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Le projet iCRIME : recréer virtuellement une scène de crime pour aider les enquêteurs et les magistrats à établir la vérité

  Par  David Brutin , Aix-Marseille Université (AMU) Dans les enquêtes criminelles, chaque détail compte. Une trace de sang, l’angle d’un impact, la position d’un corps : tous ces éléments peuvent changer la compréhension d’une scène de crime. Pourtant, malgré les avancées technologiques en matière de criminalistique, les enquêteurs, les magistrats ou les jurés restent encore trop souvent confrontés à des difficultés majeures (difficile représentation d’une scène 3D pour les jurés, scène de crime originelle altérée, impossibilité de reconstitution) lorsqu’il s’agit de reconstituer des faits sanglants, par nature complexes.  C’est ce constat qui a conduit à la naissance du projet iCRIME , que je porte, un programme de recherche pluridisciplinaire financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR), visant à transformer notre manière d’aborder les scènes de crime sanglantes grâce aux outils de la simulation numérique et de la réalité virtuelle. Dans le c...

L’IA : nouvelle arme forte dans l’investissement technologique des États

IA


Par Philippe Peter, Directeur, Spécialiste IA chez Sprinklr

La bataille de l’IA est lancée. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a fait prendre au sujet une forte envergure géopolitique. D’autant plus qu’avec l’arrivée de DeepSeek et l’investissement initial de 100 milliards de dollars dans le projet Stargate, la guerre technologique est officiellement lancée. Dans cette course effrénée à l’IA, alors que les États-Unis et la Chine intensifient leurs implications, la France compte bien tirer son épingle du jeu en restant au cœur des conversations. À l’occasion du récent Sommet pour l’action sur l’IA engagé à Paris, les nombreuses annonces d’Emmanuel Macron ont illustré la volonté de la France de se positionner en leader européen de l'intelligence artificielle, en misant sur des investissements stratégiques et des partenariats internationaux. Notamment un plan d'investissement de 109 milliards d'euros, soutenu par des partenaires privés et internationaux, un projet ambitieux de développements d’infrastructures de centres de données dédié à l'IA - évalué entre 30 et 50 milliards d'euros - ainsi qu’une attention particulière à la formation accrue des jeunes aux technologies de l’IA.

La France doit donc relever plusieurs défis pour limiter sa dépendance aux fournisseurs de cloud étrangers et consolider sa souveraineté numérique.

Dans ce contexte, nul doute que l’année 2025 marquera une période de bouleversements majeurs pour les entreprises, les utilisateurs et les forces économiques au niveau mondial.

Une technologie, deux modèles d’IA : des économies à couteaux tirés

Les avancées en matière d’IA sont souvent regardées avec le spectre du respect de la vie privée et donc des données personnelles permettant d’alimenter des modèles toujours plus puissants. Comme cela avait pu être le cas pour le Cloud, et la régionalisation des data centers pour mieux rassurer les entreprises responsables des données hébergées de leurs clients, l’IA se doit de gagner la confiance sur ce front. Il est désormais temps d’aborder le cœur du sujet : À qui accorder notre confiance en matière de développement de l’IA ? Il en est de même pour d’autres secteurs dont l’automobile par exemple, où ces deux super économies s’affrontent sans relâche, en omettant dans un premier temps que d’autres territoires sont amenés à utiliser également ces technologies, voire également à innover, et dans un second temps, que la législation se penchera tôt ou tard sur le sujet.

La question éthique dans l’innovation de l’IA devrait être primordiale. Comment faire puisque ces modèles deviennent toujours plus puissants grâce au grand nombre d’utilisateurs qui les alimentent ? Idéalement, chaque entreprise qui souhaite adopter une approche orientée vers l’extérieur doit se poser la question suivante « L’approche choisie surprendra-t-elle et satisfera-t-elle l’utilisateur final ? ». Si dans les faits, les innovations qui rencontrent un fort succès telles que ChatGPT ou DeepSeek ravissent les utilisateurs très vite, la question autour de la protection des données reste omniprésente. Alors que DeepSeek repose sur un modèle open source, ChatGPT reste un modèle propriétaire, limitant la transparence sur son fonctionnement. Ce type de modèle soulève donc des interrogations sur les biais potentiels et les risques liés à son utilisation pour les utilisateurs.

Vers la possibilité d’une IA universelle diverse et éthique ?

Le monde est divers et les attentes selon les cultures peuvent différer. Aujourd’hui, cette techno-guérilla prend des ampleurs inédites. Donald Trump déclarait que Stargate était « le projet le plus important de cette époque » avec un investissement initial de 100 milliards de dollars et 400 milliards supplémentaires sur les 4 prochaines années, pendant que l’entrepreneure chinoise Jennifer Zhu Scott rétorquait que les américains étaient « des gosses de riches qui se sont fait doubler par des gosses de pauvres » au sujet de l’explosion de DeepSeek vs ChatGPT. Comment apaiser les propos dans ce contexte tendu ? Car après le temps de l’innovation et de l’explosion vient celui de la pérennité. Tant d’avancées prometteuses sont par le passé retombées, se heurtant à la réalité de notre époque, comme le Metaverse par exemple.

On connaît aujourd’hui la règle des principes qui permettent de bâtir une culture d’IA éthique, à savoir la confiance dans les modèles utilisés et le développement des technologies, l’intégrité en visant à protéger à tout prix la vie privée des consommateurs puis sécuriser leurs données, et bien sûr les partenariats extérieurs afin d’éviter justement des fonctionnements opaques, et d’être soupçonnés de complaisance avec un état par exemple.

Une nouvelle ère industrielle qui va redessiner l’avenir économique du monde

Près de 240 ans après la première révolution industrielle qui a vu naître la mécanisation, la décennie 2020 semble accélérer celle de la personnalisation et de l’humanisation des technologies, ainsi que l’objectif des services rendus et vendus. À cheval entre ce besoin d’individualité et de réunir les communautés, tout en étant de plus en plus respectueux de l’environnement, l’industrie se dirige petit à petit vers sa prochaine révolution, celle qui devrait selon les prédictions, produire des technologies et des matériaux qui fonctionnent conjointement avec la nature, grâce aux matériaux organiques et l’intelligence écosystémique. Mais rien ne sert d’aller plus vite que la musique. Et pour y arriver, il faut se concentrer sur le présent pour ne pas commettre des erreurs qui pourraient freiner, voire orienter l’avenir dans le mauvais sens.

Passée l’euphorie de l’innovation qui souffle sur les marchés, la réglementation s’invitera rapidement dans le jeu. Bien qu’il soit difficile de réguler des nouvelles technologies, d’autant plus qu’elles évoluent constamment, il est nécessaire de considérer cet aspect. Les entreprises pourraient devenir de plus en plus méfiantes à l’idée d’utiliser des données lorsqu’elles voudront entraîner leurs modèles d’IA. Et qu’en est-il de celles qui en utilisent sans qu’aucune réglementation ne soit passée par là ?

L’avenir nous en dira plus, mais il est quasiment sûr que nous assisterons bientôt à un marché éthique des données, voire à la création de données synthétiques pour construire des modèles qui pourraient devenir plus courants.

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