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Cloud, IA et autonomie stratégique : l’Arcep en première ligne pour une régulation européenne proactive

En matière de cloud et d'intelligence artificielle (IA), la régulation n’est pas un frein : tel est le message que Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, le gendarme français des Télécoms, est allée porter fin juin à Bruxelles devant les parlementaires européens. Alors que la Commission mène une consultation publique sur l’avenir des politiques en matière de cloud et d’IA, le régulateur français des télécoms défend l'idée de doter l’Europe d’un cadre économique pro-investissement, stable et ambitieux, au service de sa souveraineté technologique. Forte de son expérience dans le secteur des télécoms — où la régulation a permis à la France de devenir le premier pays européen en matière d’abonnements très haut débit —, l’Arcep plaide pour une approche transposable aux infrastructures numériques du futur. Car l’enjeu dépasse de loin le simple déploiement de serveurs ou d’algorithmes car il s’agit d’assurer l’autonomie stratégique de l’Union européenne dans un contexte de dépen...

Successeur du Concorde : l’avion supersonique est-il encore pertinent ?

overture

Le Concorde va-t-il avoir un successeur ? La question est toujours posée depuis l’arrêt de l’exploitation par Air France et British Airways du mythique avion supersonique franco-britannique, en 2003. Concorde était sur la sellette depuis le crash survenu à Gonesse le 25 juillet 2000 lorsque l’avion s’était écrasé sur un hôtel, provoquant la mort de 113 personnes (cent passagers, neuf membres d’équipage et quatre personnes au sol). Mais l’aura de l’avion supersonique est restée vive à tel point que de nombreux projets pour imaginer un nouveau Concorde, plus moderne et plus sûr ont vu le jour. Tous se sont fracassés sur le mur de réalités financières ou économiques, aussi complexes les unes que les autres. Mais certains croient encore à la pertinence d’avoir un avion supersonique, à rebours de l’époque qui fustige les déplacements en avion, notamment ceux des jets, trop onéreux et trop polluants.

Parmi ceux qui croient encore en un nouveau Concorde figure Blake Scholl, le PDG fondateur de Boom Supersonic. Ni la pandémie de Covid-19, ni les déboires des projets concurrents dont celui du favori Aerion, n’ont douché l’enthousiasme de ce jeune PDG passé par Amazon et qui a fondé sa start-up aéronautique à Denver (Colorado) en 2014. C’est d’ailleurs ses contacts dans le monde numérique et dans la Silicon Valley qui apportent à Blake Scholl ses premiers investissements. Boom Supersonic lève en 2019 quelque 87 millions d’euros et reçoit le soutien de plusieurs fonds d’investissement et de groupes technologiques américains comme Google, Airbnb et ou Dropbox. Boom noue par ailleurs un partenariat avec Prometheus, un spécialiste des biocarburants et développe des process pour limiter la consommation, notamment avec l’abandon de la postcombustion.

Europe-USA en 3h30

En octobre 2020, Boom présente un premier prototype baptisé XB-1, capable de voler à Mach 2,2, soit deux fois la vitesse du son, ce qui lui permettrait de relier le Vieux continent à New York en 3 h 30, emmenant 55 personnes dans sa cabine futuriste. Boom rêve alors de voir des vols commerciaux vers 2030 et séduit déjà des compagnies comme Virgin Atlantic et Japan Airlines qui précommandent respectivement 10 et 20 exemplaires du supersonique. En juin 2021, la société frappe un grand coup : un engagement d’achat de la compagnie américaine United pour 15 appareils, plus 35 en option.

Le 19 juillet dernier, au salon aéronautique de Farnborough, Boom franchit une étape importante en dévoilant le design définitif de l’avion, rebaptisé Overture, après 51 versions et 26 millions d’heures de simulation logicielle et cinq tests de souffleries ! Élégant, élancé avec ses quatre moteurs et ses ailes « de mouette », l’appareil sera capable de transporter de 65 à 80 passagers à la vitesse supersonique de Mach 1,7, soit 2 100 km/h.


« C’est comme si le Concorde et le 747 avaient eu un bébé », s’amuse Blake Scholl, qui revendique une filiation avec le Concorde. « 707… 747… Concorde… Overture. Le prochain avion emblématique », réagit le PDG à une publication du compte Twitter d’United qui montre une vue d’un Overture aux couleurs de la compagnie. Boom supersonic espère réaliser le premier vol d’Overture d’ici 2026 et recevoir une certification lui permettant d’effectuer des vols commerciaux d’ici 2029.

À Farnborough, Boom Supersonic a dévoilé aussi le nom de nouveaux partenaires qui l’accompagneront : Eaton pour les systèmes de carburant, Collins Aerospace pour les principaux systèmes de l’avion et Safran Landing Systems pour le freinage et le train d’atterrissage. « C’est une occasion unique d’apporter notre expertise pour un produit qui, selon nous, a la capacité de transformer complètement le transport aérien des passagers », s’est félicité Cédric Goubet, PDG de Safran Landing Systems.

Une version militaire

Boom a également annoncé un autre partenariat très important avec Northrop Grumman Corporation. Les deux sociétés « travailleront ensemble pour offrir au gouvernement américain et à ses alliés un avion de mission spéciale supersonique. » Car à côté de l’avion supersonique civil un Overture militaire pourrait bien voir le jour. « Le temps est un avantage stratégique dans les scénarios à conséquences importantes. Doté de capacités spéciales, l’aéronef pourrait être utilisé pour livrer du matériel médical, procéder à des évacuations médicales d’urgence ou à la surveillance de zones bien plus larges qu’un avion conventionnel », a expliqué Boom Supersonic.


Depuis la fin du Concorde de multiples projets

Donner un successeur au Concorde : cet objectif a été poursuivi par de nombreuses sociétés, dont beaucoup ont jeté l’éponge tant devant les difficultés techniques que les perspectives incertaines d’obtenir des débouchés commerciaux pour un avion supersonique forcément hors normes. Parmi les nombreux projets en lice, celui d’Aerion semblait très prometteur. La société américaine Aerion Corporation travaillait depuis plusieurs années sur un modèle de jet d’affaires supersonique, l’AS2. Silencieux, capable de voyager deux fois plus rapidement que les avions commerciaux actuels (1,4 Mach, soit 1 715 km/h), cet avion devait effectuer des essais en vol d’ici 2024 pour une commercialisation en 2026. Aerion avait séduit Lockheed Martin, GE Aviation et surtout le géant Boeing. Mais Aerion n’a pas survécu à la pandémie et la société a été liquidée en 2021.

Spike Aerospace, basé à Boston, travaille toujours de son côté sur un avion d’affaires supersonique baptisé S-512. La société californienne Exosonic conçoit un avion supersonique sans équipage qui, espère-t-elle, conduira à un avion de ligne supersonique silencieux. Mais de tous, c’est bien Boom qui est le plus avancé.

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