Les téléphones permettent de communiquer avec des personnes qui ne parlent pas notre langue et dont nous ne parlons pas la langue. Maxx-Studio / Shutterstock Par Pascual Pérez-Paredes , Universidad de Murcia Est-il encore utile d’apprendre des langues étrangères quand on dispose de smartphones équipés de traducteurs automatiques ? Si cette hypothèse inquiète, il semblerait que l’intelligence artificielle ouvre aussi de nouvelles pistes pour s’initier à différentes langues. En 2024, la société Open AI , spécialisée dans l’intelligence artificielle, a présenté GPT4-o, un nouveau grand modèle de langage capable de « raisonner » et d’interagir avec du texte, des images et des sons. Dans l’une des vidéos diffusées après ce lancement, on voit deux personnes sur leur téléphone portable qui demandent à GPT4-o de les écouter et de traduire leurs échanges de l’anglais à l’espagnol ou de l’espagnol à l’anglais, de sorte que
Une étude menée par Opinionway [lien PDF] pour le compte de Zengularity met en lumière la dualité du rapport que les Français entretiennent avec le numérique. L'évolution sans précédent des technologies ces dernières années a entraîné un changement des modes de consommation de l'informatique et la multiplication des outils numériques associés. Il est possible de parler d'une forme de boulimie tant l'ampleur du phénomène est important. Aujourd'hui, les technologies sont intégrées dans tous les domaines du quotidien et s'en passer peut se révéler inenvisageable voire impossible.
Des Français techno-dépendants
Selon les conclusions de l'étude, 85% estiment que les Français sont dépendants des technologies et cette dépendance a un réel impact tant sur notre vie professionnelle que personnelle. En effet, le sentiment général est que les nouvelles technologies accentuent le rythme et la pression de la vie quotidienne.
L'engouement pour des phénomènes numériques éphémères (Pokémon Go, selfies, foodporn.) interpelle 83% des personnes interrogées, qui ont le sentiment de ne pas comprendre l'attrait pour ces nouvelles pratiques. A cela s'ajoute, pour 68% des sondés, une pression sociale pour acquérir les dernières nouveautés en matière d'appareils connectés. De même, les personnes interrogées font part de leur perte de repères face à la rapide mutation de ces technologies : 84 % ont le sentiment qu'elles évoluent trop rapidement et qu'il devient difficile de les suivre.
Cette dépendance se traduit aussi dans le milieu professionnel, 57% déclarent ne pas réussir à se déconnecter de leur travail en dehors des horaires du bureau. Pire, le plus souvent dans le monde du travail la présence des appareils numériques contribue à créer du stress supplémentaire. Leur efficacité est également remise en cause : pour 84%, le recours à des technologies peut faire perdre plus de temps qu'il n'en fait gagner et 74% des actifs interrogés se sentent angoissées par les sollicitations incessantes des mails ou des notifications.
Ce sentiment de sur-sollicitation rend le « digital detox »très séduisant : 68% des personnes interrogées disent être séduites par cette perspective.
Source d'irritation, omniprésence numérique rime avec dysfonctionnements chroniques
Cette techno-dépendance entraîne donc une utilisation chronique des outils numériques, qui sont désormais omniprésents dans la vie quotidienne. Cette frénésie de consommation numérique évolue de façon exponentielle.Elle s'accompagne invariablement d'une hausse des dysfonctionnements qui deviennent de plus en plus insupportables pour les Français et l'intensité de leur impact est non négligeable :
• La première source d'irritation mentionnée par les Français concerne la perte d'un réseau, qu'il s'agisse dutéléphone ou d'Internet : cette situation a déjà été vécue par près de 90% des personnes interrogées
• Les sites web peu ergonomiques ou peu adaptés sont mis en cause par 88%
• Les sollicitations desapplications, qui cherchent à empiéter sur la vie privée, exaspèrent 84% des interviewés
• Loin de simplifier la vie, 83% des logiciels grand public et 70% des logiciels professionnels ont déstabilisé leurs utilisateurs
• La perte de ses données, au travail ou de documents personnels, a déjà touché 81% des personnes interrogées.
• 81% des Français ont déjà dû gérer des dysfonctionnements lors del'utilisation de bornes tactiles,destinées à fournir des services comme la vente de tickets
• 78% des personnes interrogées ont déjà connu des difficultés lors de l'installationd'un équipement périphérique(imprimante, scanner, photocopieur.),
• 77% des interviewés ont rencontré des problèmes pour effectuer des démarches administratives en ligne.
Le sentiment général est que les nouvelles technologies accentuent le rythme et la pression de la vie quotidienne. Leur efficacité est ainsi remise encause. De même, les personnes interrogées font part de leur perte de repèresface à la rapide mutation de ces technologies. La conclusion est sans appel : 58% des Français déclarent que les nouvelles technologies ne contribuent pas au bonheur, mais a au contraire rendu certaines tâches plus stressantes.
La dualité française face aux nouvelles technologies
Malgré ses aléas,la perception négative qu'ont les Français du numérique et les animosités dont il fait l'objet, force est de constater que dans l'Hexagone, on ne cède pas à la folie passagère appelée « Computer Rage » Outre-Atlantique. En effet, seul 2% des sondés avouent avoir des excès de rage et des réactions viscérales(énervement/ panique/ violence) face aux difficultés rencontrées. Pour 62%, la contribution des technologies à la vie quotidienne est cependant perçue comme positive dans certains cas. 76% desFrançais estiment qu'elles s'avèrent également efficace pour simplifier certaines tâches courantes, comme pouvoir accéder à des services publics enligne.
Cette approche dela technologie démontre que les Français sont en train de rechercher un nouvel équilibre dans un univers régi par le numérique. Entre addiction et autorégulation, l'évolution se fera sans aucun doute par palier et la consommation du numérique telle que c'est le cas aujourd'hui sera non seulement digérée mais également intégrée dans notre ADN. En revanche, demeure un problème majeur : les dysfonctionnements engendrés par les nouvelles technologies qui risquent de faire de cette (r)évolution culturelle un cercle vicieux alors qu'il pourrait être vertueux.