Après un accord de spectre de 17 milliards de dollars, Elon Musk projette de transformer Starlink en opérateur sans fil capable de connecter directement chaque smartphone à sa constellation de satellites. Un bouleversement qui questionne la souveraineté numérique européenne et l’avenir des télécommunications terrestres. Le fantasque milliardaire Elon Musk se lance dans un nouveau projet qui pourrait bouleverser l’écosystème mondial des télécommunications. SpaceX, maison-mère de la constellation de satellites Starlink, a, en effet, acquis cette semaine auprès d’EchoStar des droits de spectre sans fil pour 17 milliards de dollars. Cet accord offre à l’entreprise l’accès aux fréquences AWS-4 et H-block, situées entre 1,9 GHz et 2 GHz. Elon Musk y voit la clé pour faire de Starlink non plus un fournisseur d’accès Internet par satellite, mais un opérateur mondial capable de connecter directement les smartphones. La fin des zones blanches Le projet repose sur une idée radicale : c...
Patron de Tesla et de Space X, ministre de Donald Trump… : Elon Musk, milliardaire inspirant ou inquiétant ? Génie ou mauvais génie ?

La semaine dernière, le milliardaire américain Elon Musk, patron de Space X, Tesla ou du réseau social X, est devenu l’homme le plus riche du monde… de l’ère moderne (XIXe-XXIe siècles). La fortune de l’homme d’affaires d’origine sud-africaine a atteint, en effet, 348 milliards de dollars – en hausse de près de 130 milliards de dollars en un an – devançant de très loin celles de Jeff Bezos, patron d’Amazon (219 milliards de dollars), de Larry Ellison, fondateur d’Oracle (206 milliards), ou du Français Bernard Arnault, à la tête de LVMH (163 milliards).
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Elon Musk avec Donald Trump lors d’un meeting de la présidentielle. |
Elon Musk surpasse surtout les grandes fortunes de l’ère industrielle comme celle de John Rockefeller, qu’on pensait inégalable, et qui avait 336 milliards de dollars actuels. Au contraire de Rockefeller qui était un magnat de l’énergie, d’Henry Ford dans l’automobile ou d’Andrew Carnegie dans l’acier, Elon Musk a investi plusieurs domaines clés : l’automobile électrique, l’espace, les réseaux sociaux, l’internet par satellite, la recherche médicale, l’intelligence artificielle… et désormais la politique. En remerciement du soutien déterminant de Musk pour sa réélection, Donald Trump l’a, en effet, nommé, avec l’entrepreneur Vivek Ramaswamy, à la tête d’un département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) pour « démanteler la bureaucratie gouvernementale ».
À 12 ans il vend 500 dollars le jeu vidéo qu’il a créé
Avec toutes ses casquettes – dont celle de Make America Great Again évidemment – , Elon Musk apparaît comme l’homme le plus puissant – ou en tout cas influent – du monde. Un vertige qui nous fait nous interroger : Musk est-il inspirant ou inquiétant ? Est-il un génie ou… un mauvais génie ?
Aujourd’hui, l’enfant prodige sud-africain devenu magnat multi-milliardaire de la Silicon Valley fascine autant qu’il divise ; visionnaire pour certains, dangereux pour la démocratie pour d’autres. Son parcours digne d’un roman donne en tout cas certaines clés pour comprendre le personnage mais il reste suffisamment de parts d’ombre pour s’inquiéter qu’autant de pouvoirs soient concentrés dans les mains d’un seul individu.
Né en 1971 à Pretoria, le jeune Elon, diagnostiqué Asperger, montre très tôt des signes de précocité. À 12 ans, cet enfant victime de harcèlement scolaire qui vit avec son père après le divorce de ses parents et admire son grand-père aviateur et explorateur, vend déjà son premier logiciel, un jeu vidéo, pour 500 dollars. « J’étais un enfant très introverti, obsédé par la lecture et la technologie », confiera-t-il plus tard. Cette obsession ne le quittera jamais – il conseille d’ailleurs de lire beaucoup.

Après des études au Canada puis aux États-Unis où il étudie la physique et l’économie, Musk se lance dans l’entrepreneuriat. Il commence sa carrière en cofondant la société de logiciels Zip2 avec son frère, Kimbal Musk. La start-up est rachetée par Compaq pour 307 millions de dollars en 1999. Il cofonde alors X. com – déjà cette fascination pour la lettre X – qui deviendra ensuite PayPal, révolutionnaire service de paiement en ligne. La vente de l’entreprise au site d’enchères eBay en 2002 lui rapporte 1,5 milliard de dollars ! De quoi financer ses rêves les plus fous. Car Musk voit grand, très grand.
Avec Space X, fondée en 2002, il veut révolutionner l’industrie spatiale et rien moins que coloniser Mars. Avec Tesla, créée l’année suivante, il entend accélérer la transition vers les véhicules électriques. Deux paris jugés impossibles à l’époque, que l’entrepreneur transformera en succès retentissants.
En 2006, il participe à la création de SolarCity, reprise par Tesla pour devenir Tesla Energy. En 2015, il cofonde et devient coprésident d’OpenAI, la société qui a créé le fameux ChatGPT, qu’il quittera en 2018 – il lancera xAI en 2023. En 2017, il lance Neuralink pour connecter le cerveau humain à l’intelligence artificielle. En 2020, c’est The Boring Company qui voit le jour pour révolutionner les transports urbains avec des tunnels. Et depuis longtemps, Musk promeut les cryptomonnaies, comme le bitcoin, qui connaissent une spectaculaire envolée de leurs cours depuis l’élection de Trump.
