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Avec « Osez l’IA », la France veut transformer l’intelligence artificielle en levier concret pour ses entreprises

En annonçant le plan national « Osez l’IA » ce 1er juillet, Clara Chappaz, ministre déléguée à l’Intelligence artificielle et au Numérique, n’a pas déclenché une révolution, mais acté une inflexion majeure : celle du passage à l’échelle. La France s’était dotée, dès 2018, d’une stratégie nationale ambitieuse issue du rapport Villani, posant les bases d’un écosystème de recherche performant, d’un financement public structurant et d’une régulation éthique. Une décennie plus tard, avec 1 000 start-up dans le domaine, un supercalculateur de pointe (Jean Zay) et des leaders comme Mistral AI, le socle est posé. Mais l’adoption reste lacunaire. En 2025, seules 13 % des PME utilisent réellement une solution IA. Le plan « Osez l’IA » veut inverser cette tendance. Ce plan s’inscrit dans le sillage de France 2030, qui a déjà engagé plus de 2,5 milliards d’euros pour soutenir l’intelligence artificielle. Il s’appuie également sur les enseignements du rapport de Bpifrance Le Lab (« L’IA dans les PM...

Encyplopédies : la guerre des mots

Qui va détrôner Wikipédia, l'encyclopédie gratuite vedette sur internet ? La guerre fait rage entre les éditeurs traditionnels comme Britannica, Universalis, Larousse et les acteurs d'internet comme Citizendium et l'omniprésent Google. La vénérable maison Larousse vient de se lancer dans la bataille mardi dernier avec une initiative originale qui pourrait faire mouche. Depuis le 13 mai, en effet, le site larousse.fr propose d'une part d'accéder gratuitement aux 150 000 articles et aux 1 000 médias (photos, dessins, animations) de l'encyclopédie française ; et d'autre part affiche des contenus proposés par les internautes (après inscription). Réunis au sein d'une interface unique, ces deux types de données sont clairement identifiés et séparés.

De ce fait, Larousse porte le fer dans le talon d'Achille de Wikipédia : la fiabilité.

Certes, l'encyclopédie n° 1 mondiale aux 10 millions d'articles (658 751 en français hier) peut toujours arguer que plusieurs études attestent de sa crédibilité. La revue scientifique « Nature » en 2005 avait ainsi relevé 3,86 erreurs par article chez Wikipédia contre 2,92 pour l'encyclopédie Britannica. Et l'institut MIT de Boston a récemment démontré qu'une obscénité postée sur Wikipédia était éliminée en mois de deux minutes. Mais cela ne suffit pas.

Couacs et bidouillages

Les couacs et les bidouillages de ceux - sociétés ou hommes politiques - qui modifient à leur avantage leur fiche sur Wikipédia incitent à se méfier de l'encyclopédie vedette. Wikipédia a compris le risque et contrairement à ses débuts verrouille tout ou partie de certains articles (Nicolas Sarkozy, Israël par exemple). Un outil externe (le Wikiscanner) permet en outre de savoir qui a modifié tel ou tel article… Mais le doute sur la fiabilité subsiste.

Larry Sanger, cofondateur de Wikipédia, a quitté le navire pour lancer Citizendium. Cette encyclopédie collaborative reprend le principe de fonctionnement de Wikipédia mais chaque article proposé est soumis à un collège d'experts et surtout l'anonymat des rédacteurs est proscrit. Une démarche légèrement différente de celle de Larousse, qui n'entend pas valider les contributions qu'elle recevra pour sa section collaborative.

250 langues

Le succès de fréquentation de Wikipédia (100 millions de visiteurs par mois) a également titillé le géant Google qui a dans ses cartons lui aussi un projet d'encyclopédie baptisée Knol (inspiré du mot Knowledge, connaissance) financé par la publicité.

Si l'initiative de Larousse est louable et a d'ores et déjà rencontré le succès - son site était difficilement accessible ces jours-ci - Wikipédia conserve une réelle longueur d'avance sur tous ses concurrents. Multilingue (250 langues), gratuite, simple d'utilisation, l'encyclopédie bénéficie de l'importante communauté Open Source des logiciels libres mais est aussi le fer de lance d'une galaxie de sites et de services (dictionnaire, citations, livres, etc.) qui fait sa force.


Le papier fait de la résistance

Face au foisonnement sur internet, les encyclopédies papier traditionnelles ont mis du temps à réagir, de grès ou de force. Face à la chute vertigineuse de ses ventes (200 000 en 2006, 100 000 en 2007), Le Quid a jeté l'éponge. Pas de version papier en 2008 mais une version internet gratuite (www.quid.fr). Les encyclopédies de référence Universalis et Britannica se sont longuement interrogées sur le maintien ou non d'éditions papier, leur préférant des versions sur CD ou DVD-Rom. Mais les galettes ne permettent pas l'interactivité et la mise à jour possibles via internet. Universalis propose donc une version en ligne payante et des passerelles entre DVD et internet. Britannica a décidé de s'ouvrir gratuitement aux webmasters, journalistes et internautes. L'opération baptisée Webshare vise pour Britannica à profiter de la visibilité que peuvent avoir sur la Toile les blogeurs qui auront la possibilité de créer des liens de leur blog vers le site web de Britannica. Ce lien entre blogs et encyclopédie en ligne est également une piste explorée par Larousse. Les encyclopédies papier ont tout intérêt à investir le net car Wikipédia... fait le chemin invers. La version allemande va, en effet, publier chez Bertelsman une édition papier de Wikipédia en septembre prochain.

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