Accéder au contenu principal

L’ADN synthétique, une révolution à venir pour le stockage de données

Par Patrick Dufour, Directeur Stratégie et alliances Le PEPR (programme et équipement prioritaire de recherche) exploratoire MoleculArXiv, piloté par le CNRS, développe de nouveaux dispositifs de stockage de données sur ADN. Son aboutissement marquera une sensationnelle innovation, répondant à de multiples points de blocage déjà pressants. Ce programme et équipement prioritaire de recherche est certainement un des plus importants à soutenir à ce jour. Une perspective prometteuse Personne n’est passé à côté des travaux de recherche scientifique sur les possibilités qu’offre l’ADN synthétique en matière de stockage de l’information. Le CNRS publie ses avancées régulièrement et il y a de quoi chanter tel le coq au petit matin si l’on en juge par les progrès manifestes des chercheurs en la matière. Il sera passionnant de suivre les résultats des très prochaines applications concrètes. Des partenariats avec des instituts français comme l’INA, la BNF ou des institutions européennes permettro

Zoom, Teams… Quand la technologie nous rend trop humain

 

pc
Les managers craignent plus que jamais la perte de contact, la virtualisation de la relation et la désincarnation des collaborations. Shutterstock

Par François-Xavier de Vaujany, Université Paris Dauphine – PSL et Leo Bancou, Université Paris Dauphine – PSL

Sept heures passées aujourd’hui sur des réunions ou interventions en mode Zoom ou Teams. Sept heures assis, face à cet écran, devant ce fond d’écran. On estime parfois que la technologie déshumanise. Qu’à travers elle, le geste devient machinal. Que le sensible nous quitte. C’est ce que montre une partie de nos recherches en cours sur les télétravailleurs de la crise sanitaire actuelle.

Un télétravailleur témoigne ainsi :

« Certes, quand on est dans un open space, chacun est derrière son ordinateur. Mais on est quand même tous les uns à côté des autres et on se retrouve à la machine à café lors de la pause. Désormais, on ne se voit plus qu’à travers des écrans et donc oui, bien sûr, ça déshumanise énormément et rend le travail plus formel ».

Nombre de nos échanges avec des managers vont également dans ce sens. On craint plus que jamais de « perdre le contact », de « virtualiser la relation », de « désincarner nos collaborations ». Sur ce chemin, c’est alors tout notre rapport à l’autre et le sens même du collectif qui s’évaporerait.

« Piégé » dans un filtre de chat

Mais au fil de nos observations et de nos entretiens, une proposition plus paradoxale se fait jour. Dans ces temps télétravaillés, le corps est plus présent que jamais. On ne l’oublie plus dans le mouvement. Il nous parle, dans l’inconfort de l’immobilité. On cherche la bonne position. On s’étire. Dans les échanges de la réunion, on devient plus que jamais cette forme dans un petit carré : un visage.

Des heures durant, on s’expose. On existe par la plus humaine des parties de notre corps, cette face qui exprime tout notre être. Qu’il est épuisant de montrer en permanence ses émotions, ses affects, par ce biais. Le mur de la visioconférence devient la plus affichée, la plus incontournable des humanités.

Malheur à celui ou celle qui la masque, même par accident, avec un filtre de chat qui recouvre le visage… Il pourrait bien devenir rapidement la risée de toute la toile, à l’image de cet avocat « piégé » dans un tel filtre, en février dernier. La vidéo de l’incident a ainsi été vue plus de 10 000 000 de fois sur YouTube (en cumulé).

On se sait regardé de façon croisée par un autre visage dont on ne sait pas où plongent les yeux. On sent ces présences autour de nous, à la fois visibles et invisibles. Parfois, une question écrite ou parlée montre que l’attention dont on doutait est là. On nous envoie un message public ou privé. À d’autres moments, une main (sous le visage) se lève.

Le fond d’écran de plus en plus souvent factice ne rend que plus criante la seule et étouffante présence humaine. La tentation est alors grande de faire ce que beaucoup font : on coupe la caméra. On se met en retrait pour redevenir tout un corps, pour être vraiment dans son émotion, dans ses affects.

Une des personnes interrogées (une consultante) nous a ainsi confié :

« Les gens ont tendance à ne pas mettre leurs caméras pour éviter d’être vus. Et même lorsqu’on les voit, il devient difficile de lire tous les signaux faibles, qui nous donnent des informations sur leur comportement ou leur avis. Et ça demande beaucoup plus d’efforts pour les lire. Pour moi, c’est directement lié au sentiment de fatigue que beaucoup de personnes ressentent avec le télétravail ».