Donald Trump est revenu samedi à Butler en Pennsylvanie, là-même où il avait réchappé de peu à une tentative d'assassinat. Soutien de poids, le milliardaire Elon Musk a présenté l'élection américaine comme "un combat qu'il ne faut pas perdre" #AFPVertical ⤵️ pic.twitter.com/h41LlhQe4O
— Agence France-Presse (@afpfr) October 6, 2024
« L’échec est une option ici. Si les choses n’échouent pas, c’est que vous n’innovez pas assez », martèle Musk. Une philosophie qui lui permettra de surmonter les nombreuses difficultés, notamment les débuts chaotiques de Tesla et les explosions des premières fusées Space X.
Management brutal
Derrière ces réussites se cache un patron complexe, aux méthodes de management brutales. « Elon peut être un tyran impitoyable », témoigne un ancien cadre de Tesla sous couvert d’anonymat. « Il exige l’excellence à tout prix, quitte à épuiser ses équipes », qu’il invite, comme lui, à dormir dans leur bureau… Car cette exigence extrême, Musk se l’applique d’abord à lui-même. « Je travaille 120 heures par semaine », se vantait-il en 2018. Un rythme effréné qui l’a conduit à plusieurs burn-out, sans pour autant freiner ses ambitions démesurées.
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Elon Musk devant une Tesla S |
Mais c’est en 2022 que Musk franchit un nouveau cap avec le rachat de Twitter pour la somme astronomique de 44 milliards de dollars. Une opération qui marque un tournant dans sa trajectoire et soulève de nombreuses inquiétudes. Car si Musk le libertarien, père de six enfants, à la triple nationalité, se présente comme un « absolutiste de la liberté d’expression », ses décisions à la tête du réseau social font craindre une dérive autoritaire.
Licenciements massifs, rétablissement de comptes controversés, suppression des comptes certifiés au profit d’abonnements payants mieux exposés, multiplication des propos polémiques et des fake news… : en quelques mois, l’entrepreneur s’est aliéné une grande partie de l’opinion publique tout en perdant des millions de dollars.
Licenciements massifs, rétablissement de comptes controversés, suppression des comptes certifiés au profit d’abonnements payants mieux exposés, multiplication des propos polémiques et des fake news… : en quelques mois, l’entrepreneur s’est aliéné une grande partie de l’opinion publique tout en perdant des millions de dollars.
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A la suite d’une blague il fabrique des lance-flammes. DR |
« Musk est devenu un danger pour la démocratie », s’alarme Shoshana Zuboff, professeure émérite à Harvard. « Il concentre un pouvoir immense sur l’information et l’utilise de manière irresponsable. » L’intéressé balaie ces critiques d’un revers de main. « Je me fiche de ce que pensent les gens. Je veux juste que l’humanité explore l’espace et devienne une civilisation multiplanétaire », déclarait-il récemment.
Une vision messianique qui ne doit pas occulter les zones d’ombre du personnage. Accusations de harcèlement sexuel, manipulation des cours de Bourse, promesses non tenues… La liste des controverses s’allonge au fil des années. Mais qu’importe, Musk n’hésite pas à ferrailler, par exemple avec l’ancien commissaire européen Thierry Breton, un des rares à lui tenir tête, quand d’autres, comme Emmanuel Macron, le reçoivent comme un chef d’État.
« Un danger pour la démocratie »
« Musk est un génie, c’est indéniable. Mais c’est aussi un mégalomane dont le pouvoir est devenu incontrôlable », analyse Roger McNamee, ancien mentor de Mark Zuckerberg. « Il représente tout ce qui ne va pas dans la tech aujourd’hui : l’hubris, l’absence de garde-fous éthiques, le mépris des institutions. »
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Les employés de SpaceX en 2015 |
Adulé ou détesté, Elon Musk ne laisse personne indifférent. À 53ans, l’entrepreneur le plus influent de sa génération, devenu aussi une figure people, semble plus que jamais déterminé à façonner le monde à son image et utiliser accessoirement la nouvelle position que vient de lui donner Donald Trump pour asseoir sa domination sur le marché des voitures électriques ou du New Space ; faisant fi des conflits d’intérêts qui le cernent.
Mais, telle la grenouille de la fable qui voulait se mesurer au bœuf, Musk pourrait voir sa démesure se retourner contre lui. La presse américaine se fait de plus en plus l’écho des tensions entre Musk et l’équipe Trump, le milliardaire – qui a assisté à plusieurs appels avec des chefs d’État étrangers dont Zelensky – cherchant notamment à imposer ses vues et ses candidats à des postes clés.
La bromance entre les deux hommes, qui détestent rien moins qu’être numéro 2, pourrait tourner court. Reste à savoir lequel prendra l’ascendant sur l’autre…
Mais, telle la grenouille de la fable qui voulait se mesurer au bœuf, Musk pourrait voir sa démesure se retourner contre lui. La presse américaine se fait de plus en plus l’écho des tensions entre Musk et l’équipe Trump, le milliardaire – qui a assisté à plusieurs appels avec des chefs d’État étrangers dont Zelensky – cherchant notamment à imposer ses vues et ses candidats à des postes clés.
La bromance entre les deux hommes, qui détestent rien moins qu’être numéro 2, pourrait tourner court. Reste à savoir lequel prendra l’ascendant sur l’autre…