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L’IA au travail : un gain de confort qui pourrait vous coûter cher

Par  Kathleen Desveaud , Kedge Business School L’intelligence artificielle promet un soulagement face à l’ennui des tâches répétitives au travail, mais son usage excessif pourrait entraîner une déqualification progressive et une nouvelle forme de frustration professionnelle. Entre automatisation bénéfique et risque de « travail zombie », comment faire de l’IA un allié du développement des compétences plutôt qu’une source d’appauvrissement cognitif ? L’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur les métiers est un sujet majeur , qui a été traité dans de nombreuses études . Si la question de la disparition des emplois retient souvent l’attention, une autre question de fond mérite d’être considérée : comment ces technologies transforment et transformeront-elles concrètement le quotidien, les compétences et la motivation des travailleurs ? L’IA, un remède contre l’ennui au travail ? L’IA est parfois présentée comme un parfait remède a...

L'offensive de Free aux Etats-Unis : le point de vu de l'Idate


Iliad a déposé une offre à 15 milliards de dollars pour prendre le contrôle à 56,6% de T-Mobile US. Yves Gassot, Directeur général de l'IDATE, donne son point de vue.

Quel est le 'rationale' derrière une telle opération ?
On n'est pas dans le cas typique des synergies associées à une consolidation sur un même marché national. Difficile de tabler sur des synergies rapides et considérables entre un opérateur fixe-mobile en France et un opérateur aux Etats-Unis;
En revanche, le marché US apparaît comme nettement plus attractif que le marché français (sauf à réussir une opération de 'consolidation' en France, mais là le jeu apparaît dans la période bloqué) et même plus attractif que le marché européen (même si on ne peut pas totalement écarter qu'Iliad soit amené à se reporter sur une opportunité en Europe). Quoiqu'il en soit, le secteur est en Europe en net recul: -9% sur 5 ans pour les revenus mobiles sur les 5 principaux marchés européens, versus +29% aux Etats-Unis (cf. graphique). Au-delà du CA, le gap transatlantique existe aussi au niveau des marges (même si elles sont accaparées par les deux leaders aux US) du fait d'une concurrence plus intense en Europe et probablement des effets de taille: les 5 grands marchés européens ont également 4 opérateurs mobiles mais qui sont en moyenne en concurrence sur un marché de 63 millions d'habitants vs. 315 millions. L'opération projetée illustre donc d'abord l'échec actuel de l'Europe des télécommunications et le dynamisme du marché US des télécoms (mais qui se fait sans doute aussi pour une part au détriment du consommateur US)…
Il existe par ailleurs une certaine similitude de profil entre T-Mobile, le plus petit des 4 opérateurs US et Free le dernier arrivé sur le marché français: il faut rattraper un retard de déploiement et notamment de couverture LTE, renforcer son portefeuille de fréquences. Il faut avoir les coûts les plus bas pour garder le maximum d'agilité pour en permanence faire bouger les lignes des tarifs et du positionnement marketing. Sur ce plan la filiale US de Deutsche Telekom rejoint parfaitement le positionnement de Free.
Enfin, Free/Iliad étant plus petit que sa cible tant en taille ($1.6 milliard d'EBITDA vs. $5.7milliards selon les estimations de Bank of America pour 2014), qu'en terme de valorisation ($ 16 milliards vs. $25 milliards), l'opération confirme la disponibilité impressionnante de capitaux comme l'opération de Altice/Numéricable sur SFR l'avait déjà révélée.

