L'exclusivité de la commercialisation par Orange de l'iPhone, le téléphone vedette d'Apple, n'aura finalement tenu qu'une année au lieu des cinq escomptées par l'opérateur historique et des trois que souhaitait Apple.
En effet, le Conseil de la concurrence a annoncé mercredi qu'il retirait, "à titre conservatoire", l'exclusivité dont bénéficiait Orange depuis le 29 novembre 2007, date de sortie en France du premier modèle de l'iPhone.
"L'exclusivité d'Orange sur l'iPhone est de nature à introduire un nouveau facteur de rigidité dans un secteur qui souffre déjà d'un déficit de concurrence", écrit le Conseil dans sa décision. Cette mesure est prise "à titre conservatoire", c'est-à-dire en urgence, en raison de la période de Noël, propice aux ventes de téléphones mobiles.
Le Conseil de la concurrence avait été saisi par Bouygues Telecom, qui avait déposé plainte car on lui avait "refusé la commercialisation de l'iPhone". Dans un communiqué, Bouygues indique espérer commercialiser l'iPhone "dans les meilleur délais". "Cette décision est une avancée significative au bénéfice des consommateurs qui pourront dorénavant choisir librement : d’une part, leur téléphone mobile parmi l’ensemble de la gamme proposée sur le marché ; d’autre part, leur opérateur en fonction des meilleures offres disponibles", estime Bouygues Telecom.
Après d'intenses négociations en 2007 entre Orange et Apple, notamment sur les royalties que voulait récupérer la firme californienne (peu au fait du modèle économique français et européen) tant sur l'appareil que l'abonnement, l'opérateur de France Telecom avait remporté la mise face à SFR et Bouygues Telecom.
En dépit de chiffres de vente plutôt moyens (150000 iPhone de première génération contre 400000 attendus, mais plus de 450000 iPhone 3G selon Orange), l'engouement général pour l'iPhone, qui a révolutionné l'usage des smartphones avec un écran tactile multipoint en dépit de carences techniques (mauvais appareil photo, pas de vidéo ni de MMS), ne s'est pas démenti.
Surtout depuis la sortie de la version 3G avant cet été. SFR et Bouygues Telecom ont alors proposé des mobiles concurrents : HTC Diamond, Blackberry Bold puis Storm, Nokia N95 puis N96, Nokia E71, Samsung Player addict. Mais le buzz a toujours été trusté par l'iPhone, à tel point que SFR aurait proposé dernièrement à ses plus fidèles clients prêts à partir chez Orange pourt avoir un iPhone de leur payer la différence entre un iPhone nu acheté par leurs soins chez Orange (près de 700€) et un iPhone commercialisé chez Orange (entre 99 et 149€).
Orange fait appel
La décision du Conseil de la concurrence rebat donc les cartes. Mais elle n'est que provisoire et ce mercredi "Orange prend acte de la décision du Conseil de la Concurrence et fera appel de celle-ci devant la Cour d’Appel de Paris", a indiqué la filiale de France Telecom.
"Orange constate que cette décision place la France dans une situation radicalement différente de celle qui prévaut en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne notamment. [...] La décision du Conseil de la Concurrence remet en cause les efforts consentis par Orange pour développer les usages haut débit mobile en France. Il est d’ailleurs paradoxal que l’opérateur ayant le plus de retard dans le déploiement de son réseau 3G soit à l’initiative de cette plainte", expose Orange. "La décision de ce jour est grave. Elle remet profondément en cause l’économie du marché et notamment les partenariats entre opérateurs mobiles et constructeurs au service des consommateurs et de l’innovation."
Reste à savoir si l'iPhone sera effectivement disponible avant Noël chez les autres opérateurs (SFR, Bouygues) ou les opérateurs virtuels (les MVNO comme M6Mobile, etc.). Il devrait s'écouler plusieurs semaines pour qu'Apple soit en mesure de fournir son iPhone aux concurrents d'Orange.