Premier rapport sur la cybercriminalité du ministère de l'Intérieur : les atteintes numériques ont bondi de +40% en 5 ans
Les analyses, études, prospectives sur l’état de la cybercriminalité et des cybermenaces ne manquent pas de la part des sociétés du secteur technologique. À ces données importantes, notamment pour les entreprises, s’est ajoutée ce mardi 30 juillet la publication du premier rapport sur la cybercriminalité du ministère de l’Intérieur.
C’est le CEntre d’analyse et de regroupement des Cybermenaces (CECyber) du COMCYBER-MI, le commandement cyber associant la police et la gendarmerie lancé en 2023, qui a rédigé – en complémentarité avec les analyses annuelles de l’ANSSI – ce document de 54 pages. Il analyse le niveau de la menace cyber qui pèse sur les citoyens, les entreprises (notamment les PME), et les institutions publiques.
« 9 Français sur 10 ont déjà été confrontés à une situation de malveillance informatique, notamment à l’hameçonnage (pour 70 % d’entre eux), mais aussi de nouvelles menaces comme le quishing, technique exploitant de faux QR codes pour subtiliser de l’argent », indique le rapport qui a comptabilisé 278 703 infractions liées au numérique enregistrées par les forces de sécurité intérieures en 2023, en augmentation de 9 % par rapport à 2022 et de 40 % en cinq ans, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Les femmes particulièrement ciblées
59 % de ces infractions sont des atteintes « numériques » aux biens (escroqueries, arnaques en ligne etc.), 34 % sont des atteintes « numériques » à la personne, 5 % sont des atteintes aux institutions. « Toutes les couches de la population sont concernées par cette cyberdéliquance et notamment les plus jeunes : 47 % des victimes de préjudice financier en ligne ont moins de 44 ans. Les atteintes numériques à la personne visent pour leur part majoritairement les femmes, qui représentent 67 % du total des plaintes déposées. »
« De manière générale, on note une professionnalisation significative des cyberdélinquants, que ce soit en matière d’appropriation des outils techniques, de structuration en véritables réseaux, ou de lien avec les écosystèmes de blanchiment. Certains modes opératoires, tel que celui de la fraude au faux conseiller bancaire, sont réellement industrialisés par les groupes cybercriminels », note le rapport qui sera rendu tous les ans.
« Notre détermination à sécuriser l’espace numérique français est plus forte que jamais et nous continuerons à innover et à coopérer, tant au niveau national qu’international, pour relever ces défis », assure le général de division Christophe Husson, chef du commandement du ministère de l’Intérieur dans le cyberespace. La France est particulièrement exposée aux cybermenaces, notamment dans le contexte de la guerre en Ukraine ou des Jeux Olympiques de Paris 2024.