Mais le grand mur noir en face de nous devient alors un miroir qui saisit notre activité en plan large (voir sur ce sujet le propos du philosophe Gilles Deleuze en matière d’image-affection et de visage). En reprenant le mouvement, on est plus que jamais dans un corps. Libre de ne pas être vu pour aller grignoter à la cuisine. Libre de lire ce dossier en retard. Libre de regarder cette vidéo.

On est alors fort de la possibilité de vaquer à autre chose sans être vu. Mais à tout moment, l’œil peut s’ouvrir à nouveau. On peut être surpris ou se surprendre en pleine fuite. On se rattrape ensuite comme on peut.

Réapprendre la latéralité

À nouveau, la technologie ne nous déshumanise pas. Au contraire, elle nous bloque dans une bulle d’affects dont on ne sort pas vraiment. On aimerait vagabonder, dériver hors de nous-même, suivre ce grand fil d’attachements qui nous rend moins personnel. Mais on ne peut pas. On est piégé dans l’instant. Dans un trop plein d’humanité. Tellement plein qu’il nous rend finalement inhumain.

Garder une juste sensibilité, c’est peut-être pouvoir être simplement dans le flux des événements qui nous environnement et nous constituent. Sans moment pour bouquiner ou vraiment parler avec les autres, notre sensibilité se met en retrait.

Un autre de nos interviewés suggère ainsi :

« Le simple fait de travailler en présence d’autres personnes et d’échanger en temps réel sur les sujets, c’est une sorte de brainstorming en continu. Les idées peuvent émerger sur le moment même. Une réflexion d’une personne peut nous faire penser à quelque chose et inversement. À distance, on perd vraiment cet aspect. Certes, on se retrouve virtuellement pour mutualiser, mais je pense qu’il y a une importante déperdition parce qu’il n’y a plus la spontanéité de l’échange ».

Et si le management ouvrait aussi à cette dérive ? Si le manager s’abandonnait, plus que jamais, à l’écoute du collaborateur, du client, du fournisseur ? S’il acceptait parfois de revenir vers des textes et des narrations que les collaborateurs partagent et même parfois, coécrivent ? Il devrait alors réapprendre la latéralité. Celle du voyage, de la marche, de la contemplation ensemble « à côté de ».

C’est une des conclusions de nos recherches en cours sur les télétravailleurs et le management décentré qui prend forme, de plus en plus, dans les marges de l’organisation traditionnelle.

Pour réapprendre cette latéralité dans un monde de plus en plus digitalisé, il s’agit donc de penser le travail « à côté les uns des autres », et de sentir le collectif qui se forme à travers nos activités. On peut aussi mettre de côté les outils de visioconférences, le temps de retrouver ses collègues ou ses clients pour une réunion en présentiel.

La latéralité devient alors un enjeu spatial (être à côté de) autant que temporel (on enchaîne des instants qui sédimentent en nous). Lors d’une réunion en ligne que nous avons observée, nous étions ainsi surpris d’entendre un manager dire à un collaborateur : « ça n’a pas l’air d’aller ? ». Cela n’était pas les 3 secondes de réunion qui avaient mené à cette conclusion. C’était bien sûr l’accumulation de centaines d’heures de collaborations passées de près avec cette personne.

Le télétravailleur doit pouvoir encore sentir ces visages, ces voix, ces gestes, ces intonations qu’il ne sent plus tout à fait. Les ayant côtoyés en présentiel, ils habitent le présent de l’échange digital et lui donnent toute sa profondeur.


Cet article, qui s’appuie sur l’intervention de François-Xavier de Vaujany lors de la conférence « Seuls ensemble, et après ? » des Mardis des Bernardins, le 16 mars 2021, qui reprend les conclusions de deux recherches en cours : l’une menée à partir de la thèse de doctorat de Léo Bancou (financement contrat doctoral Paris-Dauphine) sur les modes de co-présences des télétravailleurs ; et une autre conjointe à François-Xavier de Vaujany et Léo Bancou sur les modes d’expression cinématographique des télétravailleurs à l’ère digitale.The Conversation

François-Xavier de Vaujany, Professeur en management & théories des organisations, Université Paris Dauphine – PSL et Leo Bancou, Doctorant, Université Paris Dauphine – PSL Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté

