Accéder au contenu principal

Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

Baromètre les Français et le numérique : un usage toujours plus marqué mais une défiance qui persiste

numérique


Notre société est de plus en plus numérisée et, régulièrement, des études se penchent sur la façon dont les Français s’approprient le numérique, l’utilisent dans leur vie quotidienne personnelle ou professionnelle. La 12e édition du Baromètre de la Confiance des Français dans le numérique, réalisée par l’ACSEL en partenariat avec Toluna Harris Interactive, apporte un éclairage sur un vrai paradoxe français : des usages numériques toujours plus marqués mais une défiance qui persiste.

Une confiance numérique fragile face à la recrudescence des escroqueries

En effet, moins d’un Français sur deux (44 %) déclare avoir confiance dans l’utilisation d’internet. Un chiffre préoccupant mais stable, qui coïncide avec une préoccupation devenue centrale : la multiplication des fraudes en ligne. En 2025, près d’un Français sur deux déclare en avoir été victime, un bond de huit points en un an. L’hameçonnage (45 %), les arnaques commerciales (32 %) et l’usurpation d’identité (30 %) sont désormais des expériences vécues et plus seulement des risques hypothétiques.

Cette situation n’est pas sans réponse. Les Français se montrent plus avertis : 63 % se disent informés sur les moyens de se protéger et 59 % estiment être correctement équipés.

L’authentification forte reste la pierre angulaire de cette défense numérique (68 %), tandis que l’identité numérique — encore balbutiante il y a quelques années — connaît une nette progression dans sa perception comme rempart efficace (+ 4 points).

Réseaux sociaux : un usage massif, une confiance effritée

Le contraste est aussi saisissant côté réseaux sociaux : alors que 92 % des internautes fréquentent au moins une plateforme sociale, seuls 38 % leur accordent leur confiance. Cette défiance s’ancre notamment dans deux préoccupations : l’usurpation d’identité et le cyberharcèlement, qui touchent 35 % des utilisateurs. Fait notable, 88 % des Français se prononcent pour une obligation de vérification d’identité sur ces plateformes, signe d’un glissement progressif vers une régulation plus stricte.

Cette exigence de transparence s’étend aussi à la sphère informationnelle. Si 63 % des internautes s’informent via les réseaux sociaux, seulement 41 % font confiance à ce qu’ils y lisent. Les médias traditionnels, bien qu’en perte de vitesse, restent les repères les plus crédibles (69 % de confiance pour les sites de presse comme celui de ladepeche.fr).

La désinformation apparaît comme le principal péril aux yeux des internautes français, loin devant les fraudes et les manipulations de l’opinion, et près d’un tiers des internautes appellent à plus de rigueur dans la citation des sources, la vérification des faits et la présentation de preuves.

Intelligence artificielle : une adoption rapide, une méfiance durable

L’intelligence artificielle, notamment générative, poursuit quant à elle sa démocratisation. 70 % des internautes y ont déjà eu recours, un chiffre porté par les jeunes générations (87 % des 15-24 ans). Si l’usage reste majoritairement personnel (68 %), les usages professionnels gagnent du terrain (+ 5 points). Pourtant, 46 % des Français déclarent ne pas faire confiance à l’IA, et 83 % réclament une mention explicite lorsqu’un contenu est généré par ce biais.

La double nature de l’IA se révèle pleinement : perçue à la fois comme une menace pour l’emploi (60 %) et comme une opportunité (47 %), elle cristallise les tensions.

Secteur bancaire et identité numérique : des bastions de confiance

Face à cette défiance généralisée, deux domaines se démarquent positivement. Le secteur bancaire, d’abord, bénéficie d’un regain de confiance : 70 % des Français estiment qu’il n’est pas risqué de consulter ses comptes en ligne, une progression notable. L’usage de la double authentification et l’essor des services d’agrégation de comptes (via des applications) chez les jeunes y contribuent.

Ensuite, l’identité numérique prend racine. FranceConnect est utilisé par 62 % des répondants et bénéficie de la confiance de 77 %, au coude-à-coude avec les systèmes bancaires (B. Connect : 73 %). Près de 7 internautes sur 10 jugent qu’un portefeuille numérique certifié, comme l’envisage l’Union européenne, pourrait devenir une norme, marquant une étape vers une gestion plus sécurisée et centralisée des identités en ligne.

Les constats du baromètre de l’ACSEL viennent compléter utilement les enseignements du dernier Baromètre du numérique 2024 publié par l’Arcep en mars. Ce dernier confirmait l’omniprésence du smartphone (91 % de taux d’équipement), l’essor de la fibre (75 % des abonnements fixes) et la numérisation des usages dans tous les secteurs, de la domotique à la santé. Mais il mettait aussi en lumière les effets d’une consommation numérique effrénée : surexposition aux écrans, consommation mobile excessive, faible taux de réemploi des équipements et inquiétudes croissantes quant à l’impact du numérique sur les plus jeunes.

L’articulation entre ces deux études dessine, d’évidence, une cartographie contrastée : celle d’une société ultra-connectée, qui progresse dans sa maturité numérique, mais cherche encore les garde-fous indispensables à une confiance durable.

Posts les plus consultés de ce blog

Le bipeur des années 80 plus efficace que le smartphone ?

Par André Spicer, professeur en comportement organisationnel à la Cass Business School (City University of London) : Vous vous souvenez des bipeurs ? Ces appareils étaient utilisés largement avant l'arrivée massive des téléphones portables et des SMS. Si vous aviez un bipeur, vous pouviez recevoir des messages simples, mais vous ne pouviez pas répondre. Un des rares endroits où on peut encore en trouver aujourd’hui sont les hôpitaux. Le Service National de Santé au Royaume-Uni (National Health Service) en utilise plus de 130 000. Cela représente environ 10 % du nombre total de bipeurs présents dans le monde. Une récente enquête menée au sein des hôpitaux américains a révélé que malgré la disponibilité de nombreuses solutions de rechange, les bipeurs demeurent le moyen de communication le plus couramment utilisée par les médecins américains. La fin du bipeur dans les hôpitaux britanniques ? Néanmoins, les jours du bipeur dans les hôpitaux britanniques pourraient être compté...