Est-ce que l'opération va réussir ?
C'est au premier abord une question qui se pose en termes financiers. Deutsche Telekom (qui contrôle aujourd'hui 66% de T-Mobile) est vendeur d'un opérateur acquis en 2001 et qui lui aura coûté très cher. Mais un vendeur qui peut être retors comme l'a appris AT&T et comme est en train de l'apprendre Sprint… T-Mobile avait conclu en 2011 une vente à AT&T qui avait été finalement refusée par la FCC et la FTC, ce qui avait permis à la filiale de Deutsche Telekom d'empocher 3 milliards USD (plus des fréquences) et de reprendre l'initiative en fusionnant avec MetroPCS, en accélérant le déploiement d' un réseau national LTE et en engageant une stratégie marketing agressive mais coûteuse. Sitôt bouclé la prise de contrôle de Sprint (N°3), le japonais Softbank (qui lui aussi est souvent présenté comme le Free japonais) a lancé son dévolu sur T-Mobile et semble être parvenu à un accord de principe avec Deutsche Telekom. La valorisation que fait Masayoshi Son de T-Mobile est plus élevée et donc plus attractive pour son propriétaire. C'est normal car il s'agit d'une consolidation (N°3 +N°4) avec des effets immédiats sur le degré de concurrence et des économies évidentes dans le déploiement de la 4G et le réseau commercial.
Les Etats-Unis dominent très largement le marché mondial du LTE avec plus de 100 Millions d’abonnés, soit 3 fois plus qu’au Japon, deuxième du classement. La France se place en 6ème position par le nombre d’abonnés.
Mais il ne peut y avoir que l'argument financier qui joue, il y a aussi un contexte qui relève de l'interprétation par les autorités américaines des limites de la consolidation du marché des mobiles. Jusqu'à aujourd'hui SoftBank/Sprint n'a pas réussi à convaincre la FCC et l'antitrust US que revenir à 3 opérateurs nationaux aux Etats-Unis serait à l'avantage des consommateurs. Et ce malgré les nombreuses interventions de Masayoshi Son qui défend l'idée d'un 3ème opérateur 'consolidé', beaucoup mieux armé pour déstabiliser les positions extrêmement fortes de Verizon et AT&T. Si les autorités maintiennent leur réticence, Free a donc une opportunité sérieuse. Toutefois, il pourrait alors devoir affronter d'autres investisseurs, tels Dish Network qui a acquis des fréquences et qui –maintenant que DirecTV semble devoir être intégré par AT&T- doit trouver d'autres solutions en terme de relais de croissance.

Enfin, si l'opération se fait, Free devra réussir ce que T-Mobile a amorcé ces derniers mois, supporter un flux de trésorerie négatif, des investissements de plus de 4.5 milliards par an et une concurrence plus dure. Ce n'est pas partie gagnée surtout vis-à-vis d'acteurs à plus de 100 millions d'abonnés comme Verizon et AT&T qui alignent avec une grande régularité des résultats financiers impressionnants. Jusqu'alors et malgré son agressivité, T-Mobile n'a réussi qu'à les égratigner. Ce qui est particulièrement cuisant pour Masayoshi Son, c'est que c'est Sprint qui dans cette phase ambiguë d'annonce de fusion avec T-Mobile a le plus souffert de l'agressivité de… T-Mobile ! Free/T-Mobile pourrait certes poursuivre sa croissance au détriment de Sprint. Mais, 1/ d'une part, Sprint qui n'a pas versé dans la "guerre des prix" ces derniers mois pourrait jouer son va-tout en réagissant brutalement ; 2/ On pourrait aussi voir à cette occasion se concrétiser l'hypothèse d'un investissement de Dish (N°2 de la DBS) dans les mobiles, cette fois sur Sprint, ou bien encore s'opérer un rapprochement du géant du câble Comcast (en cours de fusion avec Time Warner Cable) avec Sprint (à travers un accord MVNO complétant l'impressionnant parc Wifi des leaders du câble). L'attribution à l'automne de fréquences (bandes AWS3), puis les enchères sur celles du second dividende numérique (bande des 600MHz) prévues pour 2015 constituent aussi des occasions de transformation du marché sans que l'on sache encore définitivement si la FCC va donner clairement l'avantage dans la procédure aux plus petits des opérateurs.

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