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L’IA menace-t-elle l’apprentissage des langues ?

Les téléphones permettent de communiquer avec des personnes qui ne parlent pas notre langue et dont nous ne parlons pas la langue. Maxx-Studio / Shutterstock Par  Pascual Pérez-Paredes , Universidad de Murcia Est-il encore utile d’apprendre des langues étrangères quand on dispose de smartphones équipés de traducteurs automatiques ? Si cette hypothèse inquiète, il semblerait que l’intelligence artificielle ouvre aussi de nouvelles pistes pour s’initier à différentes langues. En 2024, la société Open AI , spécialisée dans l’intelligence artificielle, a présenté GPT4-o, un nouveau grand modèle de langage capable de « raisonner » et d’interagir avec du texte, des images et des sons. Dans l’une des vidéos diffusées après ce lancement, on voit deux personnes sur leur téléphone portable qui demandent à GPT4-o de les écouter et de traduire leurs échanges de l’anglais à l’espagnol ou de l’espagnol à l’anglais, de sorte que

Qu’est-ce qui freine l’adoption de la blockchain en entreprise ?

L’année 2023 pourrait marquer un coup d’accélérateur dans le lancement de projets liés à la blockchain dans les entreprises aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Chine. Kai Stachowiak / Publicdomainpictures.net
Par Marroi Laaraj, Université de Montpellier; Samuel Fosso Wamba, TBS Education et Walid A. Nakara, Montpellier Business School

Certains chercheurs affirment que l’état d’adoption de la technologie blockchain est aujourd’hui comparable à celui d’Internet dans les années 1990. La diffusion devrait à présent connaître un coup d’accélérateur. Par exemple, le Boston Consulting Group annonce un milliard d’utilisateurs pour les cryptomonnaies d’ici 2030, ce qui correspondrait à une augmentation de 4 % à 12,7 % d’utilisateurs au niveau mondial, en moins d’une décennie.

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations qui permet à des personnes ou des organisations de partager une base de données commune et vérifiable en temps réel, sans qu’il y ait besoin d’un tiers de confiance pour garantir l’authenticité et l’intégrité des données. La blockchain fonctionne comme une sorte de registre ou de livre de comptes distribué et décentralisé, où chaque transaction est enregistrée de manière chronologique et vérifiable grâce à une série de codes cryptographiques. Cette technologie peut être utilisée dans de nombreux domaines, tels que les paiements, les contrats intelligents, la traçabilité des produits, la gestion des identités numériques, etc.

Davantage d’entreprises envisagent ainsi de passer à cette technologie pour transformer leurs opérations et gagner un avantage concurrentiel. Une étude réalisée par CasperLabs et Zogby Analytics auprès de 603 décideurs en entreprises, localisées aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Chine, indique que 90 % ont d’ores et déjà implémenté la blockchain. La courbe d’adoption s’annonce positive pour 2023 puisque l’étude précise également que 87 % des entreprises sondées prévoient un investissement dans cette technologie dans le courant de l’année.

Une utilisation encore timide

À l’instar des travaux cités plus haut, les résultats de notre étude parue en 2022 dans la revue Planning Production & Control montrent que les blockchains suscitent un fort intérêt, mais l’intention d’adoption reste nettement supérieure au taux d’adoption effectif. Cette recherche avait pour objectif de comprendre les facteurs qui ont un impact sur la diffusion de la blockchain, notamment en examinant le rôle des agents dits « du changement ».

L’étude a examiné les réponses de quatorze experts travaillant dans des cabinets de conseil tels que BCG, PWC, Accenture, Deloitte et Wavestone ainsi que les experts travaillant dans des entreprises spécialisées dans le développement de solutions blockchain (SmartB, Consensys, Kapalt, ChainHero et Ticket 721).