Quelle technologie choisir pour connecter les objets ?

Par Frédéric Salles, Président et co-fondateur de Matooma   En 2021, le nombre total d'objets connectés utilisés atteindra les 25 milliards selon Gartner. Il est ainsi légitime de se demander quelles sont les technologies principales permettant de connecter les objets, et quelle pourrait être celle la plus adaptée pour sa solution. Un projet de vidéosurveillance par exemple n'aura absolument pas les mêmes besoins qu'un projet basé sur le relevé de température au milieu du désert. Ainsi pour trouver la meilleure connectivité pour son objet, de nombreuses questions peuvent se poser : mon objet fonctionne-t-il sur batterie ou est-il alimenté ? Mon objet restera-t-il statique ou sera-t-il mobile ?  Mon objet est-il susceptible d'être dans un endroit difficile d'accès ou enterré ? A quelle fréquence mes données doivent-elles remonter ? Etc. Voici les différentes solutions actuellement disponibles sur le marché. Courte distance : RFID/Bluetooth/WiFi La RFID (Ra...

La fin du VHS

La bonne vieille cassette VHS vient de fêter ses 30 ans le mois dernier. Certes, il y avait bien eu des enregistreurs audiovisuels avant septembre 1976, mais c’est en lançant le massif HR-3300 que JVC remporta la bataille des formats face au Betamax de Sony, pourtant de meilleure qualité. Ironie du sort, les deux géants de l’électronique se retrouvent encore aujourd’hui face à face pour déterminer le format qui doit succéder au DVD (lire encadré). Chassée par les DVD ou cantonnée au mieux à une petite étagère dans les vidéoclubs depuis déjà quatre ans, la cassette a vu sa mort programmée par les studios hollywoodiens qui ont décidé d’arrêter de commercialiser leurs films sur ce support fin 2006. Restait un atout à la cassette VHS: l’enregistrement des programmes télé chez soi. Las, l’apparition des lecteurs-enregistreurs de DVD et, surtout, ceux dotés d’un disque dur, ont sonné le glas de la cassette VHS, encombrante et offrant une piètre qualité à l’heure de la TNT et des écrans pl...

6 questions sur Zone-telechargement

Quel était ce site ? Zone-telechargement.com était jusqu'à lundi soir l'un des plus gros sites web français proposant de télécharger des contenus numériques illégaux. En grande majorité des films parfois très récents ; des séries télé notamment américaines qui n'étaient pas diffusées en France ; de la musique ; des logiciels et des jeux vidéo. Les séries et les films étaient disponibles en différentes qualités et ceux en langue anglaise étaient sous-titrés grâce à des communautés d'utilisateurs capables de sous-titrer des épisodes de série 24 heures après leur diffusion aux États-Unis. Le site comptabilisait, selon la gendarmerie, en moyenne 140 millions de pages vues par mois et 11 000 téléchargements par jour. La société Alexa affichait Zone-Telechargement à la 11e place des sites les plus visités de France… devant Twitter ! Zone-Telechargement proposait 18 000 films, 2 500 séries télé ; 11 000 documentaires ; 20 943 émissions télé ; plus de 150 000 MP3 mais aus...

D’IBM à OpenAI : 50 ans de stratégies gagnantes (et ratées) chez Microsoft

  Paul Allen et Bill Gates en 1970 à Lakeside School (Seattle). Microsoft naîtra cinq ans plus tard. Auteur inconnu/Wikimedia Par  Frédéric Fréry , ESCP Business School Insubmersible. Même la vague des Gafa n’a pas vraiment atteint Microsoft. Cinquante ans après sa création, soit une éternité dans le monde de la tech, la firme de Bill Gates et Paul Allen est toujours là et bien là. Retour sur ce qu’on appelle outre-Atlantique, une success-story avec quelques échecs. Cette semaine, Microsoft fête ses 50 ans. Cet article a été écrit sur Microsoft Word, à partir d’un ordinateur équipé de Microsoft Windows, et il sera vraisemblablement publié sur des plateformes hébergées par Microsoft Azure, notamment LinkedIn, une filiale de Microsoft qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs. C’est dire l’influence de cette entreprise qui, en 2024, a dégagé un bénéfice net de 88 milliards de dollars po...

Écrans et santé oculaire : comment protéger nos yeux à l’ère du numérique ?

Par le Dr Camille Rambaud, co-fondateur de l’Institut Voltaire L’omniprésence des écrans dans nos vies transforme notre manière de travailler, de communiquer et même de nous divertir. Mais ce mode de vie connecté à un coût pour notre santé visuelle. Fatigue oculaire, sécheresse, maux de tête, troubles du sommeil : les symptômes de ce que l’on appelle désormais le syndrome de vision artificielle touchent de plus en plus de personnes, et ce, dès le plus jeune âge. Alors, comment protéger nos yeux sans renoncer aux technologies numériques ? Comprendre les risques : l’impact des écrans sur nos yeux La lumière bleue émise par les écrans numériques est l’un des principaux facteurs incriminés. Bien qu’elle soit essentielle pour réguler notre rythme circadien, une surexposition peut perturber le sommeil et provoquer des lésions oculaires à long terme. De plus, le clignement naturel des yeux diminue significativement devant un écran, ce qui entraîne une sécheresse oculaire accrue. Enfin, la pos...