Face aux ingérences étrangères, à la désinformation en ligne et à la fragilisation du débat public, l’Union européenne dévoile son « Bouclier européen de la démocratie ». Articulée autour d’un centre dédié à la résilience démocratique et d’un arsenal pour encadrer les plateformes, cette stratégie entend protéger les institutions tout en renforçant la participation citoyenne.
Alors qu’Emmanuel a appelé, mercredi au siège de La Dépêche du Midi, à « sonner le tocsin » contre les réseaux sociaux et leurs algorithmes qui minent les démocraties et sont utilisés lors de certaines opérations d’influences étrangères, l’Union européenne agit aussi. Face aux offensives informationnelles et au recul de la confiance civique, elle tente de bâtir un rempart démocratique à la hauteur des menaces.
Le « European Democracy Shield » (Bouclier européen de la démocratie), présenté par la Commission et le Haut Représentant, se veut justement cette architecture : un dispositif pensé pour protéger les institutions, assainir l’espace public et réancrer les citoyens au cœur du projet européen.
L’initiative part du constat lucide que la démocratie européenne est fragilisée. Multiplication des ingérences russes, montée des extrémismes, vulnérabilité du débat public aux manipulations numériques, transformations rapides induites par l’IA… Autant de dynamiques qui minent la capacité collective à débattre, délibérer, décider.
Stratégie globale mêlant prévention, protection et participation
D’où l’ambition d’une stratégie globale, mêlant prévention, protection et participation. Sa pierre angulaire sera un Centre européen pour la résilience démocratique, chargé de coordonner les États membres, d’anticiper les menaces et d’alerter en cas d’opérations de désinformation. Ce hub doit devenir la passerelle entre institutions, chercheurs, ONG et médias, afin d’unifier des efforts jusqu’ici dispersés. Le second pilier vise l’intégrité de l’information : protocole de crise DSA, encadrement des plateformes, détection des deepfakes, extension d’EDMO, réseau européen de fact-checkers. Un arsenal destiné à sécuriser un espace public saturé d’algorithmes et de contenus manipulés.
La stratégie touche également les institutions démocratiques, en renforçant la cybersécurité électorale, la transparence de la publicité politique et la coopération au sein du réseau ECNE. Et, plus en profondeur, elle entend réhabiliter la participation citoyenne : éducation civique, littératie médiatique, civic tech, initiatives locales pour recréer du lien.
« L’Union européenne doit relever les défis croissants que représentent les ingérences malveillantes »
« Aujourd’hui plus que jamais, l’Union européenne doit relever les défis croissants que représentent les ingérences malveillantes pour les processus démocratiques et renforcer la résilience de la société et des institutions. C’est pourquoi je me réjouis de la publication, enfin, de la communication très attendue de la Commission sur le Bouclier européen de la démocratie », a réagi l’eurodéputée (Renew) Nathalie Loiseau, présidente du Comité spécial sur le Bouclier européen de la démocratie (EUDS).
« Forte de son large mandat, la commission va maintenant entamer un examen approfondi de cette communication. La première étape consistera à accueillir le commissaire Michael McGrath afin qu’il puisse échanger avec nos membres sur les intentions et le contenu de cette communication. Je suis convaincue que cette communication constitue un premier pas positif et nécessaire vers une Union démocratiquement résiliente. Le rapport du Parlement européen sur le Bouclier européen de la démocratie viendra s’appuyer sur ces travaux », rajoute l’ancienne ministre française des Affaires européennes.
Michael McGrath, commissaire chargé de la Démocratie, de la Justice, de l’État de droit et de la protection des consommateurs, présentera le plan et en discutera avec les députés européens au sein de la commission spéciale EUDS lundi 24 novembre.