Ces experts ont identifié la présence de plusieurs leviers impactant la diffusion de cette technologie. Parmi les barrières à l’adoption, les aspects dits non technologiques jouent un rôle prépondérant. Ainsi, l’éthique, les aspects environnementaux ou encore le manque de connaissances et d’expertise ralentissent la diffusion. L’un des experts interviewés le souligne :

« Aujourd’hui, on se demande encore ce qu’est une blockchain. C’est ce qu’on appelle l’actualisation des technologies, cela va venir au fur et à mesure. Là nous sommes dans la construction des schémas mentaux autour des blockchains. »

Par ailleurs, les experts s’accordent à dire qu’à ce stade une adoption se fera de manière transparente (soit inconsciente) ou imposée par un contexte de crise tel qu’une crise politique ou économique. Un expert rappelle ainsi les précédents sud-américains :

« Dans certains pays d’Amérique du Sud où la monnaie est défaillante, comme le Venezuela, les habitants ont pris leur destin en main sans compter sur leur gouvernement et s’appuient énormément sur la cryptomonnaies. Non pas parce qu’ils sont en quête d’innovation et de nouveaux business model, mais plutôt pour sauver leur famille et protéger leur épargne. »

Une compréhension essentielle

Quant à la question de la responsabilité éthique, elle est complexe et controversée. Certains experts interrogés considèrent que la technologie est neutre d’un point de vue éthique, tandis que d’autres ont une vision plus tranchée, positive ou négative.

Les principaux points ciblés sont la transparence et la gouvernance. Un haut niveau de transparence implique un risque élevé d’exposition des données privées. Ainsi, lors du développement d’un projet blockchain, il est essentiel de prendre en considération le mode de gouvernance, en déterminant les acteurs qui ont accès au registre, ainsi que la responsabilité et l’autorité de chacun. Si la technologie est utilisée à mauvais escient, qui en est responsable ?

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La question de l’impact environnemental de la blockchain est également un sujet de débat important, notamment en raison de l’utilisation du protocole de consensus de preuve de travail (PoW). La PoW nécessite que les mineurs résolvent des problèmes mathématiques complexes pour créer un nouveau bloc. Cela requiert une importante puissance de calcul. En revanche, des protocoles de consensus moins énergivores ont été développés depuis. L’utilisation de preuves d’autorité (PoA) est l’une des solutions envisageables. La PoA suit un mécanisme de consensus dans lequel un petit nombre d’entités de confiance sont responsables de la validation des transactions et de l’ajout de nouveaux blocs. Ce processus est plus rapide et moins énergivore (cependant aucun chiffre comparatif n’a été officiellement communiqué).

SmartB est un exemple d’entreprise développant une blockchain basée sur la PoA. Selon les experts techniques de l’entreprise, une transaction Ethereum de type PoW serait 1500 fois plus énergivore qu’une transaction réalisée sur la blockchain SmartB de type PoA. L’entreprise souhaite s’inscrire dans une perspective de développement durable, permettant ainsi de réduire considérablement l’impact énergétique tout en garantissant l’authenticité et la sécurité des transactions effectuées sur sa plate-forme.

Enfin, la compréhension de ce qu’est et de ce que peut faire une blockchain est essentielle pour une diffusion plus large. En effet, une innovation, aussi disruptive soit-elle, doit être comprise pour susciter un intérêt suffisamment important, afin d’être acceptée et de provoquer les phases d’adoption, d’implémentation et de routinisation. Sans cela, l’adoption se fera de manière transparente (une utilisation inconsciente de la blockchain à travers un cas focalisé sur l’utilisateur) ou de manière forcée (une situation de crise). Pour une adoption plus « choisie », une sensibilisation est donc nécessaire, principalement assurée par les agents du changement que sont aujourd’hui, entre autres, les cabinets de conseil et start-up expertes.The Conversation

Marroi Laaraj, Doctorante, Université de Montpellier; Samuel Fosso Wamba, Professeur en systèmes d’information et data science et Directeur de la recherche, TBS Education et Walid A. Nakara, Professeur, Directeur de la Chaire Entrepreneuriat Social et Inclusion, Montpellier Business School

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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