Univers parallèles et mondes virtuels : la guerre des métavers est commencée

  Une partie de poker dans le métavers (capture d'écran de la vidéo “Le métavers et comment nous allons le construire ensemble” sur YouTube) Par  Oihab Allal-Chérif , Neoma Business School Le 17 octobre 2021, Mark Zuckerberg a lancé les hostilités de manière assez théâtrale, comme s’il défiait ses concurrents d’en faire autant. Afin de concrétiser son rêve d’enfant, le métavers, il a décidé de mettre en œuvre des moyens colossaux : 10 000 ingénieurs hautement qualifiés seront recrutés en Europe dans les 5 prochaines années. Cette annonce a été faite quelques jours avant celle du changement de nom du groupe Facebook en Meta , le 28 octobre, démontrant ainsi l’engagement total du fournisseur de réseaux sociaux dans la transition vers le métavers. Le 22 juillet 2021, dans une interview à The Verge , le créateur de Facebook racontait : « Je pense à certains de ces trucs depuis le collège quand je commençais tout juste à coder. […] J’écrivais du code

Sans Sauvegarde, pas de cyber-résilience

Par Alexandra Lemarigny, directrice commercial Europe du Sud Opentext Security Solutions Les études diverses sur les habitudes de sauvegarde des entreprises et leurs collaborateurs sont sans équivoque : très majoritairement, elles ne s’attardent vraiment sur ces questions de sauvegarde ou de récupération qu’en cas d’incidents. Pourtant la sauvegarde est l’élément majeur des dispositifs de cyber-résilience, à savoir la capacité à rester opérationnel, même face aux cyberattaques et à la perte de données. La sauvegarde n’est pas suffisamment considérée Dans les faits, force est de constater que la sauvegarde n’est pas envisagée dans son entièreté par les entreprises qui n’ont pas eu à subir d’accidents et il est fréquent qu’elles ne sauvegardent pas les éléments les plus pertinents. A titre d’exemples une entreprise peut ne sauvegarder qu’un ou deux serveurs, ou un élément qu’elle a identifié comme critique quelques années auparavant. Certaines ne tiennent pas compte de l’évolution de leu

Implants cérébraux : la délicate question de la responsabilité juridique des interfaces homme-machine

Dans le film Transcendance , de Wally Pfister, sorti en 2014, le héros mourant transfère son esprit dans un ordinateur quantique. Wally Pfister, 2014 Par  Elise Roumeau , Université Clermont Auvergne (UCA) Depuis quelques années, Elon Musk ne cesse de faire des annonces relatives à des avancées technologiques. Voitures autonomes , voyages interplanétaires , interface homme-machine , achat du réseau social Twitter… rien ne semble arrêter l’homme d’affaires. Aucun obstacle technique, géographique, physiologique ne lui semble infranchissable. Pourtant, ses projets pourraient, à court terme, poser de véritables difficultés du point de vue juridique. La recherche d’une fusion entre le cerveau et l’intelligence artificielle Avec Neuralink, l’un des objectifs visés par Elon Musk est de créer une interface entre l’humain et la machine . À plus ou moins court terme, le projet porte sur le développement d’implants cérébraux pour pallier des troubles neur

ChatGPT et cybersécurité : quels risques pour les entreprises ?

Analyse de Proofpoint Les plateformes de génération de texte tel que ChatGPT permettent de créer du contenu de qualité, instantanément, gratuitement, et sur n’importe quel sujet. Comme le confirme le lancement de Bard par Google, nous sommes désormais entrés dans une course à l’IA, ou chaque géant du web cherche à posséder la meilleure solution possible. Si l’avancée technologique est majeure, le risque notamment pour la cybersécurité des entreprises est indéniable. Comment lutter contre des campagnes de phishing de plus en plus ciblées et sophistiquées, maintenant alimentées par des technologies capables de parfaire encore plus la forme et la teneur d’un email malveillant ? En quelques mots, ChatGPT offre une ingénierie sociale très performante, mais une automatisation encore limitée. Concernant la détection de la menace par rançongiciels, comme l’explique Loïc Guézo, Directeur de la stratégie Cybersécurité chez Proofpoint, « Bien que les chatbots puissent générer du texte pour le cor

Sondage : quatre Français sur dix craignent le vol d'identité

Selon un sondage représentatif commandé par le fournisseur de messagerie GMX , de nombreux internautes français sont préoccupés (31%), voire très inquiets (9%), d'être victimes d'un vol d'identité. La majorité craint que des inconnus puissent faire des achats (52%) avec leur argent. Dans le cas d'une usurpation d'identité, les criminels accèdent aux comptes en ligne et agissent au nom de leurs victimes. De nombreuses personnes interrogées craignent que des inconnus signent des contrats en leur nom (37 %), que des escrocs utilisent l'identité volée pour ouvrir de nouveaux comptes (36 %) et que des informations les plus privées tombent entre des mains étrangères ou soient rendues publiques (28 %). Besoin de rattrapage en matière de sécurité des mots de passe Il est urgent de rattraper le retard en matière d'utilisation de mots de passe sûrs selon GMX : 34 % des utilisateurs d'Internet en France utilisent dans leurs mots de passe des informations personnell