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Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux distractions numériques ?

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Avis de l'Anses sur la 5G : sans surprise, l'agence estime qu'il n'y a pas de risques sanitaires

5G



L'avis de l'Anses sur la 5G était évidemment très attendu. Après un rapport intermédiaire en janvier, celui qui vient d'être publié ce 20 avril est sans surprise : il n'y a "pas de risques nouveaux pour la santé au vu des données disponibles", estime l'Agence. 

Risques pour la santé "peu probables", mais lancement d'une nouvelle concertation

"Dans la continuité de ses travaux d’expertise sur radiofréquences et santé, et sur la base des données scientifiques disponibles à ce jour, l’Anses estime peu probable que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquences 3,5 GHz présente de nouveaux risques pour la santé. Pour la bande de fréquences 26 GHz, les données ne sont, à l’heure actuelle, pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires", explique l'agence, qui souligne "la nécessité de poursuivre les recherches et de suivre en particulier l’évolution de l’exposition des populations à mesure de l’évolution du parc d’antennes et de l’augmentation de l’utilisation des réseaux." L'Agence va ainsi lancer "une consultation publique afin de recueillir des commentaires éventuels de la communauté scientifique et des parties prenantes intéressées." Celle ci accessible ici  se tiendra jusqu'au 21 juin.

D'un côté, l'agence estime que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquences 700 MHz-2,1 GHz est largement couvert par des expertises antérieures de l’Anses. "A ce jour, les opérateurs ont principalement déployé la 5G dans la bande 700 MHz – 2,1 GHz. Cette bande, inclut des fréquences utilisées depuis plusieurs années par les générations actuelles de communication mobile, 2G, 3G et 4G." Quant au déploiement de la 5G dans la bande 3,5 GHz, l'Agence estime qu'il y a des risques sanitaires nouveaux peu probables. "Le réseau de téléphonie mobile 5G dans la bande de fréquences autour de 3,5 GHz est ouvert commercialement depuis peu en France. L’exposition aux champs électromagnétiques qui en résulte n’est aujourd’hui pas représentative de ce qu’elle sera dans le futur."

Enfin, le déploiement d’applications 5G dans la bande de fréquences autour de 26 GHz étant encore à l’état de projet, l'Anses estime qu'il peut y avoir une exposition "des couches superficielles de la peau ou de l'œil." Les simulations disponibles laissent présager des niveaux d’exposition faibles. Pour autant, à l’heure actuelle, les données ne sont pas suffisantes pour conclure à l’existence ou non d’effets sanitaires liés à l’exposition aux champs électromagnétiques dans la bande 26 GHz."

Satisfaction des opérateurs et du gouvernement

L'avis de l'Anses qui intervient alors que plus de 30000 antennes 5G sont déjà déployées et que les offres commerciales sont déjà là, satisfait les opérateurs. 

"La Fédération Française des Télécoms et ses membres Bouygues Telecom, Orange, SFR, saluent l’importance et la richesse du travail mené par l’Anses dans son avis. Nous retenons que l’Anses confirme que la 5G ne présente pas de risque spécifique pour la santé, dans les fréquences actuellement utilisées.  Nous soulignons par ailleurs que le comité d’experts de l’Agence se prononce de manière claire sur les principales questions biologiques et sanitaires posées par le déploiement de cette nouvelle technologie.  Ces conclusions rejoignent celles des vingt autres autorités sanitaires internationales qui ont déjà pris position positivement sur le sujet (ICNIRP, OMS, Allemagne, Pays Bas, Royaume Uni, etc. ...)" a réagi la Fédération française des télécoms qui "se félicite aussi que le rapport de l’Anses* pointe l’utilité sociale et économique du déploiement de la 5G. 

"Les conclusions de l’Anses sont nécessaires et rassurantes, elles doivent désormais être largement et rapidement relayées auprès des élus et citoyens pour un déploiement, dans un climat apaisé, de cette technologie au service du développement de notre pays. La 5G n’est pas un danger ! Ce n’est pas moi qui le dis mais l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire", a expliqué Nicolas Guérin, président de la Fédération Française des Télécoms.

Du côté du gouvernement, qui a autorisé le déploiement sans attendre l'avis de l'Anses - ce que demandaient nombre de municipalités de gauche et écologistes - Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé et Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques ont pris acte de l'avis de l'Anses et s'en félicitent.

"Tout déploiement d’une nouvelle technologie, pour être accepté, nécessite d’être soutenu par la réalisation d’études sanitaires et environnementales documentées. C’est le travail que nous avons engagé d’une part avec l’Anses sur les bandes 700 Mhz et 3,5 GHz et que nous allons poursuivre avec la bande 26 GHz, non utilisée à ce jour. C’est aussi l’enjeu de la feuille de route  numérique et environnement", a réagi Barbara Pompili. 

"Le déploiement de réseaux numériques fiables et performants est capital à la fois d’un point de vue économique, pour assurer la compétitivité des entreprises françaises, et d’un point de vue humain, pour lutter contre la fracture numérique qui isole nombre de nos concitoyens. Les travaux de l’Anses et de l’ensemble de la communauté scientifique doivent se poursuivre, pour un déploiement vigilant et responsable de cette technologie", a rajouté Bruno Le Maire. 

"Le Gouvernement apporte une attention renforcée à l’évolution des niveaux d’exposition de la population et est très attentif aux travaux de recherche concernant la future bande de fréquences 26 GHz. Dans la suite des appels à projets de recherche lancés annuellement par l’Anses, le Gouvernement soutiendra la mobilisation de la communauté scientifique afin de répondre aux recommandations de l’agence et aux interrogations qui seront formulées lors de la consultation publique lancée ce jour", a indiqué Olivier Véran, tandis que Cédric O a estimé que "les conclusions de l’Anses publiées aujourd’hui confortent notre décision d’autoriser le déploiement de la 5G et l’approche rigoureuse dont nous faisons preuve en matière de contrôle de l’exposition aux ondes. La recherche sur les effets sanitaires cette technologie doit se poursuivre et s’intensifier."

Les associations très dubitatives

"La présentation du rapport de l’Anses sur la 5G met en évidence la stupéfiante incertitude accompagnant le déploiement de ce nouveau standard de téléphonie mobile. Les experts de l’Anses posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses concrètes", estime l'association Priartem, qui met en évidence d'autres parties de l'avis d l'Anses. "Alors que l'Agence nationale des fréquences (ANFr) a autorisé, ces six derniers mois, pas moins de 32023 antennes relais 5G, que le gouvernement a lancé les procédures d'attribution des fréquences de la cinquième génération de téléphonie mobile fin 2019, l'Anses confirme que le niveau d’exposition augmentera de 30% avec l’arrivée de la 5G", indique Priartem, estimant que "mélangent vitesse et précipitation, le gouvernement a préféré passer en force et ce sans attendre les résultats des expertises engagées, tant du point de vue de l'impact climatique que sanitaire. A défaut d'objectiver la controverse, le président de la République a préféré manier l'insulte et la caricature, renvoyant les opposants à la 5G à leurs Amish et leur lampe à huile." 

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