaient avoir trouvé les moyens de lutter contre les « deepfakes » , ou hypertrucages , ces manipulations de vidéos fondées sur l’intelligence artificielle, avec des outils de vérification comme Invid-Werify et le travail des compétences d’analyse d’images (littératie visuelle), avec des programmes comme Youverify.eu . Mais quelques cas récents montrent qu’une nouvelle forme de cyberattaque vient de s’ajouter à la panoplie des acteurs de la désinformation, le deepfake audio. Aux États-Unis, en janvier 2024, un robocall généré par une intelligence artificielle et prétendant être la voix de Joe Biden a touché les habitants du New Hampshire, les exhortant à ne pas voter, et ce, quelques jours avant les primaires démocrates dans cet État. Derrière l’attaque, Steve Kramer, un consultant travaillant pour un adversaire de Biden, Dean ...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...